Silver Surfer: Requiem

Le Silver Surfer se meurt, et c'est tout l'univers Marvel qui va être touché. Joe Michael Straczynski, aidé par Esad Ribic, se demande ce que seraient les derniers jours du personnage, dans une série hors continuité, absolument fabuleuse.

J'ai eu peur de révéler un détail de l'intrigue dans mon introduction, mais on sait dès le titre " Requiem" ce qui arrivera. Publiée dans la collection " Max" (qui n'impose pas de continuité ou de cadre aux auteurs), Straczynski profite de la liberté offerte pour écrire l'histoire "définitive" du personnage, et jeter un dernier regard sur l'univers Marvel.

Norrin Rad, le Surfer, est donc mourant. Ses pouvoirs l'ont empoisonné, comme Captain Marvel avant lui. Il a peu de temps, le sait, et en profite donc pour faire un dernier tour de l'univers Marvel : la Terre d'abord, sa seconde patrie, puis l'espace, et enfin Zenn-La, la planète où il est né. Il va rencontrer certains personnages connus, vivre de dernières aventures, puis...

Silver Surfer: Requiem

Straczynski écrit donc la fin du personnage, dans une dernière aventure incroyable. Le rythme de la série est extrêmement lent, posé et réfléchi, et permet de bien se rendre compte du rôle du personnage dans l'univers. Tout est juste et touchant, rempli d'émotions, et correspond parfaitement au personnage.

Il y a toujours cette incompréhension face aux humains, parfaitement mise en images grâce aux héros présents comme les Quatre Fantastiques mais aussi Spider-Man, pour un épisode absolument magnifique. L'idée d'amener un personnage calme et posé comme le Surfer, face à un héro plus blagueur comme Peter est logique, et donne un résultat grandiose: voulant faire un dernier geste pour la Terre, le Surfer sera guidé par Spidey, prouvant bien que le Tisseur est finalement plus mature qu'il ne le montre. Straczynski en profitera pour écrire une mini-aventure à Mary-Jane, qui n'aura jamais été aussi sublime. Profitant de son dernier passage sur Terre pour faire passer un ultime message, Norrin fera une ultime tentative pour changer l'Homme. Ça pourrait être prétentieux et lourd à lire, mais on évite très justement tous les poussifs et autres lourdeurs, avec une pirouette toute simple. Autre prouesse, l'écrivain et son peintre arriveront à rendre l'espace fascinant, aussi bien pour ses habitants aliens que pour des planches représentants le vide, belles à en pleurer. Pour un fan de l'espace et de son immensité, c'est un rêve.

Silver Surfer: Requiem

L'auteur est donc aidé par Esad Ribic, qui fait seul les peintures de ce numéro. Ses pages sont plus riches, plus détaillées que pour les séries qu'il dessine, et c'est absolument somptueux. Le découpage est complètement cinématographique, et l'artiste dessine des personnages puissants et humains à la fois. Les scènes d'action sont bluffantes, pleines d'idées de mise en scène, mais ça reste quand même impressionnant sur les passages de dialogues, globalement plus nombreux. C'est toujours dans le style très froid de Ribic, donc il faut bien se dire que c'est voulu, mais c'est incroyable. Rien n'est brouillon, rien n'est laissé au hasard dans son art, et c'est bien sur ce genre de série qu'il faut le laisser : avec moins de pression sur les délais et une liberté totale, chaque page est une claque.

Silver Surfer: Requiem

Il y a finalement peu de choses à dire sur cette série, et je me trouve bête face à elle. C'est une histoire indispensable, que j'ai eu envie de lire pendant des années, et qui ne m'a pas déçu. Bien au contraire, j'ai été ému comme rarement face à un comic, et j'ai pris plaisir à le relire peu de temps après. C'est court, lisible par quasiment n'importe quel lecteur, et bien différent de la série actuelle de Dan Slott, qui se veut plus fun et colorée. Là, c'est l'histoire d'une mort annoncée, pleine de mélancolie, de tristesse, et d'amour pour l'univers du Silver Surfer. Allez l'acheter, offrez le, vous ne lirez pas mieux dans le genre.

L'édition française de Panini, en cartonné, est encore disponible, donc précipitez vous dessus. Elle est bien traduite, le cartonné donne une prestance certaine au titre, et c'est assez peu cher. Il faut absolument lire cette histoire.