Une silhouette qui semble parfois glisser sur le sol sans toucher terre. Vêtue d’une marinière et d’un tchador en guise de cape, une jeune femme est bien décidée à remettre un peu d’ordre dans ce chaos.
Sa colère est exclusivement dirigée vers des hommes et surtout ceux de la pire espèce, ceux qui s’en prennent aux femmes. Dans ces moments-là, ses lèvres se retroussent laissant apparaitre deux canines que rien ne peut plus arrêter…
Une nuit, elle croise Arash, beau gosse affublé d’un père toxicomane. Une romance se dessine entre eux. Leur romance sera compliquée ou ne sera pas…
On ne peut s’empêcher de voir dans le personnage d’Arash un clin d’œil à James Dean, celui de Géant au milieu des champs de pétrole, ou celui de La Fureur de vivre au volant de sa superbe voiture ancienne, jean et tee-shirt blanc moulants de rigueur pour appuyer le trait.
Dans le making of contenu dans les bonus, Ana Lily Amirpour la réalisatrice, parle de son film comme d’un « western vampirique » et il y a vraiment de ça. Les décors et la mise en scène y contribuent largement, les larges rues de la ville comme une ville du Far West, la centrale électrique avec le train de marchandise à proximité et bien entendu les derricks. Des champs entiers de derricks qui pompent inlassablement le pétrole de la terre comme le vampire pompe le sang de ses victimes depuis des siècles. Le tout filmé dans un noir et blanc qui accentue encore le côté gothique et surnaturel de ces décors pourtant à dominante industrielle. La version originale en persan ajoute au dépaysement.
Ana Lily Amirpour cite également l’influence des réalisateurs Sergio Leone et David Lynch et sa passion pour les romans d’Anne Rice, influences que l’on retrouve à l’écran. Certains regretteront sans doute un côté lent et esthétisant mais j’ai vraiment apprécié ce parti-pris. Les plans sont superbes, certaines scènes magnifiquement filmées, portées par l’expressivité des regards qui dispensent de tous dialogues qui ne seraient que redondants. A noter également, une très belle scène, à la tension sexuelle palpable mais d’une extrême sobriété qui démontre une grande maitrise de son art. Ana Lily Amirpour est une réalisatrice dont on n’a pas fini d’entendre parler. Et ce n’est pas Elijah Wood qui vous dira le contraire puisqu’il a coproduit ce premier long métrage.
A Girl walks home alone at night est un des meilleurs films dans le genre fantastique que j'ai vu récemment, un film que je vous recommande !
Un film sorti en DVD le 3 juin 2015 chez M6 Vidéo SND.
Merci à M6 Vidéo et à Cinetrafic
pour son opération « un DVD contre une critique » !