La Classe de neige d’Emmanuel Carrère

La Classe de neige d’Emmanuel Carrère

La Classe de neige d’Emmanuel Carrère,

   Publié aux éditions GF-Flammarion,

   2015, 188 pages.

Dès le début de cette histoire, une menace plane sur Nicolas. Nous le sentons, nous le savons, tout comme il le sait, au fond de lui-même l’a toujours su. Pendant la classe de neige, ses peurs d’enfant vont tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d’où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l’instrument, nous savons que quelque chose est en marche. Quelque chose de terrible, qui ne s’arrêtera pas.

J’ai reçu ce roman comme spécimen au collège. Il a eu le mérite de me faire découvrir la plume d’Emmanuel Carrère et j’ai plus qu’adhéré. C’est un coup de cœur pour ce tout petit roman à la fois mystérieux, envoûtant et terrifiant!

Tout commence avec Nicolas. C’est un petit garçon d’une dizaine d’années qui participe pour la première fois à une classe de neige avec son école. Nicolas est un garçon timide et fragile. On comprend vite qu’il a été élevé dans une ambiance étrange aux côtés d’une mère soumise et craintive et d’un père tout puissant, souvent absent à cause de son travail.

Ce père apparaît dès le début comme mystérieux. Nicolas le craint autant qu’il l’admire. D’ailleurs le petit garçon n’hésite pas à inventer des histoires farfelues à son sujet qu’il raconte ensuite à ses camarades. Tantôt son père est un père tout à fait normal, tantôt c’est un espion, un agent secret.

La relation père-fils est assez bizarre et m’a beaucoup intriguée. Au fur et à mesure que progresse l’intrigue, j’ai même été mal à l’aise car l’auteur parvient à distiller une sorte de doute, de malaise insidieux qui se fait jour petit à petit dans l’esprit du lecteur.

Le roman bascule ainsi d’un simple récit d’une classe de neige à une histoire plus sombre même terrifiante. Les éléments étranges s’enchaînent petit à petit. Il y a d’abord l’oubli de la valise de Nicolas dans le coffre de la voiture et ce père qui ne revient pas en arrière pour la lui rapporter; il y a ensuite ses drôles de crises de Nicolas qui se met à divaguer seul, la nuit, dans la neige. Et puis, il y a cet enlèvement d’enfant qui ouvre la porte à toutes les hypothèses, tous les fantasmes.

Petit à petit, on est happé par le mystère et si l’on soupçonne bien vite l’issue du roman, on en reste pas moins terrifié!

La Classe de neige est un roman dont le suspens et la tension montent crescendo. En une centaine de pages, l’auteur instille le doute à son lecteur. Impossible de décrocher de cette lecture sans en connaître le fin mot! Une belle découverte pour moi qui m’amènera à me pencher sur le reste de l’œuvre de l’auteur. Le roman a d’ailleurs été adapté au cinéma par Claude Miller et a reçu le prestigieux prix du jury au festival de Cannes.