Chronique « Reconquêtes (T3) »

Scénario de Sylvain Runberg, dessin de François Miville-Deschênes,

Public conseillé : Adultes/Grands adolescents

Style : Fiction Historique
Paru aux éditions du Lombard, le 26 juin 2015, 48 pages, 14.45 euros
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L’histoire

“La horde des vivants” est tombée dans un piège en portant assistance à la cité Ziwiyé. Mais l’alliance Scythe, composée des guerriers Cimmériens, de la tribu des Sarmates et des Calipides et leurs griffons a eu raison de la ruse de leurs ennemis.
A l’issue de l’écrasante victoire, un bataillon solitaire de Sarmates, est envoyé en éclaireur pour traquer les survivants. Thusia la scribe, qui s’est distinguée durant la bataille, chevauche parmi les guerrières. Attaqués par surprise par un groupe de Kourgane, elles paient un lourd tribu, mais en sortent vainqueurs.
De retour au sein de la horde, Thusia commence à douter du bien-fondé de sa venue au sein de l’alliance Scythe…

Ce que j’en pense

Depuis deux tomes déjà, Sylvain Runberg et François Miville Deschênes nous régalent de leur magnifique fresque mésopotamienne. Dans ce monde (peu exploité en bande dessinée), trois tribus Scythes (Sarmates, Callipides et Cimériens), forment “La Horde des vivants”. Malgré les différences profondes qui forgent leurs identités (culture, croyances et sociétal), les scythes doivent s’unir devant une menace commune : les Hittites.

Exigeante, étonnante, superbe, “Reconquêtes” est une fresque aussi belle que sauvage. Porté par le graphisme réaliste et impressionnant de François Miville Deschênes, Sylvain Runberg développe une « grande tragédie classique ». Aventure humaine qui se joue autant au niveau personnel (les souverains) qu’au niveau des peuples, il raconte l’intrigue (pour savoir qui prendra le contrôle) et de grandes batailles spectaculaires dans lesquelles hommes, femmes et bêtes sauvages dressées (éléphants, taureaux, ours…) s’affrontent sauvagement.
Dans ce récit de sang et de larmes, la violence des combats trouve son pendant dans les conflits opposant les trois souverains.

La fin du second tome marquait le “pivot central” du récit. La “Horde des vivants” emportait une demi-victoire contre les Hittites. La bataille est gagnée, mais il faut pourchasser le roi Hattushli dans sa forteresse pour mettre un terme à la guerre. Cette nouvelle donne s’accompagne d’une question fondamentale : La Horde a-t-elle une raison d’être ?

Plus interne qu’épique, ce troisième tome se concentre sur l’humain. Sylvain Runberg explore les dissensions, en ré-utilisant intelligemment chaque « graine » (La mort de Mestor par exemple). Il joue avec les luttes de pouvoir, alliances, trahisons et dévoile le “vrai” rôle de Thusia, la scribe babylonienne…

Enfin, il n’hésite pas à mélanger à sa “fiction réaliste”, un fantastique mythologique tout droit sorti des grandes épopées grecques. Griffons ailés, demi-déesses et magie Atlante interfèrent dans le destin des hommes.

Tous ces moments sont mis-en-image par le visuel spectaculaire de François Miville Deschênes. Son dessin dynamique, rehaussé de couleurs directes à l’aquarelle est magistral !
Son style classique et puissant, très cinématographique, n’est pas sans me rappeler le travail du regretté Philippe Delaby (“Muréna”, “La complainte des Landes perdues”), dont l’approche réaliste et détaillée me laissait pantois. Dans la même veine, François se rapproche de cet illustre dessinateur.
Ce nouvel épisode lui permet de varier les ambiances. Montagnes enneigés ou marais putrides, ses teintes nous transportent dans des paysages et des époques grandioses.

Seul bémol à cette fantastique geste, Les méchants Hittites sont un peu délaissés, autant dans la description de leur civilisation que dans la psychologie de leur roi. J’aurais aimé en connaître plus pour opposer à « La Horde » un ennemis digne d’eux.

Pour finir, je peux vous dire que j’attendrais avec impatience la fin de cette série (4e tome à venir) pour voir comment les auteurs vont conclure ce choc des titans, version mésopotamien !