Les Terres de Légendes - volume 1

LES TERRES DE LEGENDES

Il Taerond na Augorgey

Didier FEDOU

terres legendes 1

Les temps sont noirs, c'est le déclin de la Magie. Fées, elfes, lutins et gnomes du Petit Peuple disparaissent, tandis qu'avancent Ceux qui vivent dans les Ombres, capables de renvoyer l'humanité à l'âge de pierre, faire de nous des esclaves et des proies. Ce sera la fin de l’œuvre de Gaïa, la Terre...
Sur Erya, les rois des Peuples Libres constatent avec effroi que leur plus ancien ennemi est de retour. Immortel, invulnérable, il rôde depuis 5000 ans, régnant en tyran sur une armée de gorthaurs, d'elfes noirs et de grendels. La guerre est inévitable, le conflit s'étendra à tout le continent des Terres de Légendes. Est ce que l'alliance des hommes, des elfes et des nains suffira à arrêter ce demi-dieu de ténèbres, Morwenn l'Ancien ?


Amalric, arraché à la Terre et projeté sur Erya, doit endosser le rôle du Prophète, haï par les uns, vénéré par les autres. Car il est écrit que le Prophète doit en finir une bonne fois pour toutes avec Morwenn et ramener la paix. Le Prophète doit mettre fin à cette guerre qui emporte tant de familles dans la tourmente et initier une nouvelle ère dans l'histoire d'Erya.


Mais Amalric n'est qu'un homme. Que peut faire un seul homme contre un dieu ?

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Extrait :

Joronhee eut un coup d’œil de connivence avec Larfeld. Le vieil homme haussa les épaules.
– De la Magie, c'est possible, grommela-t-il. Ça ne prouve rien !
– Larfeld ne veut pas admettre que vous êtes le Prophète, expliqua Joronhee.
– Je n'admets pas le concept du Prophète !
– Allons ! Même quand tu l'as sous les yeux, tu ne veux pas le voir ?
– J'aurais tendance à être du même avis, dit Amalric. Je ne me sens pas Prophète en quoi que ce soit.
– Pourtant, vous en prenez les responsabilités ?
Amalric acquiesça.
– Morwenn fait peur à tout le monde. Si les gens ont besoin de croire que je suis le Prophète pour trouver le courage de se défendre, je ne peux pas les décevoir.
– Ce qui est tout à votre honneur, admit Larfeld. Mais je trouve cette fable de prophétie dangereuse. Imaginez que vous vous fassiez tuer. Les trois quarts des peuples libres vont sombrer immédiatement dans le désespoir !
Larfeld voyait juste. Amalric ne se pensait pas Prophète parce que le Prophète n'existait pas. Et Morwenn le savait. Il lui suffisait de faire assassiner un simple homme pour que la majorité de la population se retrouve sans meneur. Tout ça pouvait même se révéler être une exceptionnelle manœuvre de l'Ancien : en concentrant plusieurs attaques sur un homme précis, il lui donnait de l'importance, faisant grandir sa réputation, et faisait alors croire que cet homme-là représentait une menace. Morwenn désignant lui-même le supposé Prophète ! Les Peuples Libres, aveuglés par la peur, leurs croyances et l'espoir tombaient dans le piège tête la première, à suivre et vénérer... un épouvantail !

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Comme j'aime bien me disperser, alors que je suis déjà en pleine saga Trône de Fer de George RR Martin, et en pleine saga Brunehaut de Jean-Claude Poledri, je m'attaque maintenant à la mini saga de Didier Fédou : Les Terres de Légendes. "Mini" saga, car seulement deux volumes. Et à la limite ce n'est pas plus mal, ça évite de se perdre dans les personnages.

Celle-ci part de deux mondes différents.

Gaïa, notre Terre à nous, exempte de magie, génératrice de progrès, où les hommes se font la guerre pour un oui pour un non, où les hommes sont la race dominante, tellement dominante que les fées, les nains, les elfes, les gnomes ont disparu... Un monde triste.

Erya, l'autre monde, telle qu'était Gaïa à l'origine, avec la magie, la nature dominante, les hommes, les elfes, les fées, etc... Tout ce petit monde cohabite plus ou moins bien, avec plus ou moins de méfiance, cohabite oui, mais au moins existe.

