Le Trou de Ver dans la Maison du Crack

LE TROU DE VER DANS LA MAISON DU CRACK

Frédéric SOULIER

trou de ver

Trois junkies découvrent par hasard un minuscule trou invisible sur un mur de leur appartement. Un trou de ver menant vers un autre monde, qui pourrait bien leur offrir la perspective d'une vie meilleure.

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Allez, on lâche un peu les lectures "connues" pour revenir vers les indépendants. On lâche les romans, pour revenir vers les nouvelles. Les livres papier pour revenir vers la liseuse Kindle. Etc etc etc...

Aujourd'hui, c'est sur Frédéric Soulier que je m'arrête. Le trou de ver dans la maison du crack est une nouvelle d'une trentaine de pages, qui se lit assez rapidement, et qui se lit assez bien. J'ai lu sur le site où il est vendu quelques critiques qui parlaient d'un vocabulaire "osé", limite "vulgaire", et d'un esprit "kafkaien". Pour ce qui est du côté façon Kafka, ma foi, je ne me prononce pas, Kafka, je n'ai rien lu. Pour le côté osé et vulgaire, mouais, bof, j'ai lu pire, pas de quoi s'offusquer. Perso, je parlerais plutôt d'une certaine truculence du language, qui n'est pas sans me rappeler les San-Antonio que je dévorais à mon adolescence (les premiers San-A, du temps où Frédéric Dard était drôle avant de tomber dans le vulgaire). Le narrateur est un des protagonistes, dont le métier déclaré est parasitre social, junkie de chez junkie : vous ne voudriez pas qu'il nous sorte des phrases ampoulées quand même??? Un texte ça doit vivre, les dialogues doivent être vrais! Donc, que le narrateur nous balance du "putain fait chier", c'est plus crédible que "ouh sac à papier, je suis fort marri"...

Donc, ça se lit bien, j'ai bien aimé le style : vulgaire, certes, mais puissant. Avec quelques références de-ci de-là qui nous montrent qu'on peut être junkie et avoir néanmoins un poil de culture, le tout ponctué régulièrement de petites piques humoristiques, bien cyniques comme j'aime.

L'histoire. Trois junkies vivent dans un appartement. Deux mecs, une nana. Notre narrateur est seul un jour, tranquille, et il observe les quelques centaines de blattes qui pullulent dans leur home sweet home. Ca le passionne les blattes. Il en regarde une courir le long du mur, et soudain, disparaitre dans le mur. Pfiou, plus de blatte! Rien d'extraordinaire, si ce n'est que le mur ne comporte pas de trou. Quelques minutes plus tard, la blatte réapparait comme par magie. Notre narrateur, qui se prénomme Jay, cherche où la blatte a disparu et trouve le fameux trou invisible de la quatrième de couverture. Un genre de passage mystique. Comme nous l'explique Fréderice Soulier : un trou de ver.

Surprise, ce passage/trou s'agrandit au fur et à mesure que le temps passe. Les deux autres junkies arrivent (Mika et Lorie) et observent également le phénomène. Jusqu'à ce que Mika se décide, le trou est assez grand pour passer la tête au travers, donc il passe la tête! Et voit un autre monde. Un monde trop "beau". Il est super enthousiaste.

Je ne vais pas vous raconter pourquoi Mika est super enthousiaste, ni ce qui arrive après, car comme d'habitude : une nouvelle c'est court! (nannnnn???)

Souvent, la fin des nouvelles me laisse sur ma faim. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Elle est même un peu limite convenue, pas super originale. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis déçue, parce qu'en toute franchise, en y réfléchissant bien, quelle autre fin Frédéric Soulier aurait-il pu trouver? Il y avait d'autres options, oui, ok, mais là il fallait super bien développer ces options, rendre le texte bien plus long, et l'auteur sortait de la catégorie "nouvelle". Mais le thème, l'histoire du trou de ver, bien qu'il soit original, eh bien c'est un peu léger pour en faire un roman. Donc, même si la fin est convenue, ma foi, elle est bonne. 

Bref, bon style, bonne narration, bons dialogues, j'ai accroché!