Marguerite Duras, cinéma et théâtre

" C'est peut-être une ambition le cinéma, un arrivisme, oui qui sait ! Je viens peut-être de traverser une période de vanité. J'avais envie d'entendre mes textes dits par moi et je les ai dits. J'ai dit déjà ; j'écrivais trop. Mais est-ce vrai ? J'ai trompé la littérature c'est sûr, c'est un adultère le cinéma. J'en ai fait. " déclare en 1980 M.Duras.

D'autre part dans la Revue l'Arc, elle affirme qu'elle est devenue cinéaste par
" dégoût " des films que l'on avait faits à partir de ses romans. Boutade certes, mais volonté de se distinguer du cinéma ordinaire, représentatif, narratif et commercial pour faire un autre cinéma.

Ses films frappent par leur aspect statique : dans India Song (bandeau de cet article) par exemple ; déjà en 1975 ce film ralentissait les rares mouvements montrés (la danse devant les miroirs, la descente du grand escalier) et restait arrêté sur des scènes figées. Le cinéma chez elle devient une écriture.

Un autre phénomène de rupture, c'est le divorce entre l'image et le son inauguré par des voix off dans la Femme du Gange (film et texte parus avant India Song).
Les textes dits par les voix off évoquent des histoires où sont montrés le désir, la séparation, la mort mais l'histoire n'est jamais vue. Ainsi pour beaucoup, le cinéma de M.Duras est frustrant, la signification n'est jamais donnée, elle reste à construire; ce qu'elle avait déjà présenté dans son théâtre.

En 1977 dans les Cahiers Renaud- Barrault, elle dit : " Je n'aperçois plus rien de différent entre le théâtre et le cinéma, le cinéma et l'écrit. J'ai souvent répondu qu'il y en avait une. Je l'ai cru à un moment donné. Je ne le crois plus. "

Colette Aubourg