Furie

Furie de Joris Chamblain, paru chez Auzou (collection Virage) en 2014

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Lou Sullivan est une jeune fille de treize ans, collégienne timide, assez sérieuse et pas des plus populaires. La vie dans son établissement scolaire, à Orono aux Etats-Unis, est parfois compliquée, avec sa mère qui en est l’infirmière et qui tente donc d’éloigner tous les jeunes de la drogue et de l’alcool. Cela rend Lou un peu ringarde par rapport aux autres élèves. Elle n’est tout de même pas recluse, n’est pas un bouc-émissaire et a une amie précieuse, Sophia. Elle avait une autre amie étant plus jeune, Jennifer, mais qui est désormais pom-pom girl et rejette totalement Lou, pour paraître « cool ».

Un jour, alors que Lou distribue des tracs à l’entrée du campus pour une conférence sur les méfaits de la drogue (que sa mère va tenir le samedi suivant), Jennifer s’en prend à elle sans aucune raison et finit par jeter à terre le paquet de tracs de Lou. L’un des sportifs se trouvant avec le groupe de Jennifer, Chris, n’accepte pas ce qu’a fait la pom-pom girl et aide Lou à ramasser les papiers. Ils parlent quelques minutes puis se quittent. Cette nuit là, Lou entend des cailloux rebondir sur la fenêtre de sa chambre. Le beau Chris est là. Lou fait le mur et se rend avec lui sur le stade du campus. Chris lui offre une canette de soda qui lui a été offerte par son sponsor et qui lui était normalement réservée car « spéciale » selon l’entraîneur. Lou la boit et quelque chose en elle se « réveille ». Elle entend une voix qui lui dit de laisser aller ses instincts et elle ne contrôle plus son corps. Elle a mal et s’agrippe à Chris.

Avancée de l’histoire au lendemain matin où on retrouve Sophia en train de prendre soin de Lou qui est mal-en-point. Lou ne se souvient pas très bien de ce qui s’est passé. Les deux jeunes filles vont en cours normalement. Mais quelque chose a changé en Lou. Elle devient plus agressive, ne se laisse pas faire, répond à certains profs et surtout rend la monnaie de sa pièce à Jennifer. Un peu trop même puisque Jennifer finit à l’hôpital. De plus, au collège c’est la panique. Sur le terrain du stade, des traces de bête sauvage ont été retrouvées et l’on se demande où est passé l’animal. Ce qui est étrange c’est que c’est le sponsor de l’équipe sportive dont fait partie Chris qui mène l’enquête alors que c’est juste un entrepreneur qui possède une usine. Chris a d’ailleurs été blessé : sa cheville a été broyée. Mais il n’ose pas dire par qui : Lou.

Au fil de l’histoire on comprend que le sponsor est un homme véreux qui tente de commercialiser des boissons qui transforment les gens en véritable bête. Mais c’est une boisson addictive et l’on ressent vite les effets de manque. Il faut donc s’en gaver en permanence. Lou, Sophia, Chris, Jennifer (qui fera la paix avec Lou) et les parents Sullivan, vont tenter de démanteler le réseau. Lou va également apprendre à se maîtriser et à contrôler les effets de manque.

On en reste là pour le résumé, pour ne pas vous révéler la fin, mais aussi parce que je n’ai pas le courage de faire plus sur un livre que j’ai si peu aimé. J’ai longtemps hésité avant de faire un article sur cet ouvrage, car Joris Chamblain est un auteur que j’apprécie beaucoup pour ses autres œuvres, mais après tout, on ne peut pas tout aimer, tous les goûts sont dans la nature et je ne peux pas faire que des articles sur ce que j’aime.

J’ai adoré Les carnets de Cerise (par ici), beaucoup aimé Enola (par là), trouvé Sorcières sorcières adorable (article à venir), mais je suis vraiment déçue par Furie. Joris Chamblain reste décidément meilleur dans les scénarios de bandes dessinées. Entendons-nous, le tout est bien écrit, fluide, l’écriture est belle, c’est bien rédigé. Mais c’est principalement l’enchaînement des évènements qui m’a déconcertée.

En effet, j’ai trouvé le tout beaucoup trop rapide. Lou qui s’enfuit avec Chris alors qu’ils ne se sont parlés que deux minutes et que ce n’est pas vraiment un coup de foudre ? Un peu rapide et incohérent. Il lui fait boire une canette de soda qu’elle refuse d’habitude de boire tellement elle est formatée par les idées de sa mère ? Un peu trop fort. Vers la fin c’est pareil, le tout est résolu un peu trop rapidement, sans vraiment d’action. L’enquête est résolue en deux-trois chapitres. Personnellement je m’attendais à ce que la jeune fille doive apprendre à vivre avec la bête au fond d’elle et que l’on verrait beaucoup plus ce conflit intérieur or ce n’est pas le cas. J’étais emballée au début par l’idée que l’on allait retrouver un peu le côté des romans Animorphs, mais en plus construit. Finalement, on en est très loin.

Cela va trop vite aussi au niveau de l’acceptation de la situation. Quand Lou avoue ce qui lui arrive à Sophia, celle-ci demande un temps de réflexion en allant prendre une douche ( ???), puis quand elle revient elle dit juste « ok je te crois », sans demander de preuve. J’ai trouvé cela absurde. Un peu comme si l’auteur n’avait pas su comment faire la scène et qu’il l’avait bâclée. Quoi que pour l’annonce à sa meilleure amie cela peut passer. A cet âge on peut encore croire facilement à ce genre de choses. Mais quand Lou a également annoncé le fait à son père, il l’a cru encore plus facilement que Sophia. C’est ahurissant ! Ce n’est absolument pas réaliste.

J’ai également trouvé dommage que le décor soit placé aux Etats-Unis. Je comprends l’enjeu pour le scénario car il fallait une pom-pom girl et un sportif (et tout le contexte que cela implique). Mais c’est dommage de placer son décor aux USA quand l’auteur est français. Malheureusement, le tout fait un peu trop cliché : la petite fille un peu intello qui s’en sort et se démarque grâce à une sorte de pouvoir (même si ici on ne peut pas le définir comme tel) ; la pompom-girl arrogante ; le beau sportif qui a quand même un cœur et tombe amoureux de l’intello…

Ce qui est drôle c’est que je me suis dit que ce même scénario mis en bande dessiné serait passé beaucoup plus facilement. En bande dessinée, certains événements peuvent se dérouler très rapidement sans que cela choc autant que dans un roman. Les clichés sont également mieux acceptés. Peut-être que son travail pour la bande dessinée a trop collé à la peau de Joris Chamblain pour rédiger ce roman.

Une vraie déception pour moi, mais je n’en reste pas moins une grande fan de Joris Chamblain pour ses autres œuvres en bande dessinée !

Le récap’ :

Points positifs :

  • Une écriture fluide qui permet une lecture aisée.
  • Un livre court qui peut être lu par des jeunes ou par des lecteurs qui n’aiment pas les gros romans.

Points négatifs :

  • On reste sur du basique qui ne se développe pas assez et qui ne permet pas au lecteur d’être tenu en haleine.
  • Un sujet classique sans touche de renouveau.
  • Quand l’action devient intéressante, cela tombe à plat car cela va trop vite dans la succession des événements.

Bonne lecture les loulous !