Erya est en danger. Morwenn le Pourpre est de retour. Le grand méchant de l'histoire qui veut prendre le contrôle entier de ce monde, en éradiquer la "bonne" magie pour faire régner la terreur et le mal (routine quoi...). Une prophétie a été faite il y a des milliers d'années, qui disait que viendrait un jour où un "homme venu d'ailleurs" aurait le pouvoir de tuer Morwenn. Ce jour semble venu. Titania, la reine des Fées, a trouvé cet homme de la prophétie, désigné comme "le prophète" pour faire plus court. Elle l'a trouvé ailleurs en effet, sur Gaïa la triste, il s'appelle Amalric Tohngor. Et il est glorieux le prophète : un trentenaire, confit dans l'alcool, ancien flic, viré de la police car trop violent, reconverti en détective privé de bas étage. La grande loose.

Titania en est certaine, c'est le prophète, qu'il ne ressemble à rien ne compte pas, il a "l'aura", c'est lui! Et zou, un pti coup de magie des fées et voici notre Amalric Tohngorn parachuté sur Erya. Où il va errer quelques jours en se demandant ce qu'il lui arrive, avant de tomber sur Frost Kandalen, un nain, directeur d'un musée dans la ville de Chante-Merle, grand spécialiste de la prophétie. Si Amalric ne comprend pas ce qu'il fait là, Frost lui, a vite fait de piger le pourquoi du comment. Commence donc la grande épopée du prophète. Des amitiés se nouent, des rencontres majeures se font, des combats ont lieu...

Bref, bref, bref, une quête relativement classique dans le monde de la Fantasy (dit celle qui ne lit quasi jamais de Fantasy et donc finalement n'y connait rien!! ^^), le bien contre le mal, les gentils contre les méchants, un élu contre le grand grand méchant. A ceci près que j'aime ce côté décalé, où le héros vient de notre monde fortement urbanisé et moderne pour être catapulté dans un monde où l'eau courante n'existe pas, où l'électricité est loin d'être inventée, où le moindre voyage prend des jours et des jours à pied ou à dos de cheval alors qu'il prendrait à peine quelques heures en voiture... Un héros capable de s'exclamer avec de vrais gros mots (putain! bordel!). Un héros familier du pistolet et qui se retrouve à apprendre le maniement de l'épée. J'aime!

L'histoire me plait. Et servie par la plume du Sieur Fédou, que demander de plus? Pas la peine de vous parler du style, il n'y a qu'à aller voir mes précédents post sur Didier Fédou pour comprendre que j'adhère à son style d'écriture, à son vocabulaire, à son univers. Là où je râle avec lui, c'est quand je lis une nouvelle, car je trouve toujours que c'est toujours trop court et qu'il ne développe pas assez. Là, pas de souci, à près de 350 pages le tome 1, il développe! Voire même, il ne tombe pas dans le travers des sagas où parfois les auteurs développent tellement qu'on a juste envie de sauter des pages (enfin moi j'ai envie de sauter des pages, les descriptions à n'en pas finir du moindre brin d'herbe, y a un moment où ça gave). Les narrations restent vivantes. Bon, comme il faut que je chipote car j'adore chipoter, j'ai trouvé un poil lourd qu'on nous rappelle plusieurs fois la prophétie : Morwenn qui revient, le prophète qui arrive, la guerre qui démarre, bla bla bla. Un peu rabâchage.

J'ai également été un peu surprise par le début des Terres de Légendes, où nous avons la chronologie des évènements marquants de Erya, l'arrivée des Dieux, des Eternels, des Semi-éternels, des Elfes, des Fées, etc etc... C'était un peu long et d'un style un peu scolaire. Osons le dire, j'ai trouvé ça un peu chiant. Nécessaire, ok, je suis d'accord, mais avec tellement de faits et de noms qu'à la limite, à peine arrivée à la fin, je ne me souvenais plus du début. Heureusement, l'auteur n'a pas développé plus!!

Bref, ça se lit bien, on comprend bien qui est qui et qui fait quoi, les personnages sont attachants. Il faut dire qu'on reste très focalisé sur les gentils et qu'on va peu du côté des méchants, du coup, on n'a pas grand monde à haïr, personne à qui on a juste envie de coller des baffes. C'est fluide. Reste à savoir si le tome 2 va rester dans cette veine, si l'histoire ne va pas finir par tourner en rond, si les personnages vont évoluer, si ils vont tous survivre (on se doute que le bien va vaincre le mal, c'est couru d'avance, mais dans quel état les personnages vont-ils arriver au bout de cette épopée, mystère)... wait and see!