Le Ballet des âmes de Céline Guillaume,
Publié aux éditions Du Riez,
2010, 242 pages.
Voilà une fresque pleine de souffle et d’émotion, en cette aube du XIIIème siècle, celui d’un parcours extraordinaire, celui d’Enora, une simple paysanne orpheline, qui depuis son enfance, porte le poids d’une terrible prophétie.
Comme des enluminures: la pourpre et l’acier des chevaliers, l’envoûtante et mystérieuse Bretagne des Légendes, le ferraillement des tournois et des guerres féodales… suivez ces destins enchevêtrés dont Enora tient les fils.
C’est plutôt mitigée que je sors de cette lecture estivale. Pourtant j’avais été emballée par les commentaires lus sur la toile et par le résumé sur la quatrième de couverture! Si j’ai aimé la plume de Céline Guillaume, j’ai toutefois moins apprécié l’histoire qu’elle nous livre ici.
Le roman met en scène une héroïne Enora. L’histoire est racontée de son point de vue. Enora est une jeune fille, orpheline, recueillie par une tenancière d’auberge la Gerbaude, qui n’hésite pas à maltraiter la fillette. Aussi, Enora se sent comme une moins que rien. Elle nous livre ses pensées et nous fait part de son mal-être. Elle se trouve laide, maigrichonne et pense que personne ne s’intéressera à elle. Seules ses virées dans la forêt l’apaise. Un jour, elle y rencontre une sorte de dryade qui lui confie un secret. Enora n’est pas une fille comme les autres: elle a une mission et possède quelque chose en plus.
Si j’ai aimé l’introduction du récit qui nous présente Enora, ses conditions de vie, j’ai cependant décroché à partir du moment où elle rencontre cette fameuse dryade. D’abord la révélation de la nature extraordinaire d’Enora ne prend que quelques phrases. De plus, Enora accepte son destin sans broncher comme si tout était naturel. C’est cela qui m’a le plus dérangée. J’ai trouvé les dialogues trop superficiels, trop simples. Les choses se déroulent tout naturellement alors qu’Enora aurait pu protester ou se poser des questions. Tous les personnages agissent de la même manière et c’est très étrange: ils acceptent la réalité d’emblée comme une évidence. J’ai trouvé ça dommage car l’histoire paraît un peu bâclée.
De plus, j’ai trouvé que l’emploi de la focalisation interne était un mauvais choix. Enora se pose sans cesse des questions par rapport à sa condition d’humaine. Quelquefois, ces interrogations apparaissent comme mièvres. Un narateur externe aurait donné plus de profondeur au récit.
Outre cette rapidité dans le déroulement des événements et cette narration à la première personne, je n’ai pas aimé non plus l’intrigue ou en tout cas le semblant d’intrigue. En effet, on nous révèle qu’Enora a une mission sur terre. Je ne sais pas si c’est moi qui n’ai pas compris mais à aucun moment je n’ai vu Enora s’impliquer dans quoi que ce soit. Du coup, le reste de l’histoire apparaît comme déséquilibré. On attend quelque chose qui ne vient pas. On suit juste la vie d’Enora dans son quotidien au service du seigneur de Kerjean. Les jours se ressemblent et ils ne se passent pas grand chose. Quand un élément est suceptible d’apporter un renouveau au récit, il retombe comme un soufflé.
J’ai cependant bravement continué ma lecture car j’ai beaucoup aimé la plume de l’auteur. Elle a un petit côté désuet qui n’est pas pour me déplaire. Ses descriptions sont très belles, presque romantiques. Elle emploie un langage riche et assez complexe fait d’images poétiques. J’ai beaucoup apprécié cette balade lexicale.
C’est donc raté pour moi! Je n’ai pas aimé l’intrigue du roman trop superficielle et trop monotone à mon goût. La langue de l’auteur permet tout de même de savourer cette histoire jusqu’au bout!