L’entretien – Antoine GAÏANI

Le Thème.

Ce qui compte, c’est l’Apparence…

GAIANI, Antoine - L'entretien

Une citation

Avec l’aide de sa femme, il avait enfilé son pantalon marron, revêtu sa veste marron, encollé sa cravate marron et chaussé ses souliers marron. Il était prêt à refaire le monde.

L’histoire en quelques mots.

Un récit à la troisième personne d’un personnage, Laurel Montant, trente six ans, qui se présente à un entretien d’embauche. Un grain de sable dans le rouage, et l’entretien d’embauche se transforme en quelque chose qui ne ressemble à aucun des entretiens d’embauche que vous auriez pu vous-même passer…

Ce que j’en ai pensé.

C’est par un premier chapitre farfelu que l’on commence sa lecture. En effet, ses phrases redondantes renforcent ce comique ridicule, et le personnage prend forme rapidement sous nos yeux, sa psychologie obsessionnelle ainsi que sa façon de s’exprimer. Le style est posé.
Sur le fond, on sent que l’on va dans une nouvelle particulière mais je dirais que l’on ne sait pas vraiment le définir à cet instant. Mais c’est grâce à cette écriture fluide et cet humour pince-sans-rire que l’on est entraîné rapidement vers la suite sans retenue.

Cette nouvelle se construit sur vos différentes élaborations de pistes, toutes plus fausses les unes que les autres, mais qui témoignent de l’étrangeté de la situation J’ai pensé à un entretien entre un psychiatre et un patient fou. J’ai aussi pensé à des reviviscences d’employés voyant les Tours du WTC s’effondrer dans un cauchemar,… Et bien vous savez dorénavant qu’il ne s’agit pas de cela. Vos idées s’enchaînent sans problème et de manière assez décousue, à l’image de la narration, ce qui n’est pas un tort du tout. Par contre, lorsque le protagoniste est dans le déni de sa situation, vous sentez le blocage psychologique et le blocage des mots. Ce fut le seul endroit où j’ai ressenti une longueur dans le texte, qui n’a pas été délétère puisque l’Auteur rebondit. Car lorsque vous pensez que vous en êtes à la fin, l’inattendu nous propulse dans une autre dynamique, puis un deuxième rebondissement nous envoie au milieu d’une enquête et de sa résolution. Alors qu’on pourrait craindre un excès, je trouve au contraire que les enchaînements sont loin d’être anarchiques. L’écriture reprend de sa fluidité et vous renvoie même à certaines images du début de l’intrigue. En somme, une vraie logique dans cet univers abracadabrantesque, avec un fil rouge : l’obsession de notre cher Laurel pour l’apparence : la mallette et la montre, la pipe.

Cette nouvelle est agréable à lire puisqu’on peut y plonger facilement. Mais on en sort rapidement également, et quelques jours après, je suis davantage marquée par le style épuré de l’Auteur et son personnage haut en couleur que par les détails de l’intrigue elle-même.

D’ailleurs, sans notes parallèles, j’aurais oublié ces petits clins d’œil sur la vie, l’expérience du coma, la mort, le jugement dernier et surtout, parce qu’on n’a pas l’habitude d’en parler, tout ce qui se passe à travers la Pipe et cette idée que les gens se font de vous grâce à un objet. Cette assurance qu’ils pensent y trouver en prenant une bouffée, le fait que cela renvoie une image de sérieux, posé, et parallèlement, l’impact sur l’utilisateur avec son allusion à la sexualité, au sein de la mère.

Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas spécialement marquée par l’histoire en soi au final, mais plus par le style d’Antoine GAIANI. Et je remercie donc le forum Au Coeur de l’Imaginarium ainsi que les éditions House Made of Dawn pour la découverte.

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