Présentation
Téhéran, 1983. Neda naît dans la prison d'Evin. Elle est arrachée à sa mère quelques semaines plus tard. Alors qu’il a 3 ans, Omid est témoin de l'arrestation de ses parents dissidents. Comme d'autres enfants de prisonniers politiques, Neda et Omid seront élevés par leurs proches, à l'ombre des jacarandas, ces arbres violets flamboyants qui berceront leur enfance. Vingt ans après, leur génération porte toujours le poids du passé, au moment où commence une nouvelle vague de protestations et de luttes politiques...
Inspirée par sa propre histoire, Sahar Delijani raconte l'itinéraire de trois générations d'hommes, de femmes et d'enfants, épris de poésie, de justice et de liberté.
Avis
Les enfants du Jacaranda est un roman largement inspirée de la propre vie de l'auteure Sahar Delijani puisqu'elle-même est née dans la prison d'Evin à Téhéran où ses deux parents étaient enfermés pour activisme contre le régime dans les années 80.
C'est justement avec une naissance que le roman débute avant de s'élargir à d'autres enfants eux-aussi victimes collatérales d'un régime qui réprime toute forme de liberté d'expression, jette en prison les dissidents; des enfants dont certains ont vécu avec l'ombre d'un parent disparu entre les murs d'une prison ou ceux dont les deux parents arborent encore 30 ans après les stigmates de la peur, de la violence, du cauchemar de ces prisons.
Le roman s'articule autour de plusieurs enfants, dont chaque chapitre traite de leur vie, du manque puis des difficiles retrouvailles et leur tentative de reconstruction en Iran ou à l'étranger quelques années plus tard. Neda naît après que sa mère ait subit de nombreuses souffrances traînée d'un hôpital à un autre puis interrogée juste avant de donner la vie. Puis on rencontre Leila adolescente qui s'occupe des enfants de ses soeurs emprisonnées, il y a Omid dont les parent ont été arrêtés sous ses yeux, puis Sara et Forugh, il y a aussi l'histoire de Sheida, de Dante ou de Donya ... Tous ont vécu dans la protection de Khaleh Leila et de Maman Zimat, sous la protection de femme et à l'ombre du jacaranda.
Ce beau roman qui parle de révolution, de répression et de doute sur l'avenir, d'évènements qui se répètent se lit avec la peur et la crainte de ceux qui vivent au régime des mollah; vivre la vie de ses enfants qui ont tous quelque chose en commun et finir ce livre avec une révélation: la boucle est bouclée, il faut aller de l'avant. L'Iran, ce pays qui a sacrifié des milliers de ces jeunes, morts ou blessés à jamais dans leur corps et leur âmes, un pays que j'ai redécouvert à travers des mots si poignants pour décrire des évènements si tragiques. J'avais déjà était happée par un roman similaire, Azadi de Saïdeh Pakravan, et celui-ci vient confirmer mon attrait pour cette partie de l'histoire de l'Iran, une révolution avortée, tuée dans l'oeuf et qui renaît trente ans plus tard avec le même châtiment au bout du chemin sauf que cette fois on ne cache pas la sauvagerie entre quatre murs.
Un roman magnifique, il serait bien dommage de passer à côté.
Elle se demande si elle se serait assise à la même table que lui, leurs mondes parallèles et pourtant lointains se rencontrant, s'ils avaient été en Iran. Elle n'en est pas sûre. Elle n'est pas sûre non plus que l'occasion se serait présentée. Elle sait qu'en d'autres lieux, dans une autre vie, il aurait pu être son ennemi.
Il aurait été là-bas aussi loin d'elle qu'il est proche d'elle en Italie aujourd'hui, car ici, à des milliers de kilomètres l'Histoire cesse d'être aussi atrocement personnelle. Elle devient quelque chose que l'on voit au journal télévisé. Les mots sont plus faciles à prononcer, plus légers. Les gestes sont moins inhibés, les regards moins instinctivement prudents, les sentiments moins éreintants, ils sont moins mêlés de la honte, des reproche, du désir de vengeance et de rédemption d'une nation entière.
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