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Vous avez sûrement déjà entendu parler de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal. J'arrive après la bataille, mais il n'est jamais trop tard pour lire un bon livre !
Simon Limbres a hérité de la passion de son père : il est dingue de surf. Avec ses amis Christophe et Johan, il scrute les sites qui annoncent les meilleurs vagues et les meilleurs spots et n'hésite pas à se lever en plein milieu de la nuit pour être prêt pour la vague, surfer aux meilleurs endroits pour avoir les meilleures sensations. Et si l'histoire de Réparer les vivants commence par une vague, elle se poursuit par un raz-de-marée : lorsque Simon, adolescent passionné et fougueux, meurt brutalement, ce sont de nombreuses vies qui sont elles aussi bouleversées. Celles de ses parents et de sa petite sœur, pour commencer. Comment faire face à la mort de son enfant, d'un adolescent ? Comment l'annoncer à ses proches ? Si ces questions sont soulevées dans ce livre, Maylis de Kerangal n'y répond pas car elle n'en a pas le temps : l'urgence qui s'impose à la mort d'un adolescent en bonne santé, c'est celle du don d'organes. Aussi, ce sont les vies des médecins et infirmiers de l’hôpital du Havre qui sont sollicitées. Comment annoncer aux parents qu'on a besoin des organes de leur enfant, comment aborder le sujet ? Comment les amener à prendre une décision sur le don, les convaincre ? Ce sont les questions soulevées ici.
Avec l'urgence qui ne caractérise pas seulement la situation mais aussi son écriture, Maylis de Kerangal nous décrit la vie de toutes ces personnes qui gravitent autour de Simon. Chaque personnage nous est présenté non pas dans sa globalité et avec des éléments généraux, mais de façon individuelle, originale et précise : on les découvre à un moment donné de leur vie, on se concentre sur leur passion, les oiseaux pour Hocine, ou leurs préoccupations, sa vie amoureuse, son amant pour Cordélia Owl, et encore, je n'ai pas parlé de Thomas, Virgilio, Marthe, Rose... Paradoxalement, on prend le temps de s'attarder sur chacun des personnages alors que l'urgence de la situation leur impose d'être concentrés et efficaces. Alors que l'effervescence, l'animation et l'énergie de ces existences contrastent avec le corps sans vie de Simon et le flottement dans lequel semblent vivre ses parents, le moment est venu pour l'auteur d'aborder la question de la déclaration du décès. Quelle différence entre la mort cardiaque et cérébrale ? A partir de laquelle peut-on dire d'un homme qu'il est mort ? Si ces questions sont soulevées, c'est parce qu'elle sont nécessaires et qu'elles rendent possible le don d'organes.
Avez-vous lu Réparer les vivants ou un autre livre de Maylis de Kerangal ? Avez-vous pris position sur le don d'organes ?
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Vous avez sûrement déjà entendu parler de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal. J'arrive après la bataille, mais il n'est jamais trop tard pour lire un bon livre !
Simon Limbres a hérité de la passion de son père : il est dingue de surf. Avec ses amis Christophe et Johan, il scrute les sites qui annoncent les meilleurs vagues et les meilleurs spots et n'hésite pas à se lever en plein milieu de la nuit pour être prêt pour la vague, surfer aux meilleurs endroits pour avoir les meilleures sensations. Et si l'histoire de Réparer les vivants commence par une vague, elle se poursuit par un raz-de-marée : lorsque Simon, adolescent passionné et fougueux, meurt brutalement, ce sont de nombreuses vies qui sont elles aussi bouleversées. Celles de ses parents et de sa petite sœur, pour commencer. Comment faire face à la mort de son enfant, d'un adolescent ? Comment l'annoncer à ses proches ? Si ces questions sont soulevées dans ce livre, Maylis de Kerangal n'y répond pas car elle n'en a pas le temps : l'urgence qui s'impose à la mort d'un adolescent en bonne santé, c'est celle du don d'organes. Aussi, ce sont les vies des médecins et infirmiers de l’hôpital du Havre qui sont sollicitées. Comment annoncer aux parents qu'on a besoin des organes de leur enfant, comment aborder le sujet ? Comment les amener à prendre une décision sur le don, les convaincre ? Ce sont les questions soulevées ici.
Avec l'urgence qui ne caractérise pas seulement la situation mais aussi son écriture, Maylis de Kerangal nous décrit la vie de toutes ces personnes qui gravitent autour de Simon. Chaque personnage nous est présenté non pas dans sa globalité et avec des éléments généraux, mais de façon individuelle, originale et précise : on les découvre à un moment donné de leur vie, on se concentre sur leur passion, les oiseaux pour Hocine, ou leurs préoccupations, sa vie amoureuse, son amant pour Cordélia Owl, et encore, je n'ai pas parlé de Thomas, Virgilio, Marthe, Rose... Paradoxalement, on prend le temps de s'attarder sur chacun des personnages alors que l'urgence de la situation leur impose d'être concentrés et efficaces. Alors que l'effervescence, l'animation et l'énergie de ces existences contrastent avec le corps sans vie de Simon et le flottement dans lequel semblent vivre ses parents, le moment est venu pour l'auteur d'aborder la question de la déclaration du décès. Quelle différence entre la mort cardiaque et cérébrale ? A partir de laquelle peut-on dire d'un homme qu'il est mort ? Si ces questions sont soulevées, c'est parce qu'elle sont nécessaires et qu'elles rendent possible le don d'organes.
« Le sillage bouillonne et s'apaise, se lisse, le vraquier s'éloigne et avec lui son bruit et son mouvement, le fleuve reprend sa texture initiale, l'estuaire s'embrase tout entier, un rayonnement. Marianne et Sean se sont tournés l'un vers l'autre, se sont tenus par les mains, bras tendus écartés loin du corps et se sont caressés avec leur visage - rien de plus tendre que ce ponçage, rien de plus doux que les arêtes osseuses du massif facial qui coulissent sous la peau -, finissent par se tenir en équilibre front contre front, et les mots de Marianne forment une empreinte dans l'air statique. » p.159Avec une écriture dont la poésie puise sa force dans l'urgence, rythmée, envoûtante, tellement cadencée qu'elle en devient planante, avec des paragraphes denses et des longues phrases un peu à la Yasmina Reza, Maylis de Kerangal nous invite petit à petit à prendre position sur le don d'organes. Thriller de 24 heures, Réparer les vivants est un roman que l'on sait si on va l'aimer ou non dès les premières pages. En ce qui me concerne, je suis plus que convaincue et je vous conseille vivement de vous laisser tenter par ce livre ! En plus de nous transmettre de fortes émotions, il a la capacité de nous faire réfléchir sur un sujet assez inédit (je n'avais jamais entendu parler d'un livre qui parle du don d'organes avant). Si j'avais déjà une petite idée de ma position sur cela avant Réparer les vivants, je vous avoue que cette lecture m'a donné un petit coup de fouet et m'a incité à en parler autour de moi et à communiquer ma position à mes proches.
Avez-vous lu Réparer les vivants ou un autre livre de Maylis de Kerangal ? Avez-vous pris position sur le don d'organes ?
« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps. »
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.
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