Un immeuble de cinq étages dans une ville, une forte odeur de gaz et un briquet qu’on allume malencontreusement… Certains réchapperont de l’explosion, d’autres non. Mais qui sont ces gens ?
Un roman qui a tout d’un recueil de nouvelles en fait. Chaque chapitre est prétexte à nous narrer une histoire, celle de chacun des locataires des dix appartements de l’immeuble. Nous croiserons donc dans l’escalier ou l’ascenseur, madame Loiret vieille femme acariâtre toujours « à regarder les autres, à jalouser leur vie, à disséquer leur âme », Vincent qui vient de perdre son demi-frère, l’homosexuelle québécoise du 1er gauche ou bien l’héritier de Mr Rouves le vieil homme qui logeait au 4ème. Pour lier le tout, chaque texte ou presque se passe le témoin discrètement par une évocation rapide, une réflexion d’un locataire à propos d’un autre…
Il s’agit d’un premier roman – globalement satisfaisant, sans plus, pour l’intrigue - mais Alice Moine montre tous les signes d’un talent riche en promesses. L’écriture est impeccable, le rythme, le choix des mots. Ses portraits de personnages de milieux socioprofessionnels divers sont plutôt réussis, j’ai particulièrement aimé le chapitre avec le synergiste, une critique de nos vies de dingues dans ce monde moderne, et celui avec Eric le journaliste, extrêmement émouvant.
Tous les chapitres débutent un peu de la même manière, c'est-à-dire mystérieusement, car les personnalités de chaque acteur ne se révèlent que lentement, certains n’ont même pas de nom, et le texte dans son ensemble baigne dans une sorte de flou artistique, joliment maîtrisé, qui donne un cachet certain à cet ouvrage.
Si je vous conseille ce roman, c’est pour que plus tard quand Alice Moine sera très connue, vous puissiez dire dans les dîners en ville, « Moi, je la lis depuis son premier bouquin ! ».