"La Lettre oubliée" de Nina George

Par Caroline @Lounapil

   La Lettre oubliée de Nina George,

   Publié aux éditions Points,

   2015, 403 pages.

Il a toujours un livre en tête pour soulager les maux de l’âme : dans sa « Pharmacie littéraire » installée sur une péniche, le libraire Jean Perdu vend des romans comme on vendrait des remèdes pour vivre mieux. Il sait soigner tout le monde – à l’exception de lui-même.
Cela fait vingt-et-un an, déjà, que Manon, la belle Provençale, s’est éclipsée pendant qu’il dormait en lui laissant pour tout adieu une lettre qu’il n’a jamais osé ouvrir. Mais voilà qu’arrive l’été, un été pas comme les autres qui verra Jean Perdu s’échapper de la rue Montagnard pour s’engager dans un voyage au pays des souvenirs, en plein cœur de la Provence, avant de revenir à la vie.

Attention, ce livre est un coup de coeur! J’ai tout simplement dévoré ce petit roman idéal pour les vacances qui m’a transportée et fait voyager dans une France, certes idéalisée, mais tellement poétique!

Le récit débute avec Jean Perdu, libraire de son état. Il tient une « pharmacie littéraire » sur une péniche à Paris. Il y conseille des livres pour tous les petits maux du quotidien dont les médecins n’ont que faire. Il faut dire que Jean est doué pour repérer les peines de coeur, les plaies à vif, le mal être de ses clients et c’est intéressant de le suivre dans ses conseils littéraires.

Dans son immeuble, il conseille également tous ses voisins. Un jour, Catherine, une nouvelle voisine s’installe. Elle vient de divorcer de son mari volage qui l’a laissée sur la paille. Catherine a en tout et pour tout deux valises. Jean lui offre une table de cuisine dont il n’a plus l’usage et qui lui rappelle trop de mauvais (ou bons?) souvenirs. Catherine découvre dans le tiroir de cette table une lettre jamais ouverte. Il s’agit d’une lettre d’adieu de Manon, l’amour perdu de Jean. Elle lui fait une révélation dans cette lettre qui va bouleverser la vie de Jean. Il décide alors de détacher la péniche et de retourner en Provence sur les traces de Manon.

Si le début du roman s’avère tout ce qu’il y a de plus conventionnel, la suite s’avère loufoque, drôle et triste à la fois. On suit Jean dans son périple avec sa péniche. A son bord les deux chats lecteurs et Max Jordan, un écrivain qui après avoir écrit un best-seller se retrouve confronté au problème du deuxième roman à écrire. La folle équipée sait à peine diriger la péniche, quant aux passages de écluses, c’est toute une aventure!

Au fil de l’eau, les personnages s’arrêtent dans différentes villes fluviales et traversent la France en bateau. L’auteur nous décrit des petits villages dignes de cartes postales. On y boit du rosé, on mange, on danse et on fait des rencontres insolites au fil de l’eau. Les personnages parlent aussi littérature. La péniche-librairie devient un personnage à part entière qui draine les foules au fil des arrêts. L’auteur m’a donné tout simplement envie, moi aussi, de me promener sur ces rivières et ces fleuves.

Les personnages se découvrent d’ailleurs au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du canal de Provence. Jean dévoile ses sentiments et c’est un homme blessé, replié sur lui-même depuis trop d’années que l’on découvre. Il nous relate son histoire mouvementée avec Manon, si belle mais si passionnée! Quant à l’écrivain Max Jordan, il apporte un côté plus frais, plus foufou au récit. La célébrité lui est tombée dessus et il ne sait comment l’apprivoiser.

J’ai vraiment adoré ce livre car il permet de s’évader et de rêver. Les deux personnages voyagent sur une péniche remplie de livres sans autre souci que de chasser leurs souvenirs. Quoi de mieux? L’auteur nous offre la description d’une France poétique, accueillante et colorée. Certaines pages du roman sont dures, graves et tristes et offrent un contraste saisissant avec ce voyage débridé.

On respire le Sud, le soleil et les livres dans ce roman qui fait du bien au moral. Une belle découverte.