Agatha Christie : La Maison biscornue

Par Lebouquineur @LBouquineur

Agatha Christie, née Agatha Mary Clarissa Miller (1890 - 1976), puis, après son second mariage, Agatha Mallowan et, à partir de son anoblissement en 1971, Dame Agatha Christie, est une femme de lettres britannique, auteur de nombreux romans policiers. Son nom est associé à celui de deux héros récurrents : Hercule Poirot, détective professionnel, et Miss Marple, détective amateur. On la surnomme la « Reine du crime » car elle est l'une des plus importants et des plus novateurs des écrivains du genre. Elle a aussi écrit plusieurs romans, dont quelques histoires sentimentales, sous le pseudonyme de Mary Westmacott. Elle a publié 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre traduits dans le monde entier.

 La Maison biscornue date de 1949. Je n’avais encore jamais lu ce roman mais j’en avais entendu parler pour une bonne raison, Agatha Christie le considérait comme l’un de ses meilleurs, déclarant dans son autobiographie : « De tous mes romans policiers, mes deux préférés sont, je crois, La Maison biscornue et Témoin indésirable. » Un roman sans ses héros récurrents.

Charles Hayward, le narrateur, est un jeune diplomate qui fit la connaissance de Sophia Leonidès, au Caire durant la guerre. Amoureux, ils se promettent le mariage dès son retour à Londres à la fin du conflit. Mais les choses se compliquent car à peine revenu, c’est pour apprendre le décès du patriarche de la famille, Aristide Leonidès, âgé de 85 ans et l'autopsie révèle qu'il ne s'agit pas d'une mort naturelle, le vieil homme a été empoisonné avec l’un de ses médicaments. Charles accepte alors d’aider les enquêteurs, sous la férule de son père (« Le Vieux ») un des pontes de Scotland Yard. Infiltré dans la vaste demeure - « c’était une maison biscornue qui aurait pu pousser au cours de la nuit, comme un champignon » - en tant que fiancé officiel de Sophia, Charles mène son enquête au sein de la vaste famille : la veuve (une jeunette d’une trentaine d’années !), les enfants, leurs conjoints, les petits enfants, le précepteur et les domestiques. Bien entendu tous les membres de cette famille avaient des mobiles et des occasions pour perpétrer ce crime, personne n'a d'alibi et tout le monde savait que le collyre du vieil homme contenait une substance létale…

Pour reprendre l’appréciation de l’écrivaine sur son propre roman, je ne sais pas s’il s’agit de son meilleur (pour moi, non) mais je conçois que les avis divergent entre l’auteure et son lecteur, chacun ne plaçant pas au même endroit son plaisir. Ceci dit, c’est quand même un bon bouquin (mais la Reine du crime en a-t-elle écrit de réellement mauvais ?) au regard de son épilogue, que je ne peux évidemment pas révéler, mais qui fut certainement un sacré coup de tonnerre pour l’époque.

Les amateurs retrouveront ici encore, ce qui fait le charme des polars de la Dame. Son écriture incisive et les soupçons qui se déportent de l’un des acteurs vers un autre au fil des pages, dans des décors victoriens so  british que c’en est un bonheur.