Rencontre avec Brice Christen

Par Jeanne @tempsdunlivre


A travers cet article, je tiens à vous faire découvrir un jeune auteur de 26 ans, Brice Christen. Je l'ai moi-même découvert il y a peu à travers son premier roman Qui veut l'amour prépare la guerre. Roman qui a été un véritable coup de coeur pour moi. L'humour corrosif de l'auteur est efficace au plus au point. A se tordre de rire... 


"Etre écrivain c’est avoir le courage d’oser et le talent d’échouer"



  • Professionnellement parlant, que faites-vous dans la vie ?

Je suis encore étudiant jusqu’en juin. Je sais, être étudiant à 26 ans c’est un peu vieux mais j’ai souvent voulu prendre mon temps dans certaines classes pour mieux les appréhender, d’où un certain retard. En vrai j’ai aussi voulu prendre mon temps parce que la fac est quand même une sécurité financière en attendant de trouver un vrai métier. Et puis j’ai aussi pris une année sabbatique pour écrire mon premier roman.
  •  Etes-vous un lecteur assidu ? Si oui, avez-vous toujours aimé lire ?

Écoute je n’ai pas été un lecteur assidu de tous temps, je n’ai pas eu le gout de la lecture très tôt, surtout quand l’éducation nationale me balançait des pavés à lire en deux jours, fussent-ils Balzac ou Stendhal. Du coup je ne les lisais pas. Un jour en cours une prof de français m’a demandé de résumer un livre que je n’ai pas lu. Ce furent deux minutes très longues.Mais sinon depuis quelques années oui je suis un lecteur assidu depuis quelques temps où j’ai trouvé ce gout et cette passion. Tout dépend de mon emploi du temps mais il y a certaines périodes où je lis beaucoup.
  • Que recherchez-vous dans un livre ? Qu’attendez-vous d’un livre ?

L’évasion pour certains, le rire chez d’autres ou tout simplement un style particulier qui va avec mon humeur du jour. Quand j’ai un coup de moins bien pour l’écriture je relis certains auteurs. Quand j’ai envie d’une histoire légère je sais qu’un bon Jean Teulé fera l’affaire. Mais je n’aime pas trop les livres dans lesquels c’est écrit vraiment tout petit. Même si c’est un pavé et que c’est écrit « normal » dedans je le lirais. Mais un livre de poche écrit en minuscule ça me décourage d’avance.
  •  Quels sont tes trois auteurs de prédilection ?

Frédéric Beigbeder m’a réconcilié avec la lecture. Nicolas Rey m’a donné l’envie de l’écriture. Je sais pas trop qui pourrait compléter ce podium … peut-être Bukowski ou Salinger, j’adore leurs styles à tous les deux, je pourrais relire L’attrape-cœur dix fois, cette façon de parler de rien en ayant du style est juste géniale. Pareil pour Bukowski avec le coté un peu crade mais génial en plus, mais je ne saurais pas lequel mettre en troisième. Qu’ils règlent ça entre eux à chifoumi.
  • Quand avez-vous commencé à vouloir vous lancer dans l’écriture de votre premier roman  Qui veut l’amour prépare la guerre  ?

L’idée de faire un roman m’a trotté dans la tête depuis mon entrée en face à 18 ans. Certains soirs je rédigeais des introductions minables et le lendemain j’avais honte de me relire. J’ai dû recommencer ça une cinquantaine de fois. Et puis petit à petit j’ai pris confiance en moi, j’ai franchi la (difficile) barrière de montrer mes écrits à quelqu’un, puis de les mettre sur un réseau social et j’avais de bons retours, donc j’ai continué. Et ce roman est né il y a deux ans et demi environ (sorti en février 2014, j’ai dû commencer des ébauches début 2013). 
  • En combien de temps avez-vous écrit ce roman ?

De janvier à septembre 2013 j’ai écrit un journal intime nul de 180 pages sur ma vie et les personnes qui la composaient. Trois personnes l’ont lu, et puis je me suis rendu compte que ça n’intéressait personne apart moi. Donc j’ai sauvé quelques passages que je jugeais bons et j’ai décidé de faire une histoire fictive pour amuser les gens.
  • Où avez-vous trouvé l’inspiration pour ce livre ?

Une fille ... En 2013 je pensais à une fille qui ne voulait plus entendre parler de moi et ça me donnait des idées. Je me suis inspiré d’autres personnes comme un ami proche alcoolique ou des gens que je connaissais. J’aime bien observer les gens aussi pour décrire des choses de tous les jours et les tourner en dérision. J’ai souvent des idées dans le bus ou dans le métro en observant des gens dans la rue ou dans la rame, je m’imagine leurs vies, pourquoi ils prennent ce chemin et pas un autre ou des choses comme ça. J’adore voir les gens courir après le bus et le manquer, c’est mon moment Nutella. S’ils réussissent à l’avoir ils ont gagné, c’est moins drôle. C’est plus marrant de voir l’expression sur leurs visages quand ils l’ont raté. Et puis il y a des sujets sur lesquels j’ai mes petites convictions, que j’essaie de tourner en dérision dans ce livre, comme les moniteurs d’auto-école ou les gens qui passent leur temps sur leurs téléphones ou à faire des selfies.
  • Pourrait-on retrouver dans le personnage de Louis une part de votre personnalité ?

Louis est un mélange d’une dizaine de personnes différentes je dirais. J’ai essayé de le rendre sympathique mais dans le fond c’est quand même un peu un connard. Il vit sa vie au jour le jour comme s’il n’avait pas grand-chose à perdre alors que finalement il a beaucoup à perdre. Je ne suis pas du tout comme ça mais il y a sans-doute un ou deux traits de sa personnalité que je partage, comme la haine des moniteurs d’auto-école.
  • Vous avez récemment écrit un deuxième ouvrage. Pouvez-vous nous en parler ?

