Darkwind, Tome 1: Mécanique infernale de Sharon Cameron,
Publié aux éditions Bayard Jeunesse,
2015, 409 pages.
Angleterre, 1852. Katharine est envoyée par sa tante et tutrice au manoir de Darkwind où vit son oncle Tulman. Elle doit prouver que celui-ci a perdu la raison et le faire interner pour qu’il cesse de dilapider la fortune familiale. À Darkwind, Katharine rencontre un vieil homme excentrique, mais surtout génial, qui se consacre à l’invention d’automates extraordinaires. Rares sont les privilégiés qui ont le droit de pénétrer dans son atelier. Parmi eux, Lane, son ombrageux apprenti et Ben, un brillant étudiant en sciences. Tous deux défendent farouchement Tulman par dévouement mais aussi parce qu’il fait vivre sur son domaine des centaines de personnes qu’il a arrachées à la misère. Bien vite, Katharine doute : l’héritage familial mérite-t-il qu’on y sacrifie son oncle et les familles qu’il protège ? A la demande insistante des domestiques de l’oncle Tulman, Katharine accepte de rester un mois à Darkwind avant de prendre une décision. Trente jours au cours desquels elle se rendra complice d’espionnage, échappera de justesse à la mort et tombera amoureuse…
Darkwind c’est l’histoire de Katharine, une orpheline de 17 ans, vivant avec sa tante. Sans le sou, elle est dans l’obligation de lui servir de comptable. Un jour, son affreuse tante demande à Katharine d’aller mener une petite enquête. En effet, son oncle Tulman dilapiderait la fortune de la famille. La mission de Katharine est claire: elle doit se rendre sur les lieux pour constater la folie du vieil oncle afin de le faire enfermer à l’asile. Ainsi sa tante Alice pourra s’accaparer sa fortune.
Katharine est donc une jeune fille sans fortune personnelle. Elle dépend entièrement du bon vouloir de sa tante. Pour autant, la jeune femme ne manque pas d’idées. C’est d’abord une fille qui réfléchit et qui pense. Douée en mathématiques, c’est elle qui gère les comptes de la maison. L’auteur peint ainsi le portait d’une jeune femme intelligente et pas forcément très jolie. En effet, Katharine possède un physique agréable mais plutôt banal. Elle sait bien qu’elle ne pourra miser ni sur sa beauté ni sur sa fortune pour attirer un homme riche. Elle en a pris son parti et elle décide de rester fille. J’ai aimé ce côté développé par l’auteur. Enfin, une héroïne qui s’en sort grâce à ses neurones et qui ne mise pas tout sur son charme.
L’arrivée à Darkwind est d’ailleurs rocambolesque. Là encore, l’auteur fait éclater les clichés. Katharine n’hésite pas à explorer le manoir de son oncle bravant sa peur et ses appréhensions. Elle ne se comporte pas non plus comme une dame du monde et elle a tôt fait de se lier d’amitié avec Davy et Lane, les employés de son oncle. En réalité, on a ici un portrait plutôt libre de Katharine. Elle va et vient sur le domaine de Darkwind et s’intéresse davantage aux inventions de son oncle qu’à sa garde-robe.
En effet, l’oncle Tulman est un homme excentrique qui passe son temps à inventer des automates. Tante Alice aimerait le faire interner pour toucher sa fortune. Au début du récit, Katharine est tentée de penser comme sa tante mais au fur et à mesure, elle découvre que son oncle n’est pas fou. Bien au contraire, c’est plutôt un génie qui manie les chiffres comme personne. Il est dans son monde, dans sa bulle et son intelligence s’exprime à travers les mécanismes qu’il invente et avec lesquels il joue.
Le manoir de Darkwind est d’ailleurs devenu le terrain de jeu d’oncle Tullman. Le domaine est même un personnage à part entière. Le manoir est plein de souterrains, de raccourcis, de portes dérobées et c’est assez amusant de voir Katharine explorer les lieux. L’auteur nous plonge dans une ambiance victorienne mais revisite les choses à sa manière. Ainsi, la magnifique salle de bal est devenue la piste de patins à roulette. Le manoir apparaît comme une bâtisse immense, mal entretenue, parfois sombre, cachant ses secrets. L’auteur montre aussi les progrès de la technologie dans cette Angleterre victorienne. On ne peut pas parler de steampunk ici mais l’auteur fait la part belle aux innovations et aux inventions qui vont changer la vie des Anglais.
L’intrigue du roman met un peu de temps à se mettre en place à mon goût. Certes, Katharine découvre en même temps que le lecteur la face cachée de Darkwind. Son oncle, outre le fait d’être un génie, est aussi philanthrope. Katharine va découvrir cette particularité au fil de ses excursions et cette découverte pourrait tout remettre en cause. En tous cas, les choses vont évoluer et pas forcément comme on s’y attendrait. Certains personnages vont même se révéler très étonnants!
L’écriture de Sharon Cameron mêle action et humour. En effet, son héroïne Katharine n’en est pas dénuée. Cependant, je n’ai pas aimé la narration à la première personne parfois maladroite. Une narration d’un point de vue externe aurait été selon moi plus judicieuse.
Darkwind est en tous cas une excellente surprise. L’héroïne un rien délurée, la présence menaçante du château et la fin du roman me donne envie de découvrir le tome 2. Merci aux éditions Bayard Jeunesse et à Babelio de m’avoir permis de lire ce roman.