On pourrait facilement ironiser sur le fait de republier en grand format "Pêcheur d'Islande", le best-seller de Pierre Loti (édition illustrée commentée par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, Bleu autour, 310 pages) en ce mois de juin 2015. Le livre, le plus célèbre de l'auteur, sortit en 1886 chez Calmann-Lévy, et fut immédiatement plutôt bien accueilli.
On pourrait ironiser et on aurait doublement tort.
D'abord parce que le choc thermique entre le titre et la température attendue en juin est loin de se réaliser cette année. A peine 13° à Bruxelles ce samedi soir - un peu comme il y a deux cents ans à Waterloo...
Ensuite parce que ce roman plus que centenaire est avant tout une histoire d'amour et même une histoire d'amour impossible. Sur fond de mer évidemment, et de Bretagne. Tragique et moderne, intemporel. On suit Gaud, la jeune fille qui était riche, et Yann, le sauvage pêcheur pauvre, dans leurs manœuvres d'approche puis dans ce que va apporter ce coup de foudre féminin. Dans le contexte âpre des saisons de pêche de l'époque et avec la mer en personnage omniprésent.
La version enrichie qu'en publient les éditions Bleu autour est particulièrement réussie. Elle est illustrée de photos remarquables d'Edmond Rudaux, et de gravures que composa le peintre à partir de ces plaques de verre. Une édition illustrée, dite d'"étrennes", de "Pêcheur d'Islande" parut en effet à l'automne 1892 proposant 128 gravures sur bois de Jules Huyot d'après les compositions d’Edmond Rudaux. Un numéro de "L'Univers illustré" de décembre 1892 publia aussi neuf des compositions de ce dernier, lequel expliqua s'être rendu à Paimpol vers 1890-1891 pour photographier les lieux et les personnes du roman. Une trentaine de ces plaques de verre ont été retrouvées en 1997, et numérisées. Elles ont servi à l'illustration de cette superbe édition et permettent de mieux comprendre la composition des gravures qu'elles ont inspiré et qui figurent également dans le livre.
Une belle préface remet l'écriture de "Pêcheur d'Islande" dans le contexte de l'époque de son écriture et de la vie de Pierre Loti. Les auteurs étudient autant le style que l'histoire du roman et indiquent comment il fut reçu à sa sortie. Des informations précieuses et passionnantes.
Après le roman en lui-même viennent d'autres chapitres très intéressants, pages manuscrites, analyse de la part imaginaire et de la part sociale, les conséquences pratiques qu'eut la sortie du livre ainsi que les critiques qu'un tel succès de librairie s'attira.
Tous ces éclairages sont extrêmement passionnants et permettent de mieux comprendre un roman toujours moderne qui s'enrichit ici de nombreuses images jamais vues.
On veut encore des classiques ainsi revisités. "Pêcheur d'Islande" de Pierre Loti est le troisième dans cette collection, après "Le Grand Meaulnes" d'Alain-Fournier en 2013 (lire ici) et "Visites aux paysans du Centre" de Daniel Halévy en 2012.
On pourrait ironiser et on aurait doublement tort.
D'abord parce que le choc thermique entre le titre et la température attendue en juin est loin de se réaliser cette année. A peine 13° à Bruxelles ce samedi soir - un peu comme il y a deux cents ans à Waterloo...
Ensuite parce que ce roman plus que centenaire est avant tout une histoire d'amour et même une histoire d'amour impossible. Sur fond de mer évidemment, et de Bretagne. Tragique et moderne, intemporel. On suit Gaud, la jeune fille qui était riche, et Yann, le sauvage pêcheur pauvre, dans leurs manœuvres d'approche puis dans ce que va apporter ce coup de foudre féminin. Dans le contexte âpre des saisons de pêche de l'époque et avec la mer en personnage omniprésent.
(c) Edmond Rudaux, collection particulière.
La version enrichie qu'en publient les éditions Bleu autour est particulièrement réussie. Elle est illustrée de photos remarquables d'Edmond Rudaux, et de gravures que composa le peintre à partir de ces plaques de verre. Une édition illustrée, dite d'"étrennes", de "Pêcheur d'Islande" parut en effet à l'automne 1892 proposant 128 gravures sur bois de Jules Huyot d'après les compositions d’Edmond Rudaux. Un numéro de "L'Univers illustré" de décembre 1892 publia aussi neuf des compositions de ce dernier, lequel expliqua s'être rendu à Paimpol vers 1890-1891 pour photographier les lieux et les personnes du roman. Une trentaine de ces plaques de verre ont été retrouvées en 1997, et numérisées. Elles ont servi à l'illustration de cette superbe édition et permettent de mieux comprendre la composition des gravures qu'elles ont inspiré et qui figurent également dans le livre.
(c) Edmond Rudaux, collection particulière.
Une belle préface remet l'écriture de "Pêcheur d'Islande" dans le contexte de l'époque de son écriture et de la vie de Pierre Loti. Les auteurs étudient autant le style que l'histoire du roman et indiquent comment il fut reçu à sa sortie. Des informations précieuses et passionnantes.
Après le roman en lui-même viennent d'autres chapitres très intéressants, pages manuscrites, analyse de la part imaginaire et de la part sociale, les conséquences pratiques qu'eut la sortie du livre ainsi que les critiques qu'un tel succès de librairie s'attira.
Tous ces éclairages sont extrêmement passionnants et permettent de mieux comprendre un roman toujours moderne qui s'enrichit ici de nombreuses images jamais vues.
On veut encore des classiques ainsi revisités. "Pêcheur d'Islande" de Pierre Loti est le troisième dans cette collection, après "Le Grand Meaulnes" d'Alain-Fournier en 2013 (lire ici) et "Visites aux paysans du Centre" de Daniel Halévy en 2012.
(c) Edmond Rudaux, collection particulière.