Ça s’appelle L’amour est aveugle et ce n’est pas un roman, c’est un petit guide humoristique sur les relations amoureuses avec des questions existentielles que vivent les couples ou les célibataires. J’ai écrit ça l’été dernier parce que j’ai été frappé par la page blanche pour mon second roman. Un truc au 15edegré ou j’ai pu placer pas mal de vannes, sans prétention.
  • Que cherchez-vous à travers l’écriture ?

Je crois, et j’ai l’impression que tous ceux qui ont unepassion pour la littérature et l’écriture ont une mission culturelle de transmission. Certains ne s’en sentent pas investis mais moi si, j’ai par exemple pris l’habitude d’écrire une chronique sur chacun des livres que je lis dès que je le termine. Histoire de dire aux autres que si je l’ai aimé ils peuvent l’aimer aussi. Et un bon bouquin ça remonte quand même pas mal le moral et ça fait voyager.
Pour l’écriture c’est le même procédé je dirais. J’ai envie de divertir les gens, même si ce n’est que deux minutes dans une journée dans une rame de métro. Que les gens puissent se dire que je les ai fait rire, si j’ai pu leur changer les idées et leur décrocher un sourire quelques secondes c’est gagné. Surtout un sourire dans le métro, c’est comme la comète de Halley. Avec le premier j’ai eu un lecteur qui m’a dit qu’il s’était reconnu dans un des personnages, une fille qui m’a dit que je comprenais la façon dont elle voyait les choses. Des trucs comme ça, un sentiment d’identification. Je trouve ça tellement génial de toucher les gens avec des mots.
Je crois de toute façon qu’il ne faut pas vouloir être écrivain pour les mauvaises raisons, c’est un travail à long terme. Le type qui veut devenir auteur pour devenir riche ou connu ne fera pas long feu. C’est toujours plaisant quand on a la reconnaissance d’un journal qui fait une interview, c’est sympa pour son petit égo de voir sa gueule dans un journal, mais c’est éphémère et c’est pas ce qui glorifie le plus. Une coupure de journal ça permettra de la mettre sur Facebook et de se la péter un peu avec des likes, mais c’est matérialiste comme procédé. Je préfère 100 fois quand je reçois une critique sur Amazon ou quand un blogueur prend le temps de faire un papier sur mon bouquin et sur ce qu’il en a pensé. Après qu’il ait aimé ou non, ça fait partie du jeu. Mais sincèrement les critiques négatives me font surtout rire. J’ai eu des gens qui m’ont dit : « La fin c’est de la merde » ou des trucs comme ça, mais y’a pas d’argument derrière. J’adore avoir l’avis de quelqu’un qui n’a pas aimé et prend le temps de me dire pourquoi. C’est forcément vecteur d’amélioration pour moi.
  • Par la suite, envisageriez-vous d’essayer de vous faire publier par une maison d’édition ?

Ça reste un objectif à terme pour tout auteur, mais c’est compliqué d’être parmi les élus, envoyer son manuscrit c’est un peu comme jeter une bouteille à la mer. Il y a des alternatives c’est sur, mais ça reste complexe.
  • Pour vous, faut-il passer par la case lecteur avant de devenir auteur ?

Évidemment. On écrit toujours selon des gens dont a aimé et apprécié le style et l’œuvre. Je veux bien payer un magnum au type qui pond un best-seller sans n’avoir rien lu auparavant. Mais cela pose une question fondamentale que je me pose souvent : comment a fait le premier mec au monde pour écrire un livre quand il n’y avait pas avant ? Là pour le coup il n’avait pas d’inspirations. C’était peut-être Jésus et ses potes quand ils ont écrit la Bible, mais du coup le vin rouge à dû jouer un grand rôle dans l’inspiration.
  • Quels conseils donneriez-vous à des personnes voulant se lancer dans l’écriture d’un roman ?

Un conseil que m’a donné Beigbeder le jour où je l’ai interviewé : soyez prétentieux et n’écrivez pas de choses molles et consensuelles. Je me répète ça environ tous les jours. A mon niveau le truc qui m’a aidé et que je peux conseiller c’est d’oser : y aller au culot, s’entrainer à écrire, retravailler son style et ne pas hésiter à avoir l’avis d’autres lecteurs et auteurs. Et surtout ne pas se décourager après un mauvais commentaire, une critique ou une lettre de refus type. Certains auteurs se sont fait refuser 22 fois avant de connaître le succès. Quand il est arrivé à Paris, Georges Orwell était un clochard, ça ne l’a pas empêché d’écrire 1984. Et c’est Céline qui écrivait que sans écrivain il n’y aurait aucun livre, et pourtant on voit plus souvent un écrivain dormir sous les ponts qu’un éditeur, c’est assez paradoxal finalement.
  • Selon vous, on naît auteur, ou l’on apprend à le devenir ?

J’aime beaucoup la citation du Bukowski qui dit que les gens ne s’imaginent pas devenir dentiste ou médecin, mais tout le monde s’imagine pouvoir devenir écrivain. Je pense que personne ne nait écrivain, mais on n’apprend pas non plus à le devenir. Chacun se forge sa propre culture et prend la plume s’il a envie de raconter sa vie ou de faire rêver les gens. Mais être écrivain c’est avoir le courage d’oser et le talent d’échouer (celle ci est de moi je ne l’ai volée à personne). 
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