Chronique « Un homme de joie »

Scénario de Régis Hautière, dessin de David François,

Public conseillé : Adultes/adolescents

Genre : Aventure humaine
Paru aux éditions Casterman, le 1er avril 2015, 56 pages, 13.95 euros
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L’histoire

Sacha Bujak est ukrénien. Comme des milliers d’autres déshérités, Sasha fuit les russes et arrive à New York, la “ville debout” comme dit l’autre. Au garde-à-vous, même !
Avec 50 dollars en poches, le voici qui frappe chez son cousin Pavlo. Le gars est bon bougre, mais avec ses quatre petites dans le studio, Sasha est un invité plutôt encombrant. En attendant qu’il trouve un boulot, Pavlo le conduit chez une de ses connaissances.
Dans un énorme immeuble bourgeois, Sasha s’installe dans un cagibi, dégagé pour la circonstance. L’homme qui lui loue le lieu est l’ancien domestique d’une vielle femme très riche qui a cassée sa pipe. Il garde le gîte, contre l’obligation de s’occuper des 3 clébards, uniques héritiers de la vioque…Sasha apprend à connaître le vieux serviteur et les chiens, véritables hôtes de l’immense bâtisse…

Ce que j’en pense

Après “L’étrange affaire des corps sans vie” et “De briques et de sang”, Régis Hautière (au scénario) et David François (au dessin) collaborent sur une nouvelle série.
Ils posent leurs valises à New-York, en 1932. Terre d’espoir pour une génération d’immigrés venus chercher… quoi d’ailleurs ? Le rêve américain ?
Suivant de très prêt son personnage central, Régis traite son sujet à hauteur d’homme. Pour Sasha, il n’est pas question d’enrichissement ou de rêves de gloire, mais seulement de survie. C’est un homme simple, aspirant au minimum, qui se suffit d’un travail, d’un toit au dessus de sa tête et de quoi se nourrir.

Sans porter un jugement de valeur, Régis nous fait suivre le quotidien de Sasha et du “petit peuple” qui l‘entoure. Plaisirs simples, amitiés, rencontres, il brosse un portrait de la “poèsie du quotidien”. Les petites gens, l’argot des rues, le danger des milieux interlopes (tout proche), Regis nous balade et se contente de poser un regard bienveillant sur une époque et une frange de population.
Malgré cette “simplicité” du scénario, sans grandes scènes d’action (mais pas sans danger), j’ai été emballé par ce premier tome. Régis Hautière rend son personnage attachant et profondément humain. Rapidement, j’ai pris un grand plaisir à le suivre envie de suivre dans son initiation de l’époque et des métiers qu’il entreprend (bâtisseur de Gratte-ciel).
A la fin de ce premier tome, L’histoire glisse tout doucement vers… d’autres thèmes. De rencontres en opportunité, Sasha approche, un peu malgré lui, le milieu de la prostitution… Je me demande bien où Régis va nous emmener ?

Coté dessin, David François nous offre un graphisme très personnel. Ses personnages sont caricaturaux, ses décors plus sérieux, mais c’est surtout son encrage qui étonne. Réalisé aux pinceaux et à la brosse, sa technique esquisse la forme (plus qu’elle ne le fige), laissant de belles matières filer derrière le coup de pinceau. Le rendu est plus proche d’une “peinture “impressionniste” que d’une BD classique. Un peu floue, mais surtout très expressive, moi j’adore !
Grands paysages de ville vu du ciel, scènes de rues en mouvement et dialogues intimes, il ne s’interdit rien. Juste le plaisir du dessin et de l’émotion. Les couleurs, apporté à posteriori numériquement, détachent les plans et finissent l’ambiance. Si vous êtes étonné par ce dessin atypique, laissez vous submerger. Lisible, émouvant, touchant, il accompagne divinement le récit simple et beau de Régis.

Cet article fait parti de « La BD de la semaine », hébergé sur « Un Amour de BD » cette semaine. Vous pouvez aussi retrouver les BDs de la semaine…

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