Chronique « intégrale BIG K »
Scénario de Ptoma, dessin de Nicolas Duchêne,
Public conseillé : Adultes only !
Style : Polar très noir
Edité par Sandawe, le 6 juin 2015, 35.00 euros
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L’histoire
New York 1977. Dans le coeur de la ville corrompue, Manhattan, Big K a des “obligations qui traînent dans son coffre”. Bras armé depuis 4 ans de la famille mafieuse Gambino, Il arrive sur les quais désaffectés, fait sortir Pesci et attache l’homme dans le fond d’un vieux bateau.
Malgré les suppliques et les injures de ce dernier, Big K est intraitable. Après avoir revêtu un ciré complet (pour ne pas se salir) il empoigne une énorme clef en fer. Mais saisi d’un remord à la dernière seconde, il le flingue à bout portant, sans le secouer avant. Puis, pour “suivre les consignes”, il lui défonce le crane…
Big K se débarrasse du corps dans un tonneau et prend le chemin du “Frolic”, un club de Strip-tease. Devant les filles qui se trémoussent, il rejoint à sa table Dom, le bras droit du parrain local, qui lui présente Ricco, un ami de confiance…
Le cas “K”
La série “Big K” est une miraculée. Après un premier tome en 2011 et un second en 2013 (chez Casterman), la série s’arrête brutalement, suite à un changement éditorial. Pourtant, depuis l’origine, la série est prévue en trois tomes et cet arrêt incompréhensible met en rage Ptoma et Nicolas Duchêne, ses auteurs. Après un temps de flottement, c’est Sandawe, la plate-forme de Crowdfunding, qui leur apporte une solution. Ce ne sera pas un 3e tome isolé, mais une belle intégrale qui rend honneur au travail de ses auteurs.
Richard Kuklinski-Iceman, (Big K dans la série) est un personnage réel, qui a fortement inspiré Ptoma. Après avoir vu un documentaire sur le Network américain “HBO”, il décide d’écrire une “bio-fiction”, consacrée à ce tueur étonnant. Véritable psychopathe qui aurait exécuté près de 250 victimes, l’homme avait néanmoins à coté de son “métier” une famille (avec femme et enfants) qui ignorait tout de son activité. Après son arrestation et sa condamnation, il fut le sujet d’étude de nombreux psychiatres tentant d’analyser son goût pour la violence extrême, sans aucune marque de culpabilité…
Ce que j’en pense
C’est donc ce personnage de fiction (pourtant si réel) que nous allons suivre, presque à travers sa tête. Reprenant les codes des “films de gangster” contemporains (La trilogie des “Parrains”, “Casino”, “Scarface”, “Les affranchis”…) Ptoma et Duchêne nous font vivre (sans jugement de valeurs) le quotidien de cet homme brutal et sans émotions.
Inutile de dire que le résultat n’est pas à mettre entre toutes les mains. Noir, si noir, et sans aucune forme de moralité, le récit est une succession de meurtres sanglants commandités par la mafia locale, ou plus simplement par ses pulsions de prédateur.
Pour essayer de comprendre (pas de justifier) le parcours de “Kuklinski-Big K”, Ptoma parsème l’histoire de Flash-backs de son enfance. Père alcoolique et brutal, mère absente, apprentissage de la violence dès le plus jeune âge, c’est un enfant maltraité, victime… qui deviendra bourreau…
J’ai pris les deux premiers albums comme une longue exposition de personnage, tandis que le 3e tome change de ton. Nouveau lieu, nouvelle donne, Big K fait équipe (contre sa volonté) avec “Phil-le boucher”, un tueur psychopathe, maniaque du hachoir.
Sur l’ordre de la famille, il se rend en Colombie pour tuer un mec et tisser des liens avec le cartel de Pablo Escobar. C’est l’occasion de mettre Big K en face d’un personnage démesuré : Giseldre Blanco-Gaia, la reine de Miami qui organise le transfert de “la poudre” sur le territoire américain.
Coté dessin, le trait de Nicolas Duchêne fait le job. Mais la mise en place très classique et particulièrement dense (proposée par Ptoma), encombrée de nombreux dialogues, laisse peu de place à l’expression graphique.
Pourtant, les recherches et storyboard (dans l’appendice) montrent un dessin assez mature et expressif. Peut-être est-ce du au format, à la densité ou la couleur qui “brouille” le dessin… mais je dois avouer que je n’ai pas vraiment fait attention au dessin.
Cependant, à mon goût, le 3e tome semble plus aéré, moins chargé, et permet à Nicolas de se lâcher un peu plus.