Alan Moo… pardon le scénariste originel (cela me fait toujours autant rire…) nous a offert avec Miracleman un récit super-héroïque d’une rare profondeur. Des histoires en avance sur son temps et qui marque les prémices des super-héros que l’on peut voir aujourd’hui. Avec cette magnifique édition de Panini, j’ai découvert ce personnage et ses histoires fantastiques, j’attendais donc ce troisième tome avec une grande impatience, à l’idée de lire, une nouvelle fois, de formidables histoires.
Bien que ces histoires puissent paraître difficiles d’accès au premier abord, il n’en est rien, Alan Moore crée une mythologie cohérente, des personnages qui nous parlent, des situations rocambolesques mais réfléchies, rien n’étant laissé au hasard. Et lorsqu’on se force un peu pour rentrer dans l’histoire, nous découvrons un univers fantastique !Tandis qu’une menace extraterrestre plane sur la famille Miracleman, un autre survivant du projet Zarathroustraréapparaît. Ces événements rappellent au héros la dure réalité des faits : être un surhomme a un coût et il est impossible de faire machine arrière. D’autre part, un ancien adversaire revient pour transformer le monde de Miracleman en véritable enfer…(Contient : les épisodes Miracleman #11 à 16 et All-New Miracleman Annual #1)Nous pourrions très bien dire que le premier tome de Miracleman aborde le présent de notre héros, le moment où il se réveille, reprend connaissance, revient à la vie. Le second tome serait alors le passé de notre héros, avec beaucoup d’explications sur le pourquoi du comment. Dès lors, et de façon indéniable, ce troisième volume est le « futur » de Miracleman, le moment où nous assistons à la modification du monde, à la transformation d’un super-héros en dieu !1987, depuis une cité fabuleuse, depuis un palais inimaginable, Miraclemannous narre les événements des cinq dernières années, les événements, parfois, souvent, tragiques qui ont mené à ce changement pour le monde, à cette nouvelle vision de Miracleman ! Et on peut dire que les événements s’enchaînent, les surprises ne cessent et les tragédies s’accélèrent pour notre héros tout juste réveillé. Et cela tout autant dans sa vie de super-héros que dans celle plus privée d’homme, de mari et de père. Rien que sur le plan personnel, les changements vont être nombreux et brutaux. Si l’un est plus que compréhensif, l’autre est assez surprenant. Mais surtout cela permet à Alan Moore de se débarrasser de Michael Moran et de concentrer tous ses efforts et toute son attention sur Miracleman, même si on comprend facilement que si l’aspect humain n’est plus, Miracleman cristallise l’humanité face au fantastique, face au divin, face à l’inconnu. De façon plus fantastique, notre héros rencontre des extraterrestres, dont les fameux Warpsmith que nous avions déjà rencontré, mais aussi les Qys, profondément liés à la famille Miracleman ! Une famille qui s’agrandit avec l’arrivée de la magnifique et troublante Miraclewoman, pour qui Miraclemanne peut s’empêcher d’avoir des pensées pas très catholique. Grâce à elle, il va en apprendre plus sur son passé, puis continueront d’en apprendre ensemble grâce aux Qys.A partir de cette rencontre du troisième type, Miracleman change de vision sur lui-même. Ils sont plus que des héros, plus que des super-héros, ce sont des dieux ! Et avec de tels pouvoirs, de telles responsabilités, ils se doivent de modifier le monde, de le bonifier. Et c’est ce qu’ils font faire, et dont nous voyons les résultats extraordinaires et fantastiques en 1987.
Mais que serait un héros, un super-héros, un dieu, sans ennemi à combattre, autre que la faim, la guerre ou l’économie bien entendu ? Et c’est à ce moment que Kid Miracleman se rappelle aux bons souvenirs de notre héros. Le petit Johnny Bates ayant été poussé à bout et obligé de libérer son alter égo maléfique. Alan Moore n’hésitant pas à aller très loin dans la violence et l’inacceptable pour nous montrer la force de résistance de ce petit garçon. Comment lui en vouloir d’avoir craqué avec ce qu’il a subit ?Par contre difficile de ne pas être mal à l’aise devant les horreurs que Kid Miracleman commet à Londres. Un véritable massacre, un charnier dérangeant, une multitude de visions d’horreurs. Nous assistons alors à un combat titanesque où chaque coup serait capable de briser une montagne. Une grande intensité donc pour ce combat et un final bouleversant, presque dérangeant, avec ce pauvre petit Johnny cul nu et en larmes. Toute l’horreur et la dureté de la scène parfaitement retranscrite par John Totleben au dessin.John Totleben, qui nous livre, une saga Olympus absolument superbe. Un régal pour les yeux du début à la fin. Nous vivons le combat, vivons les horreurs, nous sommes transportés sur une autre planète, ressentons les émotions. Tout est juste, tout est parfait. La scène de danse nous emporte, Londres après le combat nous serre le bide, on a l’impression de nous voir à chaque réaction de Miracleman. Ses personnages sont charismatiques et si beaux. Comment ne pas être emporté par le travail de cet artiste procurant une telle profondeur aux écrits d’Alan Moore ?