Les intermittences de la mort de José Saramago

inter mortTitre : Les intermittences de la mort

Auteur : José Saramago

Traduit du portugais par Geneviève Leibrich

Editions du Seuil

Date de parution : janvier 2008

Paru en poche en février 2009

262 pages

Avec ce roman, je me suis vraiment régalée.

Le thème : dans un pays inconnu, plus personne ne meurt. Que cela engendre-t-il ? Quels sont les effets sur la population ? La mort n’est-elle pas indispensable et indissociable de la vie ? Comment se débarrasser des « morts-vivants », ceux qui étaient à deux doigts de succomber avant que la mort ne décide de stopper son exercice ? Que vont devenir les pompes funèbres ?…

Le style : délicieux ! Drôle ! Jubilatoire ! De longues phrases que rien ne vient interrompre, pas même les dialogues, insérés dans le texte, sans tirets ni guillemets, juste une majuscule pour marquer le changement de locuteur, de longues phrases dis-je, qui nous emmène dans les dédales fantaisistes du cerveau d’un auteur hallucinant et halluciné. Comment peut-on ne pas adhérer à un tel déferlement de remarques toutes plus ironiques les unes que les autres, apostrophant le lecteur ou condamnant le narrateur de cette manière :

« Ce geste nous rappelle que c’est le moment, et cela ne le sera plus jamais à cause de cette question de circonstance déjà évoquée, de préciser un aspect important concernant le fonctionnement des archives qui font l’objet de notre attention et dont il n’a pas été fait mention jusqu’à présent à cause d’une négligence condamnable de la part du narrateur. »

Le lecteur est emmené de force, sans pouvoir mot dire (ni même maudire), il peut à peine respirer tellement le style est étourdissant. Je ne doute pas que ce roman trouvera (ou a trouvé) ses détracteurs autant qu’il rencontrera (ou a rencontré) des lecteurs éblouis par une telle maîtrise du verbe.

L’histoire : l’auteur ne se contente pas de décrire un pays aux abois suite à la disparition de la mort, il crée un événement particulier, qui va dérégler le processus jusqu’à une fin… épatante. Quelle imagination ! Quelle virtuosité dans l’art de la narration !

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé. Je n’avais jamais lu cet auteur, prix Nobel de littérature en 1998 quand même ! Je lirai ses autres romans…

Petit bémol : quelques phrases bancales, problèmes de traduction ? Et une petite lassitude au milieu du roman (mais légère et passagère).