Mon avis : D’emblée de jeu, on plonge dans un style très poétique, auquel on adhère sans mal et qui nous emporte, entre autres, dans une vaste réflexion sur de nombreux sujets ; la place du rêve dans notre quotidien venant évidemment la première. De là, entrer dans l’univers très particulier de l’auteur se fait tout seul, on s’y croirait dès les premières pages.
Une impression qui trouve sans doute aussi sa source dans un monde particulièrement fouillé. Le moindre détail a été pensé, les rêves matérialisés et leurs conséquences sont tellement incrustés dans la vie quotidienne des personnages qu’on croirait presque qu’un tel monde existe. Le souci du détail est certainement un des grands points forts de cette œuvre.
Par ailleurs, presque chaque chapitre est comme une petite histoire à part entière, reliée aux autres par l’univers dans lequel elles se passent. On voit ainsi les dérives de ce monde, les utilisations de ces rêves matérialisés, les chemins qui mènent au fameux syndrome du scaphandrier (syndrome définissant les rêveurs qui s'enfoncent trop loin, trop longtemps dans le rêve et qui n'arrivent plus à en revenir), les trajectoires de plusieurs personnages par rapport à ce « pouvoir », autant dans le présent que dans le passé. On peut ainsi découvrir comment était ce monde avant la découverte des scaphandriers, où les personnages ayant ce pouvoir pensent, par exemple, être des mediums et voir des fantômes car ils ignorent ce qui se passe vraiment et d’où viennent ces choses qui apparaissent à leur réveil.
Mais le résumé et le premier chapitre laissaient penser à quelque chose de plus haletant, plus versé du côté thriller, avec ses cambriolages de rêves et ses femmes fatales. Finalement, aussi intéressant que soit l’histoire et son traitement, on ressent par moment un certain manque de rythme et on ne peut s’empêcher de se sentir tromper par le résumé qui met vraiment en avant des points qui sont en total retrait dans l’histoire.
Deuxième et dernier gros point négatif à mes yeux : le traitement de l’histoire est tel qu’on parle beaucoup du monde des rêves et qu’on réfléchit sur bien des aspects. Mais le problème, c’est que, si en parler, c’est bien, le découvrir par soi-même, c’est quand même mieux. Or, on passe à mon goût bien trop peu de temps dans ce monde « rêvé ». Environ trois-quatre chapitres en tout je dirais. Le premier et un ou deux vers la fin. Le reste se passe en quasi-totalité dans le monde réel, qui est aussi intéressant car l’auteur a su le façonner selon le commerce des rêves matérialisés, mais mes attentes ont du coup été assez déçues sur ce point.
En bref, une lecture plaisante et originale, qu’on ne regrette pas, mais qui manque cruellement de rythme par moments et dont la présentation induit le lecteur en erreur.
Murphy