Hello,
Découvert sur la chaîne de Cordelia aime, le roman de Kathleen Winter m'a tout de suite intriguée. Histoire d'un nouveau-né hermaphrodite auquel on a attribué un sexe parce qu'il fallait choisir, Annabel est l'histoire d'une vie tiraillée entre les mystères de la nature et les conventions sociales.
Dans le Labrador, une des régions les plus à l'est et les plus au nord du Canada, Wayne naît avec des attributs mâles et femelles. Indécis face à cette situation inédite, les parents se murent d'abord dans un mutisme embarrassé, n'osant pas se parler ni se concerter pour agir. Thomasina, voisine de confiance présente pendant l'accouchement, elle vient de perdre son marie et sa fille Annabel ; elle est aussi la seule (avec les parents) à connaître le secret de Wayne, l'enfant que ses parents choisissent d'élever comme un garçon. Au fil de ces 500 pages, on nous raconte l'évolution de Wayne, son enfance puis son adolescence, le rapport qu'il entretient avec son corps et son identité, ses troubles psychiques mais aussi physiques. L'état d'esprit de ses parents nous est aussi décrit, leurs doutes et leurs fausses certitudes, leurs angoisses et leurs obsessions. Au milieu de cet étrange pêle-mêle, Thomasina mène la danse à sa façon et aide toute cette petite famille à évoluer, à prendre des décisions et à faire les bons choix.
Les paysages du Labrador sont très présents dans ce roman et viennent à chaque instant soutenir le texte et l'illustrer. Langage de la nature qui complète celui du corps, qui prend le relai même quand Wayne est incapable de se reconnaître dans le corps dans lequel il est né, ou qui soulage le père taciturne. Si la cruauté et la maladresse sont présents dans ce livre, et notamment chez certains personnages, l'auteur choisit de mettre en avant la sensibilité et l'émotion avant tout. Sans nier l'existence de scènes cruelles, elle refuse de faire de son personnage principal une victime : petit à petit, récoltant au fur et à mesure les informations qu'on veut bien lui donner, Wayne se construit sa propre identité et prend seul ses décisions. Avec son écriture simple, très imagée et poétique, Kathleen Winter met en scène les caprices de la nature sans en tirer des thèses et des leçons universelles, sans imposer son message ni sa vision des choses.
Aviez-vous déjà entendu parler de ce roman de Kathleen Winter ? Y a-t-il d'autres romans du même genre que vous avez en tête à me conseiller ?
Découvert sur la chaîne de Cordelia aime, le roman de Kathleen Winter m'a tout de suite intriguée. Histoire d'un nouveau-né hermaphrodite auquel on a attribué un sexe parce qu'il fallait choisir, Annabel est l'histoire d'une vie tiraillée entre les mystères de la nature et les conventions sociales.
Dans le Labrador, une des régions les plus à l'est et les plus au nord du Canada, Wayne naît avec des attributs mâles et femelles. Indécis face à cette situation inédite, les parents se murent d'abord dans un mutisme embarrassé, n'osant pas se parler ni se concerter pour agir. Thomasina, voisine de confiance présente pendant l'accouchement, elle vient de perdre son marie et sa fille Annabel ; elle est aussi la seule (avec les parents) à connaître le secret de Wayne, l'enfant que ses parents choisissent d'élever comme un garçon. Au fil de ces 500 pages, on nous raconte l'évolution de Wayne, son enfance puis son adolescence, le rapport qu'il entretient avec son corps et son identité, ses troubles psychiques mais aussi physiques. L'état d'esprit de ses parents nous est aussi décrit, leurs doutes et leurs fausses certitudes, leurs angoisses et leurs obsessions. Au milieu de cet étrange pêle-mêle, Thomasina mène la danse à sa façon et aide toute cette petite famille à évoluer, à prendre des décisions et à faire les bons choix.
Les paysages du Labrador sont très présents dans ce roman et viennent à chaque instant soutenir le texte et l'illustrer. Langage de la nature qui complète celui du corps, qui prend le relai même quand Wayne est incapable de se reconnaître dans le corps dans lequel il est né, ou qui soulage le père taciturne. Si la cruauté et la maladresse sont présents dans ce livre, et notamment chez certains personnages, l'auteur choisit de mettre en avant la sensibilité et l'émotion avant tout. Sans nier l'existence de scènes cruelles, elle refuse de faire de son personnage principal une victime : petit à petit, récoltant au fur et à mesure les informations qu'on veut bien lui donner, Wayne se construit sa propre identité et prend seul ses décisions. Avec son écriture simple, très imagée et poétique, Kathleen Winter met en scène les caprices de la nature sans en tirer des thèses et des leçons universelles, sans imposer son message ni sa vision des choses.
« Il ne lui dit pas qu'il a toujours dansé seul dans sa chambre sur la musique de la radio, et qu'il le fait encore dans e logement de Forest Road. Il danse et suit les mouvements de son ombre projetée sur le mur en cherchant à les faire coïncider avec la beauté de la musique. La lumière des lampadaires de la rue pénètre par la fenêtre. Elle inonde sa chemise et, dans la pénombre, on ne peut pas deviner qu'il s'ait d'une chemise d'homme. Seuls apparaissent les plis et e drapé, la texture du coton.J'ai apprécié l'originalité du sujet de ce roman et la façon dont il était traité : toujours avec dignité, sensibilité et retenue. On n'est pas du tout dans le voyeurisme ici, ni dans la mise en scène d'événements sensationnels, le roman de Kathleen Winter est très introspectif, axé sur la recherche identitaire et de liberté du personnage. J'ai beaucoup aimé la pudeur de Wayne ; sans être terriblement attachant, c'est un personnage très riche qui en plus d'avoir une histoire passionnante a aussi un caractère étonnant et unique. Annabel n'est pas un roman terriblement captivant, mais prend toute sa force dans son thème particulièrement intéressant et original : lorsqu'on referme le livre, on est certain de ne jamais oublier l'histoire de Wayne, d'en ressortir grandi et plus réfléchi aussi.
Qu'est-ce que la beauté ? Ce n'est ni la fragilité ni la petitesse. Wayne regarde ses bras, les imagine enlaçant Joanne qui de son côté a noué ses poignets expressifs autour de sa taille. Ainsi que font les amants. Des années d'hormones lui ont sculpté un corps anguleux, et l'idée de cesser de les prendre lui traverse l'esprit. Cesser de les avaler jour après jour, ne plus les laisser effacer ce que son corps aspire à être pour le rendre conforme à ce que le monde veut qu'il soit. (...) Qu'est ce qui, dans son image corporelle, correspond à ce qu'il est et qu'est-ce qui n'est qu'une construction à laquelle il en est venu à croire ? Il s'essaie à un examen objectif de son corps. » p.353
Aviez-vous déjà entendu parler de ce roman de Kathleen Winter ? Y a-t-il d'autres romans du même genre que vous avez en tête à me conseiller ?