Southern Bastards est une série sur le sud des États-Unis. Jason Aaron et Jason Latour montrent un cadre de vie assez glauque de recoins délaissés du pays de l'Oncle Sam mais toujours avec respect. Et puis, il y d'autres aspects plus glauques qui méritent un traitement plus sévère.
L'épisode terminé, on trouve une lettre de Jason Latour expliquant la couverture alternative du numéro précédent montrant un chien déchiqueter le drapeau sudiste, celui que certains ont ressorti suite aux événements de Charlottesville. Souvent applaudie, la couverture a eu le droit à quelques critiques. Latour résume très bien son propos en écrivant : "Mort au drapeau. Long vie au sud".
Cela le fait réfléchir sur ce qu'est vraiment Southern Bastards. Une simple histoire ? Non, il y a aussi un engagement politique. Ce onzième épisode centré sur le dégénéré Esaw - celui qui se prend une panière à friture dans le premier épisode - est une preuve que Aaron et Latour veulent montrer également les problèmes rencontrés dans le sud. Bon, ce genre de personnage très crus pourrait être vu ailleurs mais Latour le fait graphiquement transpirer la saleté du sud.
Aaron, lui, écrit quelques chose de peu subtil, complètement bas du front et c'est la raison qui rend l'épisode excellent. Le regard de l'histoire n'est pas extérieur, nous avons la vie d'Esaw retranscrite par un curé. Lorsque le redneck baise [il n'y a pas d'autres termes] une junkie, tout devient dégueulasse. Il y a autant une critique du côté du redneck que du religieux venu essayer d'aider Esaw par charité.
Ce que j'apprécie surtout dans la démarche c'est que Aaron ne trouve aucune excuses à Esaw, pas d'enfance maltraitée, pas de chichis du genre "oh on ne m'accepte pas dans l'équipe de football je vais devenir méchant alors". Non ! Esaw est débile, demeuré et complètement dénué de compassion. Point barre. Vous n'aimiez pas le personnage ? Cet épisode le confirmera.
Southern Bastards #10
Image Comics * "Homecoming Part 2" par Jason Aaron & Jason Latour * $3.50
Un épisode à ne pas mettre entre toutes les mains puisqu'il est très cru (avec un peu de pornographie) mais fort bien foutu.