Voici un roman qui ne laisse pas indifférent et le choix que devra faire Jonas soulève bien des questionnements.
Pour cet article, j'ai choisi de ne rien écrire concernant ce roman que je trouve absolument bouleversant. Les mots glissent et s'imbriquent entre eux comme si l'auteur avait voulu nous faire vivre chaque mot, chaque pensée, chaque émotion comme un dernier souffle. Et c'est pour cette raison que je vous propose de lire quelques extraits qui suffiront à vous plonger au cœur de l'histoire.
Algérie, dans les années 1930. Les champs de blés frissonnent. Dans trois jours, les moissons, le salut. Mais une triste nuit vient consumer l'espoir. Le feu. Les cendres. Pour la première fois, le jeune Younes voit pleurer son père. Et de pleurs, la vie de Younes ne manquera pas. Confié à un oncle pharmacien, dans un village de l'Oranais, le jeune garçon s'intègre à la communauté pied-noire. Noue des amitiés indissolubles, françaises, juives : " les doigts de la fourche ", comme on les appelle. Et le bonheur s'appelle Émilie, une " princesse " que les jeunes gens se disputent. Alors que l'Algérie coloniale vit ses derniers feux, dans un déchaînement de violences, de déchirures et de trahisons, les amitiés se disloquent, s'entrechoquent. Femme ou pays, l'homme ne peut jamais oublier un amour d'enfance...
De nouveau Emilie me dévisagea avec insistance. Lisait-elle dans mes pensées ? Si oui, que déchiffrait-elle au juste ? Sa mère lui avait-elle parlé de moi ? Avait-elle retrouvé mon parfum dans la chambre de sa mère, décelé quelque chose que je n'avais pas su effacer à temps, la trace d'un baiser en suspens ou le souvenir d'une éreinte inachevée ? Pourquoi avais-je soudain le sentiment qu'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert ? Et ses yeux, mon Dieu ! irrésistibles, comment faisaient-ils pour saturer les miens, se substituer à eux, passer au crible chacune de mes pensées, intercepter la moindre interrogation me traversant l'esprit ?...
Ses yeux me fusillèrent en lâchant le mot.
Elle redevint cramoisie, et le blanc de ses yeux cailla comme du lait.
Son doigt se voulu glaive quand elle tonna :
Son enthousiasme chuta devant mon indifférence. Il fronça les sourcils :
Mon reflet dans la baie vitrée tenait le coup, mais, intérieurement, je m'étais désintégré.
Je me taisais. J'avais peur, en ouvrant la bouche, d'éclater en sanglot. Je réalisais le mal que je lui avais infligé, le gâchis que j'avais fait de ses espoirs, de ses rêves de jeune fille, de son bonheur pur et sain, pugnace et légitime, naturel et confiant, qui, à l'époque, donnait à ses yeux l'éclat de toutes les convoitises heureuses, de toutes les belles illusions.
La gorge nouée, je ne pus que hocher la tête.
Une larme profita d'un moment d'inattention et parvint à se faufiler entre mes cils etrouler sur ma joue. Je n'eus pas e courage ni la force de l'intercepter. Aucun muscle ne m'obéissait.
Qu'est-ce que tu me caches, Younès ? Qu'est-ce que tu ne veux pas me dire ?
La digue céda : mes larmes coulaient à flots, cascadaient sur mes joues, inondaient mon menton et mon cou. Je pleurais, et je sentais que je me vidais de mes tourments, de mes remords, de mes parjures, tel un furoncle libérant son mal. Je pleurais comme une ribambelle de mioches tant je ne souhaitais pas m'arrêter de pleurer.
Quand je relevai la tête, Emilie était partie.
Jonas arrivera-t-il enfin à dire à Emilie qu'il n'a jamais pu l'aimer librement ?
Et si tout était déjà joué ? Et si c'était simplement trop tard ?
Il réuni les acteurs suivants : Nora Arnezeder (Emilie), Fu'ad Ait Aattou (Younes/Jonas), Anne Parillaud (Mme Cazenave).
Tous jouent incroyablement bien et la voix grave de Younès/Jonas a le don poser véritablement les tensions qui règnent tout au long du film.
Quant à Emilie, elle nous transporte à chaque cri d'amour.
Le tout parsemé d'histoire avec un grand H.
Ce film a reçu le Prix Jeune Public de la Meilleure Adaptation