Il y a un an, on avait découvert avec enthousiasme l'enfance du dessinateur Riad Sattouf, petit garçon blond dans la Libye de Kadhafi et dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, dans "L'Arabe du futur" (Allary Editions, 160 pages), dont le sous-titre était "Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)". Une bande dessinée formidable (lire ici) dont l'auteur ne savait pas alors si les suites qu'il prévoyait seraient publiées. Mais son succès en librairie et à Angoulême en janvier (lire ici) effaça ses craintes.
"L'Arabe du futur 1" (200.000 exemplaires vendus à ce jour) existe même maintenant en quatorze autres langues, anglais, allemand, néerlandais, espagnol et catalan, italien, portugais, danois, suédois, norvégien, finlandais, polonais et même brésilien et coréen. Pas encore en arabe donc.
Aujourd'hui vient de paraître "L'Arabe du futur 2" (Allary Editions, 160 pages) du même Riad Sattouf donc, qui se termine par un prometteur "à suivre" - trois tomes sont en effet prévus, et peut-être même quatre. Cette première suite ne concerne que deux années de l'enfance du fils d'un Syrien et d'une Française, 1984 et 1985, toujours aussi blond. Mais quelles années dans une vie que celles de l'entrée à l'école! Surtout là-bas. On s'en rend compte dès les premières pages.
Auréolé du succès de son Fauve d'or 2015, Riad Sattouf est partout dans tous les médias pour parler de son nouvel album tiré à 75.000 exemplaires, aussi réussi que le précédent, plus détaillé sans doute que le premier qui devait planter le décor. Il suffit d'allumer une radio pour l'entendre (je n'ai pas la télé), d'ouvrir un organe de presse écrite pour y reconnaître ses dessins caractéristiques. Vive les podcasts donc parce que je n'ai pas encore eu le plaisir de le croiser. Mais on relira avec plaisir ses réponses à mes questions de l'an dernier (ici). Selon son éditeur, ses inspirations sont les livres "Tintin au pays de l'or noir" de Hergé, "Le tampographe" de Sardon et "Livret de phamille" de Jean-Christophe Menu.
Toujours doté de son incroyable chevelure, le jeune Riad va cette fois aller à l'école et apprendre à écrire. A écrire l'arabe bien entendu. La langue française lui est enseignée par sa Bretonne de mère. L'écolier blond a maintenant six ans et vit avec ses parents et son petit frère dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, dans le village de la famille, Ter Maaleh, pas loin de Homs. Pauvreté et patriotisme, nous voilà. L'auteur a repris ses codes couleurs, rose pour les pages syriennes, bleu pour les pages françaises où de courtes vacances le conduisent du Finistère aux Alpes.
On découvre la vie en famille et la vie à l'école du jeune Riad. La Syrie des années 80, c'est déjà terrible, de violence surtout, d'arrangements ensuite. On y réagit sans doute davantage à cause de ce qui s'y passe ces dernières années ou dans l'actualité récente comme quand on découvre les pages sur Palmyre. Mais pour le petit garçon candide, la vie là-bas est normale. Juste s'il a une petite réaction devant les comportements des adultes.
Cette narration blanche donne encore plus de force au récit. On sourit devant l'achat du cartable local, on s'émeut devant les méthodes de la paradoxale maîtresse d'école (hidjab, mini-jupe, hauts talons), tendre, brutale ou même cruelle. On se dresse devant les pratiques familiales à propos d'une femme qui aurait "fauté" et des arrangements avec la justice par rapport au code d'honneur. Ou comme devant la haine des Juifs enseignée dès le berceau.
L'apprentissage de Riad est rude, mais le petit garçon tient bon, surtout qu'il découvre le dessin avec une cousine. Il admire toujours autant son père qui tente de faire de lui un vrai petit Syrien, et aussi de devenir professeur à l'université, quitte à séduire un général. Il est toujours soutenu par sa mère, un peu en retrait dans ce volume, dont on se demande comment elle a résisté à ces années de solitude en Syrie. En même temps, on remarque avec plaisir que sa tenue de Française n'émeut personne. Que de souvenirs consignés dans ces deux années.
Ce qui est extrêmement réussi dans les deux volumes de "L'Arabe du futur", c'est la délicatesse extrême avec laquelle Riad Sattouf conte les scènes, qu'elles soient drôles ou terrifiantes. Ce deuxième tome confirme que la Syrie d'aujourd'hui n'est pas née de rien, et c'est pour cela qu'il faut le lire, ainsi que le premier qui a été retiré à quinze mille exemplaires.
