Depuis que Marvel a repris en main les droits d'exploitation de l'univers Star Wars et que Panini à relancé l'édition française de par chez nous, ce sont des gros noms qui se succèdent au chevet des séries actuelles. Kieron Gillen et Salvador Larroca tiennent les commandes de cette série qui déboule à un rythme effréné, avec une histoire ponctuée de clin d'oeil aux films légendaires de la saga, mais aussi au premier numéro du nouveau titre Star Wars que vous trouverez également dans la revue bimestrielle éponyme éditée par Panini. Le scénario de Gillen est rondement mené avec des séquences d'action efficaces qui s'alternent avec d'autres riches en dialogues aussi concis que clairs lorsqu'il s'agit d'expliquer les enjeux. Nous retrouvons un Darth Vader en butte à la méfiance de son maître insatisfait, l'Empereur Palpatine, et nous sentons son envie de se racheter et de remédier aux erreurs du passé; l'histoire se déroule après la destruction de l'Etoile Noire, juste après la célèbre rencontre avec Luke. De la première à la dernière page, nous avons la sensation que le Seigneur des Sith tente vraiment de toutes ses forces de garder le contrôle, de réprimer cette furie homicide alimentée par son échec; une colère qui finalement explose dans la double page finale qui évoque un des chapitres les plus triste de la vie d'Anakin Skywalker. C'est le parcours plein d'amertume d'un homme qui connaît la déchéance pour laquelle il n'était pas préparé, mais qui n'accepte pas l'ineluctabilité du destin, et n'attend que le moment propice pour l'infléchir, et le faire sien.
Les dessins de Larroca sont simplement remarquables. Son trait réaliste, détaillé, attentif aux détails, à la lumière réfractée sur le costume, font de ce Darth Vader une excellente interprétation, digne en tous points des plus grands moments gravés dans la mémoire des amoureux de la première trilogie historique. Il utilise largement de belles vignettes horizontales, et choisit un cadrage cinématographique pour illustrer l'histoire de Kieron Gillen. Ce sont les détails qui font la différence, qui apportent un plus, comme le sabre laser qui hypnotise le regard, ou le paysage désertique de Tatooine, et le contraste avec le luxe du palais impérial de Coruscant. Le travail sur la couleur d'Edgar Delgado n'est pas non plus pour rien dans ce résultat fini qui mérite les louanges. Ajoutez à tout ceci deux petites apparitions surprises qui raviront les fans et témoignent de la passion et la maîtrise des deux auteurs pour le sujet qui leur a été confié, et vous obtenez ce qui constitue largement un début des plus rassurants, et des plus prometteurs. Tant pis si les conséquences à long terme ne seront pas impressionnantes (cette aventure se glisse entre deux films déjà existantes, le récit est donc jalonné et balisé), il n'empêche qu'il est toujours jouissif de voir une âme noire en difficulté, mais bien motivé à reprendre du poil de la bête, sans faire de ristourne à personne. Mais pourquoi est-il aussi méchant? Parce que!
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