« Histoire d’Irène »
DE LUCA Erri
(Gallimard)
« Nous avons le même âge, la même dose de chance qui nous permet une gorgée de vin sur la terrasse d’une île grecque.
Revenir maintenant à l’émigration est un saut dans le noir, moins profond, mais plus amer.
Être expulsés deux fois fait mal aux os. Pour nous, la Méditerranée est une mer qui jette dehors. »
Chacune des retrouvailles avec Erri De Luca provoque l’émerveillement chez le Lecteur. Qui se laisse emporter sans toutefois rien abdiquer de lui-même. Assumant le partage. Décelant jusque dans les plus allégoriques des textes du romancier italien les problématiques contemporaines.
« Notre espèce humaine a besoin d’histoires pour accompagner le temps et en garder un peu.
Ainsi, moi je recueille des histoires, je ne les invente pas. Je suis la vie en glanant si c’est un champ, en grappillant si c’est une vigne.
Les histoires sont un reste laissé par le passage. Elles ne sont pas air mais sel, celui que laisse la transpiration. »
Le sel. La mer. Irène nage la nuit en la compagnie des dauphins. Irène, armée d’un couteau italien délivre ceux de ses compagnons qui ont eu le malheur de se laisser prendre dans les filets tirés par les pêcheurs. Le « recueilleur » d’histoires l’écoute, lui parle parfois.
« Avec ma vie cabossée, j’écoute la tienne si prodigieuse : elles se rencontrent aux confins de la terre et de la mer.
C’est une nuit antique du Sud, sous le ciel qui accomplit sa roue panoramique autour de l’étoile polaire. »
L’Histoire d’Irène ne se commente pas, ne se critique pas. Pourquoi commenter, pourquoi critiquer un joyau ? Pour exister en tant que Lecteur ? Fi de la vanité !
NB/ Le Lecteur n’oubliera toutefois pas de mentionner les deux superbes textes qui accompagnent « Histoire d’Irène » : « Le ciel dans une étable » et « Une chose stupide ».