"L'Arabe du futur 1" (200.000 exemplaires vendus à ce jour) existe même maintenant en quatorze autres langues, anglais, allemand, néerlandais, espagnol et catalan, italien, portugais, danois, suédois, norvégien, finlandais, polonais et même brésilien et coréen. Pas encore en arabe donc.
Aujourd'hui vient de paraître "L'Arabe du futur 2" (Allary Editions, 160 pages) du même Riad Sattouf donc, qui se termine par un prometteur "à suivre" - trois tomes sont en effet prévus, et peut-être même quatre. Cette première suite ne concerne que deux années de l'enfance du fils d'un Syrien et d'une Française, 1984 et 1985, toujours aussi blond. Mais quelles années dans une vie que celles de l'entrée à l'école! Surtout là-bas. On s'en rend compte dès les premières pages.
Auréolé du succès de son Fauve d'or 2015, Riad Sattouf est partout dans tous les médias pour parler de son nouvel album tiré à 75.000 exemplaires, aussi réussi que le précédent, plus détaillé sans doute que le premier qui devait planter le décor. Il suffit d'allumer une radio pour l'entendre (je n'ai pas la télé), d'ouvrir un organe de presse écrite pour y reconnaître ses dessins caractéristiques. Vive les podcasts donc parce que je n'ai pas encore eu le plaisir de le croiser. Mais on relira avec plaisir ses réponses à mes questions de l'an dernier (ici). Selon son éditeur, ses inspirations sont les livres "Tintin au pays de l'or noir" de Hergé, "Le tampographe" de Sardon et "Livret de phamille" de Jean-Christophe Menu.
Toujours doté de son incroyable chevelure, le jeune Riad va cette fois aller à l'école et apprendre à écrire. A écrire l'arabe bien entendu. La langue française lui est enseignée par sa Bretonne de mère. L'écolier blond a maintenant six ans et vit avec ses parents et son petit frère dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, dans le village de la famille, Ter Maaleh, pas loin de Homs. Pauvreté et patriotisme, nous voilà. L'auteur a repris ses codes couleurs, rose pour les pages syriennes, bleu pour les pages françaises où de courtes vacances le conduisent du Finistère aux Alpes.
On découvre la vie en famille et la vie à l'école du jeune Riad. La Syrie des années 80, c'est déjà terrible, de violence surtout, d'arrangements ensuite. On y réagit sans doute davantage à cause de ce qui s'y passe ces dernières années ou dans l'actualité récente comme quand on découvre les pages sur Palmyre. Mais pour le petit garçon candide, la vie là-bas est normale. Juste s'il a une petite réaction devant les comportements des adultes.
La maîtresse d'école. (c) Allary Editions.
Cette narration blanche donne encore plus de force au récit. On sourit devant l'achat du cartable local, on s'émeut devant les méthodes de la paradoxale maîtresse d'école (hidjab, mini-jupe, hauts talons), tendre, brutale ou même cruelle. On se dresse devant les pratiques familiales à propos d'une femme qui aurait "fauté" et des arrangements avec la justice par rapport au code d'honneur. Ou comme devant la haine des Juifs enseignée dès le berceau.
L'apprentissage de Riad est rude, mais le petit garçon tient bon, surtout qu'il découvre le dessin avec une cousine. Il admire toujours autant son père qui tente de faire de lui un vrai petit Syrien, et aussi de devenir professeur à l'université, quitte à séduire un général. Il est toujours soutenu par sa mère, un peu en retrait dans ce volume, dont on se demande comment elle a résisté à ces années de solitude en Syrie. En même temps, on remarque avec plaisir que sa tenue de Française n'émeut personne. Que de souvenirs consignés dans ces deux années.
Ce qui est extrêmement réussi dans les deux volumes de "L'Arabe du futur", c'est la délicatesse extrême avec laquelle Riad Sattouf conte les scènes, qu'elles soient drôles ou terrifiantes. Ce deuxième tome confirme que la Syrie d'aujourd'hui n'est pas née de rien, et c'est pour cela qu'il faut le lire, ainsi que le premier qui a été retiré à quinze mille exemplaires.
La récré. (c) Allary Editions.