La cachette du diable – Carlos Acosta

Par Noann

Pata de Puerco, Cuba. Seul, perdu, Oscar Kortico se rend là-bas, dans ce village fondé par ses ancêtres pour y trouver des repères, renouer avec les racines de son passé. Il découvre un monde insolite, un peuple en perdition. Au cours de son périple, il croisera un groupe d’anciens esclaves barbares et redoutables, des couples déchirés, une accoucheuse devineresse, un juif misérable ou encore un boxeur. Enfin, Oscar se voit offrir un collier avec un pied de cochon séché qui porte le même nom que le village « Pata de Puerco ».

Et il se remémore les paroles de son grand-père : « On ne peut pas savoir qui l’on est vraiment avant de connaître son propre passé, son histoire et aussi celle de son pays. » Un peuple, une île qu’il visite enfin avec un œil critique et curieux, désireux d’en connaître toutes les traditions, les arcanes et les mystères. Cette randonnée sera jalonnée de meurtres, d’amours interdits, sur fond de rites vaudous… Voici un récit succulent et pimenté qui vous transporte dans le cœur d’un village cubain, de l’agitation d’un peuple écorché vivant sous le joug des traditions ancestrales.

L’auteur décrit les lieux parcourus avec talent et relate, avec un souci du détail presque pharmaceutique, les événements historiques qui ont secoué le pays ainsi que l’impact de ceux-ci sur une population meurtrie et bousculée qui s’est retranchée derrière un bouclier protecteur et a trouvé refuge dans les coutumes et rites d’antan.

Deux dénominateurs communs relient les personnages de ce roman, ceux de la famille et du respect de ce qu’ont laissé les ancêtres et qui hantent à présent les mémoires et les cœurs de chacun. Oscar est un peu déboussolé au départ mais il s’accrochera tant bien que mal à cette nouvelle destinée qui l’attend, tandis que José, Betina et leurs enfants s’attèlent à renforcer leurs liens familiaux. Tout ce petit monde poursuit une quête de plénitude, se reconstruit, se réjouit ou se désole parfois mais toujours sur fond d’espoir, d’abnégation aussi…

L’écriture est d’une grande justesse, limpide, le récit abonde de détails historiques mais l’auteur évite soigneusement de tomber dans la forme didactique et rébarbative car dans ses lignes s’immiscent un suspense larvé, quelques surprises aussi.

Un roman aux couleurs diaprées, entre noir et rouge sang…

La cachette du diable de Carlos Acosta, éd. Kero

Date de parution : 04/06/2015