Le Pays du lieutenant Schreiber - Andreï Makine

Par Stéphanie @Stemilou
Partenariat avec Livraddict et les éditions Points

Le temps par son entêtement abrasif, finit par faire disparaître les encoches les plus brutalement creusées dans notre mémoire.

Présentation

" Je n'aurais jamais imaginé un destin aussi généreusement ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés la fidélité et le courage, l'intense volupté d'être et la douleur, la révolte et la sérénité. Un homme qui a vécu à l'encontre de la haine, a aimé au milieu de la pire sauvagerie des guerres. Un soldat qui a su pardonner sans rien oublier. "

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Livraddict et les éditions Points ce qui m'a attiré en premier dans ce livre est le nom de l'auteur, en effet j'avais pu découvrir sa plume avec le roman Une femme aimée que j'avais beaucoup apprécié, ensuite le titre m'a interpellé: Le pays du lieutenant Schreiber annonçait pour moi une histoire, un témoignage sur la guerre; et contrairement à ce qui est rapporté dans ce "roman" (ce n'en est pas vraiment un) les femme aussi s'intéresse au roman et témoignage sur la guerre en particulier la seconde guerre mondiale.

Pour s'intégrer à la nouvelle vie, le soldat doit oublier sa guerre, s'oublier tel qu'il était à la guerre, accepter l'histoire qu'on est en train de récrire, ne pas trop parler de ses compagnons d'armes car la rancoeur de la défaite de juin 40 plane sur toutes ces jeunes vies sacrifiées. Il doit devenir un autre, se renier. Et surtout accepter une révision de ce qu'il a vécu, relire son passé selon la nouvelle mode intellectuelle, se repenser en fonction de ce que les philosophes de terrasse de café disent sur l'engagement, le choix, la liberté...

Suite à la publication du livre Cette France qu'on oublie d'aimer, Andreï Makine reçoit un courrier de Jean-Claude Servan-Schreiber l'invitant à lui rendre visite. Cette visite est des plus intéressante et l'auteur invite cet homme de 92 ans à écrire ses mémoires, son histoire et sa guerre, ses souvenirs douloureux autant pendant qu'après le conflit. Survivre aux balles et se reconstruire dans un pays qui a continuer à développer ses idées pendant que des jeunes comme lui risquer de rencontrer la mort chaque jour. Dans cet essai on retrouve tous les sentiments qui animent un officier voulant se battre pour sa patrie, cette patrie qui n'hésite pas à le renvoyer de l'armée parce qu'il est juif, qu'à cela ne tienne il combattra alors dans la résistance.
Ce qui est magnifique dans ce roman/essai est la volonté d'un vieil homme de livrer ses souvenirs alors même qu'il pense que cela n'intéresse plus personne mais il confie tout de même son coeur à l'auteur alors vient le problème de l'éditeur, nombre d'entre eux refusent de publier les mémoires d'un énième soldat français, la guerre on a assez vu. Finalement le livre sort mais peu de lecteurs se disputent les confessions de Jean-Claude.

L'auteur nous parle des rendez-vous chez Jean-Claude, relate les différentes étapes amenant à la publication du manuscrit, son sentiment de devoir à tout prix rendre compte de la vie de cet homme exceptionnel et "accuser" les grands penseurs français bien à l'abri et festoyant pendant que d'autres tentent de survivre et attendant la fin de la guerre pour s'ériger en grand moraliste; cette partie m'a fait sauter au plafond parce que c'est juste terrible et injuste. Mais ce livre rend aussi hommage à d'autres soldats et officiers morts pour la France. Une petite journée de lecture pour le roman d'une vie qui fut bien remplie.

Le point négatif de ce livre sont les nombreuses répétitions qui plombent le récit, l'auteur semble essayer de boucher des trous par les mêmes anecdotes.