Donald Ray Pollock – Le Diable, tout le temps

Par Dareel @Dareel_


De l'Ohio à la Virginie-Occidentale, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 60, les destins de plusieurs personnages se mêlent et s'entrechoquent. Williard Russell, rescapé de l'enfer du Pacifique, revient au pays hanté par des visions d'horreur. Lorsque sa femme Charlotte tombe gravement malade, il est prêt à tout pour la sauver, même s'il ne doit rien épargner à son fils, Arvin. Carl et Sandy Henderson forment un couple étrange qui écume les routes et enlève de jeunes auto-stoppeurs qui connaîtront un sort funeste. Roy, un prédicateur convaincu qu'il a le pouvoir de réveiller les morts, et son acolyte Théodore, un musicien en fauteuil roulant, vont de ville en ville, fuyant la loi et leur passé.

A l'initiative de M.Free qui m'a bien tannée pour que j'avance dans ma lecture, je publie enfin ma chronique de ce drôle de roman qu'est Le Diable, tout le temps !

[Sa chronique est ici !]

Je n'ai pas eu de gros coup de coeur comme mon compagnon de lecture, mais ce livre m'a incontestablement plu. Si vous avez lu la quatrième de couverture vous comprendrez que ce roman ne traite pas d'une, mais de plusieurs histoires qui finissent par s'entremêler.

Durant ma lecture j'ai parfois eu l'impression de retrouver des touches de Steinbeck de par le cadre et l'ambiance, parfois du Kerouac pour le côté baroudeur, et parfois du... Du jamais vu pour la dimension " tiens, si tous mes personnages étaient des cons ?! ".

Alors oui, le titre de ce roman est là pour bien souligner l'aspect sombre, noir, glauque et souvent désespéré de tous ces personnages sur lesquels le sort s'acharne. Bon, le sort, c'est vite dit, autant dire que nos deux auto-stoppeurs serial killers ou encore le prêtre pédophilo-satyriasique (oui c'est l'équivalent de nympho pour un homme) sont de toute façon bien allumés dans leur tête.

Quant à Arvin, voilà un personnage qui en revanche a bien été marqué par l'histoire de sa famille et fait comme il peut pour sortir la tête de l'eau.

Ce roman m'a donc fait penser à une espèce de fresque sur l'homme et sa façon de rebondir face aux événements souvent macabres qui peuvent survenir. L'auteur a plutôt pris le parti de nous présenter des personnages découragés et désespérés qui sombrent dans tous les vices possibles pour survivre : alcool, luxure, meurtre...

J'ai aimé la façon dont les personnages ont fini par se rencontrer, mais je suis un peu déçue du fait que les relations qu'ils auraient pu nouer entre eux soient assez inexistantes. La fin du roman m'a pas mal peinée, parce que j'avais misé mes espoirs sur une personne en particulier (je pense qu'on l'a tous fait...). Alors pour reprendre les mots de Free, rédemption ou pas ?

Ce roman est pour moi un ovni littéraire, prenant et facile à lire, plutôt plaisant de par le style, et je peux enfin répondre à la question qui faisait débat : non, je ne trouve pas qu'il soit cru et inutilement vulgaire. Il est parfois criant de vérité et l'auteur ne mâche juste pas ses mots. Je comprends qu'il ai remporté un prix !

Les non-adeptes de ce genre de littérature trouveront étrange le fait qu'il n'y a pas vraiment d'histoire unique ou de fil conducteur, mais ce n'est pas du tout quelque chose qui m'a gênée.

Comme le dit bien Free, après avoir fermé ce livre, je me suis posé une question : est-ce que ces personnages deviennent réellement durs et parfois inhumains parce qu'ils se protègent et se sont créé un bouclier face à cause de leur passé, ou sont-ils tout simplement mauvais ? Il est plutôt difficile de répondre à cette question.

C'est donc un roman assez cru et violent, qui ne plaira à coup sûr pas à tout le monde, mais qui vaut le coup d'être lu !

[Informations livre : Donald Ray Pollock - Le Diable, tout le temps | Editions le Livre de Poche | Ovni / Contemporain ? | 408 pages | 7.10€]