Alors ? Le point négatif principal est la mise en page plutôt étrange. La taille d’écriture change suivant les histoires et si, au départ, on trouve ça original, quand on se retrouve au crépuscule à vouloir déchiffrer des lignes écrites en taille 6, ça fait mal. Je précise quand même, à la décharge du livre, que lesdites histoires écrites en miniatures ne durent qu’une dizaine de lignes, tout au plus. Reste que tout ceci m’a assez déçu malgré tout.
Un second point avant d’en venir aux qualités du livre, est une nouvelle dont j’ai oublié le titre. Je crois qu’il s’agit de l’histoire « Fishman » qui m’a simplement fait détester les personnages principaux. Déjà dans une nouvelle antérieure, on retrouve dans l’histoire cette impression presque malsaine d’être dans une foire aux monstres. Oui, c’est un peu le but, je l’accorde. Peut-être même que j’ai oublié mon second degré dans un placard au moment de ma lecture. Mais là, on expose vraiment certains protagonistes « monstrueux » comme des choses qu’on peut opérer et exposer comme on veut. Et quand ces derniers s’en plaignent, en somme on leur dit « ouais, ouais, ferme-là et dégage maintenant qu’on a ruiné ta vie ». J’exagère sans doute la chose, mais ce point m’a quand même titillé sur le moment.
Passons maintenant aux bonnes choses. Parce que le point que je viens d’évoquer ne concerne, tout au plus, que deux nouvelles, donc pas même plus de dix pages. Les autres histoires sont, pour la plupart, vraiment prenantes. Pour ma part, j’ai même trouvé que plus on avance dans le livre, plus les nouvelles deviennent bonnes.
J’ai déjà parlé de celles qui m’ont déplu, alors on va les laisser tranquilles à présent. La première qui me revient est celle de « l’appartement dont les locataires disparaissent ». La dénommée « Les angles universels » a un côté très Lovecraftien qui ne pouvait qu’attirer ma sympathie. On suit l’histoire au travers du journal qu’à laisser l’un des membres du club. Ce dernier a accepté de devenir le locataire de l’endroit et relate donc sur papier les étrangetés qu’il y repère. Le tout dans un style très soutenu (comme le reste du recueil) qui colle parfaitement à l’ambiance générale.
L’autre nouvelle qui me revient d’office est celle qui a donné son titre au recueil. « Le miroir noir » parle, sans surprise, d’un miroir à la surface totalement noire. En plus de cet aspect atypique, quiconque essayant de se regarder dedans semble voir des choses assez étranges, dignes d’Alice au pays des merveilles. Sans en dire davantage, cette histoire-ci reprend le thème du miroir et tout ce que ça suppose avec brio.
Enfin, la dernière nouvelle qui m’a marqué est « Le grenier », qui parle donc d’une chose qui se cache dans ledit grenier. Reprenant tous les codes de l’histoire de fantôme, l’auteur a préféré nous surprendre sur la fin avec un retournement de situation aussi bien amené que glaçant.
Petite pensée aussi pour l’une des dernières histoires du recueil ; « Cube » nous fait explorer une expérience scientifique plutôt spéciale puisqu’on y retrouve un enfant d’une dizaine d’années dans un cube de verre. Il n’a jamais rien connu d’autre que les parois sans teints de son cube et rien que l’idée en elle-même vaut le détour.
Pour faire court, Le miroir noir et autres curiosités vaut le coup grâce à ses idées assez particulières et son ambiance que je ne saurais définir, entre le roman gothique et l’ambiance du cirque. Sans oublier une pincée d’ironie et de sarcasmes de la part de certains personnages qui complète l’ambiance « Thievicz ». Malgré quelques reproches, on en ressort quand même vraiment satisfait. Le tout ne dépasse pas les 100 pages, pour une lecture aussi brève que marquante. Il y a, d’ailleurs, à ce jour deux suites : « Les vanités et autres curiosités » et « Suicide club et autres curiosités ». Et rien ne dit que ces deux autres recueils seront les derniers dans cette veine-là.
Murphy