Londres, 1888.
L’obscur voile de la terreur est tombé sur la capitale depuis que la reine Victoria s’est unie au sulfureux comte Dracula. Sous son influence, les citoyens sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des vampires, toujours plus puissants.
Mais la riposte ne se fait pas attendre. Dans les sinistres ruelles de Whitechapel, un assassin surnommé Scalpel d’Argent massacre les prostituées aux canines un peu trop aiguisées. Lancés dans la traque du tueur, Geneviève Dieudonné, une vampire à la jeunesse éternelle, et Charles Beauregard, espion pour le Diogene’s Club, vont devoir gravir les échelons du pouvoir. Et s’approcher dangereusement du souverain le plus sanguinaire qu’a jamais connu le royaume.
Mon avis :
Nous suivons plusieurs personnages, certains ayant joué un rôle dans Dracula, d'autres sortant de l'imagination de Newman. Ainsi, nous faisons la connaissance de Geneviève Dieudonné, une vampire qui présente l'aspect d'une adolescente de 16 ans, qui travaille avec le Dr. Seward (dans Dracula, rappelez-vous le prétendant éconduit par Lucie). Elle fera la rencontre de Charles Beauregard avec qui elle enquêtera sur les meurtres se déroulant à Whitechapel.
Newman fait également intervenir des personnages historiques (Florence Stoker, Joseph Merrick plus connu en tant que elephantman, Jack l'éventreur évidemment, etc.), et fait des clins d'oeil à plusieurs personnages de la littérature de l'époque (le Dr. Jekyll par exemple).
L'auteur a fait énormément de recherches sur cette époque et cela se sent. Malgré quelques longueurs, l'Angleterre victorienne est clairement reconstituée, aussi bien depuis les bas-fonds de Whitechapel que depuis le perchoir "aristocratique".
L'écriture est fluide et le lecteur est pris dans l'histoire, découpée en plusieurs courts chapitres, à l'image des romans-feuilletons de la fin du XIXème siècle.
Jack l'éventreur est une voix majeure du livre puisque nous pouvons lire son journal intime (clin d'oeil à ce journal appartenant soit-disant au meurtrier mais qui s'avère être un canular ?). L'enquête historique est reprise en détail et adaptée à une société où les vampires prennent le pouvoir. Les "lettres" de l'éventreur sont incluses dans l'histoire, de même que l'ordre chronologique des meurtres (et double-meurtre).
Ce côté de l'histoire m'a particulièrement plue, étant intriguée comme beaucoup par cette énigme criminelle.
Finalement, Anno Dracula est pour moi, malgré des faiblesses certaines, une histoire prévisible et une fin bâclée, la suite possiblement logique du chef d'oeuvre de notre cher Bram Stocker. C'est une uchronie, vous me direz, donc pas tellement dans la descendance de Dracula. Soit, mais Dacre Stoker et Ian Holt, en reprenant les ingrédients de l'aieul du premier, ont lamentablement échoué dans l'écriture d'une suite (Dracula l'immortel). Bref, si Dacre et Ian n'ont pas le génie, Kim a montré tout son talent et je ne me suis pas ennuyée à la lecture de ce petit pavé livre.
Poppy (à la recherche de Jack l'Eventreur depuis 1888)