Malpertuis, de Jean Ray

Malpertuis   Résumé : Ça commence par le désir de l'oncle Cassave, un vieil homme sur le point de trépasser, de réunir les membres de sa famille afin de leur imposer ses dernières volontés. Jean-Jacques Grandsire (l'un des narrateurs du roman), sa soeur Nancy, la cousine Euryale, le cousin Philarète, Lampernisse, Mathias Krook, Charles Dideloo, Sylvie, le Dr. Sambucque, le couple Griboin, les soeurs Cormélon et d'autres (ça fait déjà pas mal). Tous devront vivre dans la maison, à Malpertuis, ne jamais la quitter et les deux derniers survivants pourront se partager l'énorme héritage de l'oncle Cassave.

   Notre avis : Au départ, on ne comprend rien, exactement comme les protagonistes : pourquoi les lumières de Malpertuis s'éteignent-elles et Lampernisse s'en fait-il le gardien ? Qu'est-ce qui se cache dans le grenier ? Sont-ils tous fous ? Car les personnages sont plus étranges les uns que les autres.

   Puis l'étrangeté, le mystère de l'ambiance s'allie vite à l'épouvante. Tout est noir, oppressant et à la fois tellement envoûtant dans cette histoire. Tout est en subtilité, presque surréaliste (ce qui nous a beaucoup fait penser au Golemde Meyrink), et on se laisse lentement entrainer dans cet OLNI (Objet Littéraire Non Identifié). 

   S'il est dommage qu'il y ait tant de personnages - ce qui nous perd au début - toutes les pièces du puzzle s'assemblent parfaitement en cours de route. Et tout nous parait soudain évident. A ce titre, Jean Ray a réussi là la meilleure chute de l'histoire de la littérature.

   A vrai dire, le nombre de personnages et la construction désordonnée peuvent vraiment rebuter au départ. Cela nous a ralenti dans notre lecture tant certaines scènes paraissent difficiles à comprendre. On se demande si on a bien lu, si telle phrase est une façon de parler ou à prendre littérallement, et puis on finit par passer à autre chose pour avancer dans ce casse-tête littéraire. Toutefois, tout ceci vaut réellement le coup.

   Le livre est scindé en deux parties : "Alecta" - première partie où on ne comprend pas grand chose donc - et "Euryale". 

   C'est donc cette seconde partie qui donne des réponses, où tout prend son sens et c'est simplement génial. Jean Ray réussit son tour de magie avec brio, tout nous parait soudain clair et même si évident qu'on se demande comment on a pu ne pas comprendre plus tôt. Arrivé à la dernière page, on le relirait même une seconde fois.

   En bref, c'est un roman fantastique terrifiant et réussi ! Si vous ne le connaissez pas encore, il va vite falloir rectifier cette erreur.

Poppy et Murphy