La mini-série de Grant Morrison et Frazer Irving pour Legendary Comics touche à sa fin. Annihilator n'est pas qu'une simple histoire de science-fiction, il y a de nombreux sous-textes de la part de l'auteur.
Voici donc que s'achève le road trip du scénariste de cinéma Ray Spass et de sa création Max Nomax, le créateur de notre univers. Chacun a sa propre quête qui a pour point commun l'histoire de Nomax.
Annihilator est aussi passionnant que compliqué. Avec l'écart de parution entre le cinquième chapitre et celui-ci, j'ai mis un léger temps à retrouver mes marques. Faut dire que Nomax nous fait tourner en bourrique et que Morrison s'amuse à brouiller les pistes jusqu'à atteindre le grand n'importe quoi avec une scène sur l'amour plus fort que les pouvoirs intergalactiques d'une sorte de Dieu vivant. Ce grand n'importe quoi, j'adhère complètement. Il y a un côté bon enfant non-négligeable.
Mais cet épisode est surtout le retour de la raison. Toute l'histoire a été perçue par Ray Spass alors atteint d'une tumeur au cerveau. Sa perception est faussée, pas tant par l'aventure avec sa création mais plutôt par sa vie privée. Son ex, qui jusque-là avait un comportement étrange vis à vis de leur relation (pour rappel : il la frappait), reprend de la raison. Tout comme la fiancée de Nomax qui ne veut pas qu'on présente un bouquet de fleurs offert et serrer un ours en peluche ( une dédicace à Meredith Finch ?) comme ce qui la rendraient heureuse.
Enfin, Morrison parle de la création et de comment elle est perçue par son auteur. Via la bouche de Spass, il attaque les critiques qui décident par leur jugement de la vie et la mort d'une oeuvre. Le point de vue de l'auteur semble direct et manque certainement de discernement mais Spass n'est pas aussi subtile que l'est Morrison. En effet, ce n'est pas tant le scénariste qui s'exprime, lui dont les créations sont souvent appréciées par la presse, mais il laisse s'exprimer sa création. Le discours méta est le fondement même d' Annihilator. Certains n'apprécieront pas ces discours cachés dans des discours mais je trouve ça joliment fait.
Je pense que l'intention première de Morrison reste de laisser s'exprimer son ami Irving en lui donnant des scènes au découpage atypique, d'autres oniriques, d'autres métaphysiques. Et, il le fait très bien. Tout est étrange, parfois volontairement incompréhensible pour encore plus brouiller de pistes mais ça reste somptueux. De nombreux dessinateurs devraient s'inspirer de Irving qui arrive à être très créatif tout en nous racontant une histoire visuellement parlante.
Annihilator #6
Legendary Comics * Par Grant Morrison & Frazer Irving * $3.99
On termine Annihilator comme on l'a commencé. Le voyage proposé par Morrison et Irving était passionnant même si par certains aspects rebutant. La lecture en album s'impose afin de profiter de l'ensemble. Lecteurs V.F. croisez les doigts afin d'avoir le droit de profiter de la mini-série un jour dans la langue de Molière.