Mélodie – chronique d’une passion Auteur : Akira Mizubayashi
Éditeur : Éditions Gallimard Collection : Folio Parution : 4 septembre 2014 [2013]
Pages : 288
Prix : 7 €
✢ Prix littéraire 30 millions d’amis en 2013
✢ Prix de la société centrale canine en 2014 Note : ★★★★☆
Que vous dire lorsque l’on apprécie le Japon et qu’un auteur, admirateur inconditionné de la France, décide d’écrire directement dans la langue de Molière ? On ne peut qu’en apprécier le style en sachant qu’il n’est pas altéré par l’étape de traduction.
Ce roman est une sorte de biographie de Mélodie, le chien de l’auteur, et de l’influence qu’elle a pu avoir dans sa vie. Akira Mizubayashi ayant publié trois livres, je pense que celui-ci trouve sa place logique après son premier roman, récit autobiographique intitulé Une langue venue d’ailleurs que je vous conseille vivement (petit concentré de culture(s) souligné par un style recherché très agréable). Dans le premier il nous fait part de sa relation aux hommes et à la langue française, dans celui-ci on s’immisce dans sa relation à l’animal, beaucoup plus intime car plus complexe à exprimer.
J’aime les chiens, mais acheter un livre consacré à eux ne m’aurait jamais traversé l’esprit s’il n’avait pas été écrit par cet auteur qui a un talent particulier pour décrire son quotidien en entremêlant anecdotes sur sa vie, expériences interculturelles et références artistiques et philosophiques. Dans ce livre, son amour pour sa fidèle chienne est peint au travers d’une routine de vie dans un appartement de Tokyo. Mais c’est cette simplicité qui sublime la complicité unissant la golden retriever et son « compagnon », comme Mizubayashi se plaît à se nommer. Ce n’est pas un livre à suspens, ni à action, pourtant quand on se plonge dedans on l’apprécie véritablement. J’ajoute que la photo figurant sur la couverture du livre est tirée de la collection personnelle de l’auteur, et voir la « vraie » chienne est assez émouvant ; on visualise alors beaucoup mieux l’être dont l’écrivain fait l’éloge.
Pour ce qui est de la structure du livre, l’originalité réside dans les différents récits qui se croisent : la narration, le changement de point de vue dans les dernières pages, puis les chapitres intitulés « fragments échappés du portefeuille du compagnon d’une chienne », sous forme de journal, qui sont en fait des réflexions plus philosophiques, spirituelles ou littéraires sur la relation particulière unissant l’homme et les animaux. On y trouve entre autres des références à certains penseurs, comme Descartes et sa théorie de l’animal machine, ou des réflexions sur la fidélité, etc. Ainsi, en plus de nous raconter une belle histoire d’amitié, Akira Mizubayashi nous instruit !
Le seul (petit) bémol que je pourrais énoncer à propos de ce livre, est qu’il est écrit dans un style que je trouve moins fluide et moins maîtrisé que les deux autres. Les répétitions sont nombreuses et l’ensemble parfois lourd. Mais peut-être est-ce une façon de mieux exprimer toute la passion de l’auteur envers sa chienne… Toujours est-il que je l’ai lu avec un peu plus de difficulté que d’habitude. Cependant je dois dire que, bien que moyennement intéressée par le sujet au départ, je me suis laissée emporter par l’histoire (qui m’a, je l’avoue, fait verser quelques larmes). Ne soyez donc pas réticents si vous n’êtes pas passionnés par les animaux parce que la sagesse que dégage ce livre saura vous transporter. Le fait que ce roman ait été récompensé par deux prix ne m’étonne donc pas le moins du monde, c’est une très jolie découverte !
Je termine avec une de mes phrases préférées de l’œuvre, très poétique et résumant à la perfection la portée de ce livre : « [Mélodie] a été comme un grand maître d’un art traditionnel japonais dont l’enseignement consiste à ne rien dire de son art, mais à laisser son élève en deviner la quintessence. »
Et vous, dites-moi : avez-vous lu ce livre ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, vous tente-t-il ?
~ Val ~
Cette critique entre dans le cadre du challenge « écrivains japonais d’hier et d’aujourd’hui » d’Adalana