Comme un feu furieux de Marie Chartres

Comme un feu furieux de Marie ChartresQUATRIÈME DE COUVERTURE :

Tout au nord de la Sibérie, au bord de l’Arctique, se trouve Tiksi : une ville dont la moitié des habitants sont partis. Que reste-t-il à présent ? Des maisons vides, la mer de glace, les jeux dans la neige, la magie des aurores boréales et de vieux hommes qui se souviennent de tout et parlent par énigmes.
Mais il y a aussi Lazar, l’enfant qui ne trouve pas le sommeil.
Et Gavriil, le poète qui ne parle plus.
Et puis il y a moi, leur sœur, Galya Bolotine, qui me débats avec ma silencieuse colère et mes rêveries océaniques. Moi qui voudrais comprendre ce qui se joue sous le ciel noir. Espérant le retour du brise-glace majestueux qui nous emporterait loin de cette étouffante immensité.


MA NOTE FINALE : 17.5/20

SCÉNARIO ET PERSONNAGES : 3.5/5
ECRITURE : 5/5
ORIGINALITÉ : 5/5
LE LIVRE EST-IL ADDICTIF ? 4/5

Après avoir abandonné en cours de lecture Les Autodafeurs, un livre que j’avais peu aimé à cause de sa fausse efficacité et son manque d’originalité, rien ne vaut un bon vieux texte poétique (qui m’avait attiré au salon du livre pour sa, disons-le, magnifique couverture) comme L’école des Loisirs sait très bien les choisir. Comme quoi, moi qui me tourne de plus en plus vers la littérature adulte, les livres jeunesse sont encore parfaitement aptes à bluffer des lecteurs (je n’ai jamais perdu cette conviction !).

Marie Chartres nous expose, dans Comme un Feu Furieux, ou plutôt nous fait ressentir les émotions d’une jeune adolescente prisonnière de sa ville arctique, Tiksi. Prisonnière de tout en quelque sorte, de sa mère morte, de son frère muet, du sombre de sa maison.

A mi-chemin entre récit initiatique, recueil de poèmes, récit magique, récit d’aventures, ce roman est avant tout une oeuvre qui se distingue par sa force poétique ancrée à la fois dans un moment présent très fort et dans le passé et le futur. Le mot « parfait » ne conviendrait pas à ce roman qui ne cherche en rien à être superbement captivant ou abouti mais qui est plutôt sobre et modeste. Mais pourtant je ne peux pas m’empêcher de penser que dans Comme un Feu furieux tout est magnifique. Il y a une certaine maturité et une certaine justesse dans la description de l’auteure de ce monde qui nous est inconnu : le froid et la nuit de la Russie..

Chaque personnage a sa part de mystère, car Marie Chartres est très avare de descriptions physiques (la 1ère personne en narration l’est souvent) mais est paradoxalement plutôt abouti, car on le comprend grâce à la plume fine, distinguée et pourtant claire et directe de l’auteure. On est complètement happés par l’univers de Gavriil, ce grand frère qui est trop bouleversé pour former des phrases, de Lazar, son contraire, celui qui pose des questions à tue-tête pour repousser son chagrin de petit garçon qui a perdu sa maman, par celui de la protagoniste qui parle de ses rêves, partir et quitter à jamais ce noir, du vieillard édenté qui épluche ses légumes, d’une frappante justesse; et aussi et surtout par la ville, tout simplement, et ses maisons mourantes.

Pour résumer, s’il est possible de résumer ce qu’on ressent à la lecture d’un tel livre, Comme un Feu Furieux est un roman qui se veut pour lecteurs jeunesse mais qui sera compris par quiconque captera l’extraordinaire justesse et modestie de son écriture (le roman est entrecoupé de très beaux poèmes, peut-être les plus beaux que j’ai jamais lu), de son histoire, de son univers, de ses personnages et des thèmes qu’il aborde comme le deuil et la reconstruction.


Le moral dans les pieds
Je me cire un peu l'âme et les chaussures
Avant d'entrer
Dans l'éternité
La peur d'avoir loupé
Des printemps en sirop et
Des automnes en confiture

Sous une pluie d'étoiles brille la lune
Et sur ma planète blanc et bleu
La vie se dépêche
Comme une dame sous la pluie
Mes nuits commencent à ressembler à des petits comas en boucle
L'avenir me pend
Au bout du nez
J'irais bien me moucher
Dans tes nappes à carreaux