Une petite fille découvre un jardin merveilleux et s'imagine que c'est un peu grâce à elle s'il se métamorphose chaque jour. Mais en goûtant les premières tomates, elle comprend qu'une main invisible est à l'origine de tous ces miracles. Elle part alors en quête d'exploration et se cache dans les buissons.
Elle remarque un homme en train de jardiner dans son pré. Il y travaille d'arrache-pied, mais avec respect et passion pour la terre. Il ne se doute pas de la présence de la petite espionne, qui l'observe scrupuleusement, même lorsqu'il dévore son pique-nique. Cela lui donne une envie folle de croquer à pleines dents dans ce casse-croûte, qui semble avoir été préparé avec tout l'amour possible.
Elle va donc chiper son pique-nique, puis réparer son larcin en échangeant les paniers. L'homme n'y voit que du feu. Au fil du temps, celui-ci finit par bâtir une maison, retrouve la femme de sa vie et installe son ménage. La petite fille des prés sortira enfin de sa cachette, prête à aimer et être aimée. « Cette maison et ce jardin allaient être les miens. Nous nous étions trouvés, nous nous étions apprivoisés, et nous serions désormais une famille... »
Quelle belle histoire de partage, de complicité et de rencontre ! Cette fable renoue aussi avec l'amour de la terre, qui rend au centuple l'attention qu'on lui porte. Les illustrations sont éblouissantes, sur de pleines pages de 26 x 32 cm, et dans des tons chauds, pour une sensation enivrante. Cela m'a énormément plu.
Proche du conte onirique, l'histoire se contruit à la manière d'un étrange ballet entre la fillette et le jardinier, où l'émotion, la pudeur, l'admiration et la tendresse sont prégnantes de bout en bout. Une superbe réussite, dont on acquiert la certitude dès l'ouverture du livre, avec de pleines pages débordantes de pommes.
Une célébration des valeurs fortes de la vie (la nature, la famille, le partage) exécutée avec magnificence et virtuosité.
Grasset Jeunesse / Mai 2015