Chronique « Les Tuniques Bleues présentent (T1) Les grandes batailles »
Scénario de Raoul Cauvin, dessin de Willy Lambil,
Public conseillé : tous publics
Style : Aventure, Western, Humour, Historique,
Edité par Dupuis, le 27 février 2015, 112 pages couleur, 14.50 euros
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Une série de légende
“Les Tuniques Bleues” est une série plébiscitée depuis ses débuts par le public. Elle a tout connu en termes d’édition : format souple, cartonné, intégrales diverses… pour 58 albums parus.
Aujourd’hui, les éditions Dupuis proposent une série de dix doubles albums intitulée “Les Tuniques Bleues présentent…”. Le premier titre, publié en février 2015, aborde “Les grandes batailles”, en réunissant deux très bons albums, “Bull Run” (T27) et “Les Nancy Hart” (T47), auxquels s’ajoute un dossier (signé par Philippe Tombelaine) qui met en valeur le formidable travail de documentation de Raoul Cauvin. La re-lecture des aventures du caporal Blutch et du sergent Chesterfield n’en est que plus passionnante et… amusante.
Ils sont quatre aux débuts de la série que dessine Louis Salvérius
Née en août 1968 de l’imagination de Raoul Cauvin et de Louis Salvérius, la série “Les Tuniques Bleues” se lançait sur le modèle humoristique du “Lucky Luke” de Morris pour raconter les aventures (ou mésaventures) de quatre soldats de l’armée fédérale américaine.
Le principe était simple : des uniformes bleus, du western à la John Wayne et de l’humour. La série est lancée dans le Journal de Spirou et vite, Raoul Cauvin comprend qu’il doit réduire cette équipe et s’appuyer sur ce duo devenu inénarrable du sergent Cornelius Chesterfield et du caporal Blutch, un duo à la Laurel et Hardy, personnages antinomiques autant pour leur physiques que pour leurs caractères. L’un est un militaire gradé, engagé, volontaire, voire borné et infiniment respectueux de l’armée ; l’autre, est un brin désabusé, désinvolte et prêt à tout pour déserter afin de sauver sa vie. Les ordres stupides et les batailles enragées vont souvent créer des brèches autour de ce couple toujours obligé de se supporter.
Batailles, oui, car rapidement “Les Tuniques Bleues” vont rejoindre une période riche et déchirante de l’Histoire américaine, celle de la Guerre de Sécession. Cauvin trouve là un théâtre d’opération à la hauteur de ce qu’il souhaite offrir aux lecteurs : une série amusante qui se sert intelligemment des faits historiques. Le scénariste y recueille une formidable diversité de sujets dont il se délecte en tant que fana de recherche en documentation pour émerger avec un thème qu’il peut traiter en parallèle à ceux d’aujourd’hui : le sexisme, le racisme, la folie monstrueuse de l’homme avide de guerre et de massacres. L’humour est toujours là, la caricature, l’étude de mœurs, la critique sociétale ne sont jamais absents.
Willy Lambil a remplacé Louis Salvérius après son décès subit en 1972, alors qu’il dessinait le T4, “Les Outlaws”.
LesTuniques Bleues présentent…
Pour ce premier tome des “Tuniques Bleues présentent…”, “Bull Run” et “Les Nancy Hart” (je vous parlais de sexisme… lisez celui-ci!) sont deux aventures fort amusantes, remarquablement précédées par un fort dossier de 10 pages qui replace la série depuis sa création et montre le superbe travail de documentation de Lambil et Cauvin.
“Bull Run”, c’est l’histoire d’une bataille décisive dans ce conflit, une terrible débâcle de l’armée nordiste au nord de Manassas, le 21 juillet 1861. Une défaite qui fit comprendre au président Abraham Lincoln que cette guerre serait longue. Au-delà de l’humour, omniprésent sur cet album paru en 1987, la dénonciation des atrocités de la guerre et de l’irrespect des gradés pour leur chair à canon est féroce.
«A Richmond ! A Richmond !» crient les soldats et cavaliers derrière ce fou furieux qu’est le capitaine Stark, suivis de près par des civils autorisés à assister au spectacle de l’écrasement de l’armée sudiste. Tous reflueront en fuyant vers Washington, poursuivis par les «rebelles» confédérés criant leur terrible «Rebel Yell !».
L’épisode des Nancy Hart est inspiré d’une histoire authentique pour Raoul Cauvin (d’autres pensent qu’ils ‘agit d’une légende) qui se situe pour les historiens dans la petite ville de La Grange. Là, une bande de femmes de confédérés constitua une milice pour défendre leur ville et leurs enfants face aux troupes du colonel nordiste Oscar La Grange (non, cela ne s’invente pas!). “Les Nancy Hart” est paru en 2014.
Pour résumer
Re-découverte, re-lecture, l’ouvrage est aussi passionnant qu’amusant. C’est une remise en avant très réussie de cette remarquable série et, sans conteste, un point d’entrée intéressant pour ceux qui ne l’ont pas encore adoptée.
D’autres thèmes sont annoncés pour les prochaines parutions. Des personnages réels, les Indiens, la photographie, les enfants dans l’armée, la guerre navale…
Celui des chevaux dans l’armée a lancé le T2 le 26 juin 2015, avec les albums “Les Bleus tournent cosaques” et “Arabesque”.
“Les Tuniques Bleues” est une série légendaire, formée d’histoires aussi aventureuses qu’exigeantes, sous le vernis omniprésent de l’humour initié par Raoul Cauvin pour le dessin de Louis Salvérius puis de Willy Lambil.
A déguster à la régalade !
Pour en savoir plus sur la série : le site officiel Les Tuniques Bleues.
Illustrations © Louis Salvérius, Willy Lambil et Éditions Dupuis