Adieu aux espadrilles, Arnaud Le Guern

Par Bouquinovore @bouquinovore

Auteur:Arnaud Le Guern Titre Original: Adieu aux espadrilles Date de Parution : 20 août 2015 Éditeur :Le Rocher éditions ISBN: 978-2268080437 Nombre de pages : 152 Rentrée Littéraire 2015 Prix : 17,00 €
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Quatrième de couverture : Finalement, il n'y a toujours eu que nos étés... J'avais envie de te raconter ce que tu sais déjà. Nos semaines plein soleil, les jours et les nuits où nous n'en faisons qu'à notre fête. La légèreté des petits matins, la plage des Mouettes, les baignades, les terrasses ombrées, les caresses sous l'oeil de la lune. Après, il sera trop tard. La lourdeur des feuilles mortes écrase la douceur des choses. Écrire, ce devrait être ça. Pas de scoops, d'enfants cachés, de cadavres en carton-pâte. Juste les minutes fugitives d'une saison belle comme la porcelaine de Mort Shuman chantée par Sophie Barjac.
Extrait :
Finalement, il n'y a toujours eu que nos étés.
Nous sommes sur les rives du lac Léman. Il est à peine midi. Nous repartons dans trois jours. Je te regarde t'apprêter. Une robe en lin blanc, à fines bretelles, te pare jusqu'à mi-cuisse. Tes cheveux effleurent tes épaules bronzées. Un zeste de mascara ombre tes cils. Tu soulignes tes lèvres d'un trait de gloss. Tes pieds nus réchauffent le carrelage de la salle de bains. Tu hésites, m'interroges : sandales ou ballerines ? Les deux me plaisent. Tu ne sais jamais quelle paire choisir. Ça fait longtemps que tu n'as pas porté tes ballerines. Tu décides d'enfiler tes sandales. Je souris.
- Pourquoi me poses-tu la question ? - Tu aimes quand je te demande ton avis. - Tu es incroyable ! - J'ai tort ? - Tu as toujours raison. - Je me dépêche. - Surtout pas ! - Pourquoi ? - Il est interdit, ici, de se presser.
J'avais envie de te raconter ce que tu sais déjà. Nos semaines plein soleil, les jours et les nuits où nous n'en faisons qu'à notre fête. La légèreté des petits matins, la plage des Mouettes, les baignades, les terrasses ombrées, les caresses sous l'oeil de la lune. Après, il sera trop tard. La lourdeur des feuilles mortes écrase la douceur des choses. Écrire, ce devrait être ça. Pas de scoops, d'enfants cachés, de cadavres en carton-pâte. Juste les minutes fugitives d'une saison belle comme la porcelaine de Mort Shuman chantée par Sophie Barjac.
J'aurais pu poser mes mots sur un papier blanc à en-tête d'hôtel. Échos de nos ouiquendes passés : Trouville et le Flaubert; le Radison Blue à Vienne; la Ferme Saint-Siméon à Honfleur ; le Palais Farraj de Fès ; Saint-Malo et les mouettes sur le balcon des Ambassadeurs. J'aurais posté, chaque matin, mes phrases de la veille. Sur l'enveloppe : ton nom, Les Clématites, quai Paul-Léger, 74500 Évian-les-Bains. La ville d'eau, ma maison de famille, l'appartement que nous prête ma mère. Tu aurais reconnu mon écriture hâtive. Te serais empressée de me lire, dans la surprise. Mais les lettres, aujourd'hui, sont portées disparues. Je n'ai pas la patience des avis de recherche.
J'ai préféré noircir un Note book Vogue Paris. Je le trouve très chic. Il tient dans ma main, dans ma poche. Je ne sais pas quel mannequin est en couverture. Française ? Slave ? Italienne ? Une jolie brune en robe à frou-frou, révélant épaules et bras, shootée par Inez & Vinoodh. Elle porte des bas résiliés et des escarpins rouge vif. Sur le présentoir de la maison de la presse, rue Nationale, elle semblait me faire de l'oeil. Je lui ai tourné autour, j'ai failli lui parler. Elle me faisait penser à toi. Vous partagez quelque chose dans les yeux, le port de tête, l'art de croiser les jambes. Une grâce immédiate. Je suis reparti avec Vogue, le Note book et le mannequin. Je ne les quitte plus.