Vous pensiez que j’avais oublié mes bonnes résolutions de vous parler plus d’indé ? Détrompez-vous ! Pretty Deadly, une parution Glénat, m’a complètement tapé dans l’oeil et le coeur, ma tâche sera donc de vous convaincre de le lire dans cet article ! Voici ma nouvelle critique de comics !
Oyez le chant de Ginny Face de Mort : “Toi qui exiges réparation, invoque son nom, entonne sa chanson, Sonne le glas qu’elle entendra depuis les enfers. Ginny chevauche le vent pour toi, mon enfant… Le vent souffle pour la Mort !” Ginny est la fille de la Mort, au visage marqué des stigmates de son père. Elle chevauche son destrier de fumée à travers un Ouest sauvage et sans concessions où magie et poudre ne font pas forcément bon ménage. Dans la cruauté d’une Amérique qui se cherche et se construit dans le sang et la violence, Ginny traque les pêcheurs, les coupables. Mais au terme de sa quête de vengeance, saura-t-elle aller jusqu’au bout pour affronter son propre destin ?
Nous voici en face d’un bien étrange objet, un comics décrit très justement par l’éditeur Français, Glénat, de croisement entre western et récit d’horreur. C’est le genre d’histoire que je qualifierais de gothique, alors qu’il est plein de couleurs vives, vous voyez ? Un vrai paradoxe, un comics tout à fait fascinant. Je dois avouer que le résumé de l’éditeur que j’ai mis ci-dessus, ne fait pas tout à fait honneur au scénario… Mais il ne pouvait pas faire mieux, étant donné la complexité de l’histoire. Le fil conducteur est difficile à saisir au début : on suit plusieurs personnages à la fois. Ginny bien sûr, mais aussi Alice, qui est en chasse, et Sissy et Fox : une petite fille et son protecteur. Les personnages apparaissent au même moment en parallèle, sans introduction formelle. Mais plus le récit avance, plus tout fait sens. Les fils d’araignée de ce monde baroque créé par la scénariste Kelly Sue DeConnick se rejoignent peu à peu…
Ginny face de mort
Vous reconnaîtrez beaucoup de choses dans l’univers de Pretty Deadly, car il est fait de plusieurs folklores, de réinterprétations de mythes connus comme la mort personnifiée, ou l’aveugle qui voit plus que ceux qui ont toujours la vue… Plusieurs mythologies sont convoquées pour en créer une nouvelle. On pense à Neil Gaiman, bien que ce soit moins poussé ici que pour Sandman ou American Gods. A cause de ça, les personnages peuvent sembler caricaturaux au début, mais ils révèlent leur complexité au fur et à mesure du récit. Vous l’aurez compris, il faut un peu s’accrocher avec les tout premiers chapitres, mais la découverte de ce monde à la fois lugubre et merveilleux suffit à accrocher le lecteur. Et franchement, la suite en vaut la peine ! Chaque chapitre ou presque est l’occasion d’un cliffhanger plus qu’efficace qui tient en haleine le lecteur pendant ce récit assez dense, c’est vraiment une belle lecture. L’histoire mérite d’ailleurs une seconde lecture pour saisir toutes les subtilités du récit, notamment certains passages mystiques.
L’ambiance est parfaitement plantée dès la première planche : un lapin et un papillon discutent, puis le lapin se fait tuer d’une balle dans la tête… Il continuera néanmoins à raconter son histoire sous forme squelettique dans les chapitres suivants.
Vous allez dire que je ne parle que du scénario, mais l’aspect visuel ne doit pas être oublié, c’est d’ailleurs ce qui m’a attirée vers cette lecture. La couverture est magnifique ! Les traits parfois extrêmement nets, parfois « brouillons » de la dessinatrice Emma Rios soulignent l’étrangeté de l’univers de Pretty Deadly. L’esthétique est assez inhabituelle pour les comics, je pense notamment à la présence de papillons exotiques tout au long de l’oeuvre qui fait finalement assez BD européenne. Le style des personnages est très travaillé et c’est une réussite ! Ils font leur impact dès la première apparition rien qu’avec leur apparence. Ginny est juste super classe ! Je parle assez rarement des couleurs (et c’est un tord !) mais là elles sautent aux yeux. C’est la beauté des couleurs faites par Jordie Bellaire, et le contraste entre le ton très gothique et l’intensité des couleurs qui participe énormément au charme étrange de Pretty Deadly.
Vous avez remarqué ? Ce sont 3 femmes qui se trouvent aux manettes de ce comics. Ça ne change rien, mais c’est assez rare pour être souligné : un comics qui aime les femmes écrit par des femmes ! On a un bel aperçu du travail de ces artistes à la fin, car l’éditeur a été généreux en bonus. On a droit à de nombreuses covers alternatives, des dessins préparatoires, et aussi un très joli mot de la scénariste.
Bref, j’ai adoré être surprise par Pretty Deadly ! Il fait partie de ces lectures au format numérique que je vais finalement racheter en papier pour qu’elle trône fièrement dans ma bibliothèque ! En résumé : amateurs de comics plus évolués que les super-slips de base : foncez ! Pretty Deadly saura devenir une lecture mémorable.
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