Vers l'Ouest - Xavier Jaillard ****

Par Philisine Cave
Comme septembre 2015 ne s'annonce pas folichon littérairement (comme les précédents d'ailleurs et ce, depuis quatre ans... mais ce n'est que mon avis, particulièrement... subjectif sur la question), il s'avère indispensable, pour tout lecteur qui a envie de s'évader, de s'arrêter sur les perles oubliées des médias qui essaiment sur le chemin des deux rentrées littéraires (celle de janvier et la précitée). Parce qu'il faut bien le reconnaître, écrire et publier un bon roman exigent un sacré courage face à une concurrence acharnée, qui use du matraquage comme multiplicateur de ventes, à défaut de qualité.  Vers l'Ouest de Xavier Jaillard, publié en avril 2015 mérite lui aussi une couverture médiatique.

image captée sur le site Libfly

Vers l'Ouest narre la quête de deux hommes, à deux époques différentes (seconde guerre mondiale/aujourd'hui) : Jaroslaw, juif polonais, subit l'univers concentrationnaire et David, comédien parisien en réussite fluctuante, s'exile en Écosse afin de récupérer ce qu'un oncle facétieux et chercheur d'or (un secret de famille/une affaire d’État) lui a laissé. Tout est absolument réussi dans Vers l'Ouest et pourtant, Xavier Jaillard n'a pas joué la facilité : deux intrigues impeccables (celle de David, plus légère, donne de l'oxygène face au vécu oppressant du téméraire Jaroslaw), une écriture riche, intelligente et parfaitement scandée (le fait que l'auteur soit auteur de pièces de théâtre montre un talent certain dans les dialogues, une maîtrise de la musicalité des mots). Il n'y a rien de pompeux chez Xavier Jaillard : il informe, distrait, ne montre pas sa science, ne s'essaie pas à l'exercice de style, sait rester à sa place, n'en fait pas trop, développe et respecte ses personnages et son lectorat. J'aimerais lui dire « Continuez ! ». Parce que Vers l'Ouest est une réussite. On s'amuse de David qui, en Écosse, va tout trouver : une muse, un antre, lui-même. On craint pour Jaroslaw qui pourtant va réussir l'impossible mais Dame Providence veille. On apprend sur les faits de résistance (les petits, ces actes d'anonymes qui mis bout à bout ont sauvé des vies), sur les bavures cachées, enfouies comme sujets de honte. Il y a une vraie vitalité dans ce roman, un souffle qui fait plaisir à lire, qui donne envie de lire :  les deux personnages masculins sont beaux de naïveté, sensibles ; les décors décrits de la Pologne et de l’Écosse incitent de vivo à suivre la trace de deux héros ; les femmes montrent un certain panache et une détermination revigorante.  Voilà, en ces temps de future grisaille parisienne, j'aimerais bien avoir plusieurs Vers l'Ouest sous le coude, histoire de prolonger mon bel été !   
SP reçu des Éditions Scrineo, lu il y a trois mois : reste une empreinte forte de ce premier roman impressionnant. Et un merci particulier à Laure Paradis pour sa patience exemplaire (aucune pression, aucune relance et pourtant, on ne peut pas dire que je fus d'une dextérité folle)
avis de Sharon