Rien ne s’oppose à la nuit

" La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d'explication est vouée à l'échec. L'écriture n'y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire.

La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j'ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l'ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence.

Le livre, peut-être, ne serait rien d'autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. "

L'histoire

Rien ne s'oppose à la nuit est le récit d'une enfance difficile à travers les yeux de Delphine de Vigan, un portrait en hommage aigre doux à sa mère, ses difficultés, ses faiblesses, ses quelques forces. Dans ces quelques pages, Delphine retrace le chemin d'une femme hors du commun qui traverse autant qu'elle peut les affres de la vie. C'est l'histoire d'une famille pas comme les autres et en même temps semblable à toutes dans ses écueils, ses réussites, ses souvenirs. Le portrait touchant d'une mère, d'une enfance.

Le style

Delphine de Vigan décrit son enfance sans ambages, sans concessions au temps qui passe, aux faiblesses de cette femme qui se bat autant qu'elle peut, qui survit malgré tout. Une écriture parfois dure, mais toujours très douce. Malgré les reproches qu'elle peut adresser à sa mère, dans l'écriture transparait aussi tout l'amour qu'elle lui a porté, et un adieu inoubliable.

" Le réveil est horrible. Le moment où je passe de l'inconscient au conscient est un déchirement. "