Après les événements de la saga Endgame, le paysage de Gotham a bien changé, et ses habitants aussi. Un nouvel ennemi arrive, donnant l'occasion à Scott Snyder et Greg Capullo d'emmener la série Batman vers une nouvelle direction, plus horrifique... Lecteurs VF, attention aux spoilers !
S'il faut bien reconnaître une chose à Scott Snyder, c'est qu'il n'hésite pas à changer la donne pour sa série. Comme certains autres auteurs avant lui (Morrison par exemple), il a changé le porteur du costume de Batman. Ainsi, exit Bruce Wayne, c'est le commissaire Gordon qui reprend le rôle. Sauf que Bruce Wayne n'est pas vraiment mort à la fin d' Endgame, et que Snyder nous devait une explication... En parallèle, l'enquête sur Mr. Bloom progresse, et prend un nouveau tournant...
Le numéro s'ouvre donc sur l'explication attendue sur le destin de Bruce après Endgame, alors qu'on l'avait laissé pour mort avec le Joker à ses côtés. Snyder n'attend pas, et c'est parfaitement fait. C'est Alfred qui narre ça dans un dialogue avec un certain Clark Kent, pour un passage touchant, et qui définit le rôle paternel de celui qui est plus qu'un majordome. L'explication était toute trouvée depuis le départ, Snyder ne va pas chercher loin, mais amène un twist intéressant : Bruce n'est plus Batman, ne veut et ne peut plus l'être, et se libère ainsi du rôle étouffant.
C'est donc une situation nouvelle qu'on a là, intéressante parce qu'elle n'efface pas du tout Bruce, lui donne un nouveau rôle, mais crée un nouveau protecteur pour la ville. On sait bien que Bruce reviendra sous le costume : le numéro 50 sort à peu près en même temps que le film Batman v. Superman, et Snyder nous explique parfaitement comme il va le ramener, mais en attendant, on se laisse porter et c'est génial. Son Alfred est parfait, la discussion entre Gordon et Bruce est surprenante, et si la première moitié du numéro est uniquement composée de dialogues, on se régale.
Mais Batman oblige, l'enquête sur le mystérieux Mr. Bloom avance, et vite. Le Batman "Gordon" fait face à un nouvel ennemi, et s'en sort à peu près bien : la grosse scène d'action du numéro est géniale, violente et gore, mais terriblement fun (soyons sérieux, un Batman qui tire un batarang dans l'entrejambe ne peut qu'être parfait). Il découvre encore ce qu'implique d'être le protecteur de Gotham, et cet aspect est prometteur pour la série. Bloom est quant à lui plus présent dans ce numéro, et Snyder se fait plaisir en emmenant sa série vers un registre plus horrifique, qui marche parfaitement. Le monstre rappelle énormément Slenderman, créature venue du jeu vidéo éponyme, et s'impose comme une menace crédible en attaquant la concurrence.
Capullo s'occupe donc d'un nouveau monstre, et lui donne immédiatement un charisme fou. Sa manière de bouger est malsaine, inhumaine et menaçante, et ça fait plaisir de voir l'artiste dessiner des créatures de ce genre. Il est aussi bon sur les scènes d'action, notamment dans les doubles pages sublimes de combat, où son découpage qui fait exploser la violence, et semble vraiment apprécier ce nouveau Batman, et la violence amenée dans la série. Il arrive même à rendre fluide le script extrêmement bavard de Snyder, et les deux forment une équipe idéale. L'encrage et la colorisation sont eux aussi parfaits, faisant du titre un des plus beaux qui sort chaque mois, que ce soit chez DC ou ailleurs.
Batman #43
DC Comics * Par Scott Snyder & Greg Capullo * $3.99
J'aime vraiment beaucoup ce que fait Snyder, parce que pour une fois, il ne semble pas écrire une histoire "urgente". Il prend son temps pour nous faire découvrir une nouvelle vision de la série et du personnage, et aidé par un Capullo époustouflant, il écrit une saga qui pourrait bien devenir culte.