L'OGRE

Didier FEDOU

« Je ne craignais pas le maire, ni ses relations, mais Albrecht Louvier me surveillait de toute sa hauteur, un pouce passé à la ceinture, l'autre main posée sur sa collection de marteaux. En seraient-ils capables ? Mesuraient-ils les conséquences ? Je sais pas, toujours est-il que je préférai ne pas jouer avec Louvier. Vingt ans plus tôt, j'aurais fait le héros. Je l'aurais bousculé pour l'éloigner des marteaux, tiré l'épée pour donner du poids à mes paroles, et mis tout le monde aux fers. Ouais, le maire aussi. Aujourd'hui, j'ai l'air d'un vieux salopard, j'ai le regard dur, les rides autoritaires. Je me tiens droit et je cause en serrant les dents. Je suis un vieux loup solitaire et je transpire la menace. Je fais forte impression, toujours. J'arrive quelque part et les conversations se taisent, on me regarde et on sait que s'il y a un Homme avec une paire de *ouilles bien accrochées dans le coin, c'est moi, on comprend vite que j'en sais long sur la vie et qu'il ne faut pas me chercher, sauf si on veut des ennuis.

Mais tout ça n'est plus que de la façade. Je suis vieux. Je fais beaucoup d'efforts pour le cacher. Ça change rien. Je suis vieux et ça va pas s'arranger. De fait, j'étais bien incapable de tenir tête à un monstre comme le forgeron. J'ai dû ravaler ma fierté, et c'était un sacré morceau, faire taire mon ego malmené, pour avancer dans le couloir créé par les deux hommes et quitter la forge. L'air palpitait de nervosité. »

À Mavenk, petit village paysan aux frontières du royaume, des habitants sont retrouvés morts, démembrés. Le capitaine de la garde royale, Luderik Aghraddon, prend l'affaire, pressé par le maire : le village doit accueillir une grande foire agricole, vitale pour sa survie financière, une vague de meurtres ferait tâche.

Le capitaine Aghraddon découvre que les intérêts des suspects sont aussi nombreux que les victimes qui se multiplient. Assassinats pour récupérer les terres des défunts ? Manœuvres politiques pour remplir les caisses ? Querelles de voisinage ? Serait-ce le fait des Gorthaurs – les Peaux-Vertes – qui rôdent dans la région ?

Retrouvez dans ce polar fantasy l'univers des Terres de Légendes, dont vous avez eu un aperçu dans « Le cueilleur de mousses » et toile de fond du roman éponyme « Les Terres de Légendes », du même auteur.

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Encooooore du Didier Fédou, mais cette fois-ci une nouvelle. Ce n'est pas que je sois scotchée spécialement à cet auteur, mais vu que l'action de cette nouvelle se passe sur Erya, monde parallèle au nôtre dont je sors à peine avec la lecture des Terres de Légendes, autant rester dans le jus, le bain, avant de passer à autre chose.

Cette fois-ci, point de Amalric le prophète. Point de roi Joronhee. Juste un capitaine de la garde royale qui vient mener l'enquête sur une mort inexpliquée. Un homme a été retrouvé, le bras coupé. Qui a fait cela? Qui qui qui?

Le début de l'histoire m'a irrésistiblement fait penser au film Sleepy Hollow. L'ambiance plutôt que le personnage du capitaine. Bon, m'a fait pensé, mais n'a rien à voir, le héros est vieux et ne se distingue par aucune méthode inédite, il n'y a pas de magie dans l'histoire... Pour tout dire, il fait un peu peur le héros : capitaine de la garde royale, ok, mais dès qu'il se bouge un peu trop, notre héros il a le coeur qui s'emballe et est à deux doigts de l'infarctus. Il craint un peu le héros! LOL

Le village va bientôt recevoir les honneurs de la grande foire, des profits en perspective, il ne s'agit pas de faire fuir ni les vendeurs, ni les acheteurs, pour une sombre histoire de mort inexpliquée, avec mutilation bien gore. Le maire est aux taquets! Les hommes de la milice du village aussi, c'est leur moment de gloire, ils sont persuadés que le coupable est un gorthaur. Un genre de grand méchant pas beau qui aime bien tuer. (D'ailleurs à ce propos, Monsieur Fédou, ça va que j'ai lu les Terres de Légendes et que donc je vois ce que c'est qu'un gorthaur, parce que là, dans l'Ogre, on ne comprend pas super bien). Et ça tombe bien cette idée, il y a justement une bande de gorthaurs qui a été repérée pas bien loin du village...

C'est une nouvelle, je ne vous raconte pas l'histoire, vous savez pourquoi (je ne vais pas vous le dire à chaque nouvelle que je lis, hein, ça va, vous avez compris!). Le style, c'est du Fédou, donc, là encore je ne vais pas vous faire l'article, vous savez ce que j'en pense, pas la peine de me répéter encore.

Je dois dire que j'ai été un petit peu déçue par cette nouvelle. C'est bien écrit, c'est rythmé, il y a de la vie, bla bla bla, c'est perfect, ok ok, mais c'est aussi un petit bout d'histoire de la vie de Erya, le monde parallèle. Et on n'en parle pas. Cette nouvelle devrait être un genre de teasing qui donnerait envie d'aller lire les Terres de Légendes, et il n'en est rien. On ne sait pas si l'histoire se passe avant ou après la grande guerre contre Morwenn. On ne sait même pas que Morwenn existe. C'est dommage, ça pourrait être un tremplin vers le roman. Un peu comme Bilbo le Hobbit est un tremplin pour aller lire Le Seigneur des Anneaux.

Deuxième déception : le titre de la nouvelle. Carrément ça spoile une partie du dénouement! Dès le début on se dit que l'on va rencontrer un ogre ou une allusion à un ogre dans l'histoire. Bon, si on n'a pas lu les Terres de Légendes, on a au moins l'illusion de penser qu'un gorthaur c'est un ogre, ça spoile sûrement moins.........

Ca reste néanmoins une bonne petite nouvelle fantasy. ^^

Allez, à la prochaine lecture, on quitte Didier Fédou, c'est promis, retour dans notre bon vieux XXIème siècle : j'ai le dernier Vandroux sur le feu!