Jacob et l’Ange, par Alain Gagnon…

Dans la Genèse, on retrouve ce récit d’un affrontement. L’un des combattants estchat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie Jacob, fils d’Isaac et petit-fils d’Abraham. Son adversaire est sans nom.
Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants et passa le gué du Yabboq. Il leur fit passer le torrent, et il fit passer aussi tout ce qu’il possédait. Et Jacob resta seul.
Un étranger survint et lutta avec lui jusqu’à l’aurore. Voyant qu’il ne le maîtrisait pas, l’inconnu frappa Jacob à l’emboîture de la hanche, et sa hanche se démit.
L’étranger lui dit alors :
— Cessons ! Le jour est levé.
Mais Jacob répondit :
— Je ne te laisserai pas aller avant que tu ne m’aies béni.
L’inconnu lui demanda :
— Quel est ton nom ?
— Jacob.
L’étranger reprit :
— On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as été fort contre Dieu et contre les hommes, et tu l’as emporté.
Jacob réitéra sa demande :
— Révèle-moi ton nom, je t’en prie.
L’inconnu répondit :
— Et pourquoi veux-tu donc savoir mon nom ?
Et il bénit Jacob, qui donna à cet endroit le nom de Penuel. « Car, dit-il, ici j’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve. »
Au lever du soleil, il avait passé Penuel, et il boitait à cause de sa hanche. (Genèse, 32, 22-32)

Nous n’avons toujours pas la réponse. Avec qui Jacob a-t-il lutté ? Avec un ange ? Avec un dieu ou avec Dieu ?
La pensée ésotérique, d’inspiration judéo-chrétienne, nous propose un quaternaire explicatif. Quatre représentations symboliques décrivent les différentes parties de ce qui constitue la personne humaine. Tout d’abord, il y a le Bœuf (Gouph) – l’élément Terre : le corps physique, les instincts primaires, la patience de la vie qui dure et se perpétue. Puis on trouve le Lion (Nephesh) – l’élément Eau : lieu de l’astral qui vibre, des émotions, des passions, des sentiments, de l’action. En troisième, l’Aigle (Ruach) – l’élément Air : la raison claire, qui géométrise l’espace, le possède et s’adonne à la dialectique. Enfin, l’Ange (Neshamah) – la dimension spirituelle : le lieu de l’âme, de la spiritualisation, de la rencontre de l’âme mortelle et du divin qui nous habite tous ; pont vers l’infini, domaine de la Raison et de l’Intuition supérieure.
Avec qui, et dans lequel des mondes, Jacob s’est-il battu pour en arriver à reconnaître le visage de Dieu ? Il a lutté avec lui-même et en lui-même.
Nous ne pouvons pas vaincre ; l’Ange ne veut pas vaincre : il s’agit d’un duel amoureux.

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon chat qui louche maykan alain gagnondu Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur .  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).