Trouvé par hasard en occasion chez Gibert, le livre Madame Hemingway est une biographie romancée écrite par Paula McLain. Je me suis plongée dedans il y a peu.
Le film Minuit à Paris de Woody Allen a véritablement su mettre en exergue le fait qu'un véritable mythe se soit créé autour des auteurs américains habitant le Paris des années 20 ; Francis Scott Fitzgerald, Gertrude Stein et Ernest Hemingway sont notamment quelques uns d'entre eux. Mais comme « derrière chaque grand homme il y a une femme », leurs épouses et leurs maîtresses font elles aussi partie de ce mythe. Madame Hemingway va dans ce sens puisque Paula McLain nous montre dans ce roman la vie de la première épouse d'Ernest Hemingway, Hadley Richardson. Si son enfance et sa vie familiale sont brièvement abordés dans ce roman, c'est surtout sa relation avec Ernest Hemingway qui est au cœur de celui-ci : leur rencontre, leur mariage, leur vie ensemble...
Qui est vraiment le héros de ce livre ? Est-ce Hadley ou Ernest Hemingway ? La question pourrait être pertinente étant donné la double contradiction qu'on trouve dans ce roman : d'un côté, en intitulant son livre Madame Hemingway, Paula McLain nous montre que l'existence d'Hadley dépend de celle d'Ernest : elle n'a pas de prénom, n'est que « la femme de » et semble n'être capable d'exister qu'à travers son mari. Pourtant, la narratrice du roman est bien Hadley : c'est à travers ses yeux à elle qu'on découvre Ernest Hemingway. En d'autres termes, Ernest Hemingway n'existerait pas sans le regard d'Hadley !
« C’est fou ce que nous étions naïfs, ce soir-là. Nous nous cramponnions l’un à l’autre, faisions des promesses impossibles à tenir et que nous n’aurions jamais dû faire. C’est cela aussi, l’amour, parfois. Je l’aimais déjà plus que je n’avais jamais aimé quiconque. Je savais qu’il avait terriblement besoin de moi et je voulais qu’il continue à avoir besoin de moi, pour toujours. » (p.119)Très franchement, je n'ai pas trouvé la personnalité de Mme Hemingway très intéressante. Le côté Paris des années 20 donne à coup sur un côté très glamour et paillettes au livre et au caractère de Hadley, mais si on enlève l'époque et le lieu, Hadley apparaît en fait très ennuyante. En caricaturant un peu, on pourrait dire que c'est juste une vieille fille-femme d'expatriée-femme au foyer dans le pire sens du terme. Elle s'ennuie, souffre de la solitude dans laquelle la laisse souvent Ernest Hemingway et n'a donc pas grand chose à raconter hormis ses inquiétudes et son malaise. Ce qui était peut-être plus intéressant, c'était de découvrir Ernest Hemingway et son travail d'écrivain à travers les yeux de sa femme. Mais là encore, je n'ai pas vraiment trouvé qu'elle apportait un regard enrichissant sur cela : Hadley reste en effet très admirative et soumise au travail « sacré » de son mari, sans esprit critique.
« L’attente donne à l’œuvre le temps de mijoter jusqu’à être réduite à sa plus simple expression. Ce qui est essentiel, sans compter que la souffrance est utile à tout le processus. » p.205Bien-sûr, la vie d'Hadley n'est pas facile : son mari est infidèle, ne partage pas les mêmes envies qu'elle et est souvent plus préoccupé par l'écriture de son roman que par elle ; mais là où le bat blesse, c'est que Hadley est incapable de quitter Ernest Hemingway. Comme elle le dit elle même, à l'inverse des autres femmes qui l'entourent, elle est incapable d'être moderne et ne peut pas vivre sans Ernest Hemingway. Elle s'accroche à sa conception traditionnelle de l'amour, même si elle en est malheureuse « J’étais censée avoir mes propres idées et ambitions, être terriblement avide d’expérience et de nouveautés de toutes sortes. Mais je n’étais pas avide ; j’étais satisfaite. » (p.280)
Dans une écriture claire et fluide, Paula McLain nous romance ainsi la vie de Hadley Hemingway. Son style est d'ailleurs le point fort du roman selon moi. Tout en simplicité, elle met quand même dans la vie du coupe Hemingway de la poésie, de l'émotion du charme et du clinquant, et c'est un peu ce que l'on recherche lorsque l'on lit la biographie romancée d'une femme d'écrivain : rêver. L'objectif n'est qu'à moitié réussi ici, dommage.
Finalement, Madame Hemingway n'est pas un mauvais roman, mais il n'empêche que je l'ai trouvé assez fade. Son personnage principal est ennuyant voire agaçant, son intérêt assez faible en ce qui concerne le personnage d'Ernest Hemingway et son processus écriture, et l'intrigue est quasiment inexistante. C'est un livre dont je ne vais pas garder un souvenir impérissable et dont j'aurais très bien pu me passer. En revanche, si vous êtes passionnés par le Paris des années 20 et les auteurs américains célèbres de cette époque, c'est surement un livre qui vous plaira plus qu'à moi !
Etes-vous fascinés par le Paris des années 20 et ses écrivains américains? Avez-vous lu des romans comme celui-ci ou Le Roman de Zelda de Therese Ann Fowler ?
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