L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans et des récits. L'été, le temps de relire aussi.
Quatre saisons, quatre parties titrées de noms de fleurs, quatre histoires d'amour, beau, fou, solide, de désamour aussi, qui se croisent et se recroisent sur la plage du Touquet sans que leurs protagonistes le sachent toujours, pour le plus grand plaisir des lecteurs qui, eux, repèrent les personnages et les reconnaissent ici ou là. "Le texte de "Pimprenelle", je l'ai un peu modifié", me disait Grégoire Delacourt lors d'un passage à Bruxelles. "Mais, en l'écrivant, je savais qu'il y aurait une suite, je donnais déjà des indices pour ce qui allait suivre." L'héroïne est Victoire, dont Louis est tombé fou amoureux: "J'ai choisi une ado pour rappeler qui nous avions été et parce que les lectrices de "ELLE" ont des enfants qui éclosent à l'amour."
L'été dont il est question dans le titre est celui de 1999, le dernier avant l'an 2000, celui où on annonçait la fin du monde. Allait-on aimer plus vite ou plus fort pour cela, surtout le 14 juillet? Francis Cabrel chantait "Hors saison", curieux hasard. Grégoire Delacourt nous raconte l'amour aux quatre saisons de la vie, de manière moins anecdotique qu'on ne pourrait le croire en début de lecture, mais de sa toujours belle plume. Plus la lecture avance, plus il capture ses lecteurs et leur donne envie de connaître la suite de ces histoires pleines de rires et de larmes. Pleines d'espoir en la vie aussi. Avec de beaux personnages de mères, parfois plus lucides sur leurs enfants que sur elles-mêmes.
Les personnages vieillissent chaque fois de vingt ans. "Vingt ans, c'est un cycle", estime le romancier. "Après vingt ans, on est quelqu'un d'autre. Et puis, les chiffres de 15, 35, 55 et 75 ans sont jolis aussi." Victoire a donc quinze ans, mais c'est Louis qui raconte leur amour débutant. Isabelle en a trente-cinq et est la narratrice de sa rencontre avec Jérôme. C'est aussi Monique qui, du haut de ses cinquante-cinq ans, évoque son histoire passée et présente avec Richard. Mais ce sont Rose, 75 ans, et Pierre qui expliquent d'un tendre "nous" ce qui leur est arrivé dans leur longue vie d'amour.
Voilà un beau roman polyphonique, présentant une foule de personnages et leurs manières de vivre. Joyeux ou tristes, imaginatifs ou plus réalistes, tous confrontés à des drames qui vont être ce qui les lie, aux yeux les lecteurs en tout cas. "Les quatre saisons de l'été" est un roman lumineux sur les élans du cœur, plus forts que les blessures intimes. Joliment écrit, élégamment composé, il réjouit plus que son propos ne le laisse penser.
Trois questions à Grégoire Delacourt
Grégoire Delacourt.
Le langage des fleurs est très présent dans le livre. Pourquoi et que veulent dire celles que vous avez choisies?J'ai appris le langage des fleurs en travaillant sur une campagne de publicité. Quelle magnifique scène d'amour que cette fleur envoyée chaque jour qui donne une phrase à la fin!A quel couple correspondriez-vous le plus?
Dans mon livre, "Pimprenelle" veut dire premier et unique amour, "Eugénie Guinoisseau" rose ancienne, "Jacinthe" relation d'amour avec un brin d'érotisme et "Rose", amour intemporel et fou. Je voulais faire un bouquet avec ces quatre histoires.
Le petit Louis a une maman formidable, une mère seule avec une magnifique histoire d'amour. Il va attendre cette gamine qu'il a rencontrée. Dans la deuxième histoire, Isabelle, le personnage féminin a du mal avec les hommes. La mécanique est inversée. Jérôme est gourmand de choses qu'il ne connaît pas. Louis est un romantique, un fidèle. J'étais plutôt comme Louis. Le troisième couple pourrait être le mien mais je suis remarié. Mais comme lui, je ne veux pas que l'amour devienne une amitié intime. Je veux une passion à long terme, tumultueuse. Pour cela, il faut remettre un petit coup de feu, vivre mille premières fois avec la même personne, ne pas perdre sa part d'enfance. Enfin, j'aimerais finir comme le quatrième couple.Quelle belle idée que ces épilogues.
Quand j'ai fait lire le livre à ma fille numéro 3 qui a 18 ans, elle m'a demandé si ces histoires d'amour allaient durer. Il y avait en elle, comme en nous, un besoin de savoir que cela peut marcher. J'ai donc écrit les épilogues, en racontant ce qui se passait dix ans après. C'était génial à faire. Quel cadeau inconscient de ma fille!
pour sourire, version française
de 2013,
version italienne
de 2015.
Rappel
DTPE 1 "Nous étions l'avenir", de Yaël Neeman (Actes Sud)DTPE 2 "Jules", de Didier van Cauwelaert (Albin Michel)
DTPE 3 "Le Caillou", de Sigolène Vinson (Le Tripode)
DTPE 4 "Georges, si tu savais...", de Maryse Wolinski (Seuil)
DTPE 5 "Quatre murs", de Kéthévane Davrichewy (S. Wespieser/10-18)
DTPE 6 "Et si on aimait la France", de Bernard Maris (Grasset)