Kouri - Dorothée Werner

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation

Février 1950. Un train file vers l’Allemagne. Kouri, nom de résistante de Germaine Tillon, n’aime pas les voyages et celui-ci qui l’emmène vers le pays maudit moins que les autres. Là-bas, un curieux procès l’attend. Rescapée de Ravensbrück, où elle a été déportée pour des faits d’insoumission en 1943, elle part pour témoigner au procès de deux anciennes gardiennes du camp. À l’époque, ces femmes cruelles avaient tout pouvoir sur les détenues. Cette fois, Kouri tient leur vie entre ses mains. Elles risquent la peine de mort et son témoignage fera basculer le procès d’un côté ou d’un autre.
Kouri suffoque dans son étroit compartiment bondé. Tout au long du trajet, des événements curieux la confrontent à son passé, fait de chagrins inconsolables, de folles aventures et de souvenirs éblouissants de sa vie d’ethnologue en Afrique. Kouri doute et vacille.
Elle porte sous sa peau la mémoire de l’enfer, une connaissance de la part d’ombre des hommes et le manque d’une mère partie en fumée dans le ciel de la Baltique. « Justice, camarades ! », Kouri entend encore le cri des prisonniers emmenés vers la mort. C’est au nom de cet idéal qu’elle a survécu, mais la vérité est brûlante et voilà qu’elle doute. La justice ou la vengeance, la loyauté ou la trahison ? Avant que le train n’arrive à sa destination, elle aura choisi.

Avis

Germaine Tillion alias Kouri était une résistante, ethnologue de renom et voix de survivante, entrée en mai dernier au Panthéon. Dans ce roman, qui se déroule en 1950, Kouri doit se rendre à l'Est pour témoigner au procès de deux anciennes gardiennes du camp de Ravensbrück où elle était détenue.
Le voyage en train vers cette Ville-aux-Rats réveille des souvenirs, des évènements douloureux, les horreurs vécues au camp, les moments de son enfance et sa vie en Afrique, ses amis et ennemis puis sa chère mère continuellement présente à son esprit; mais se réveille aussi des sentiments contradictoires, choisir entre la vengeance ou la paix, mentir et condamner ou dire la vérité et laisser vaincre l'humanité.
C'est un voyage intérieur où celle qui a survécu vit avec le souvenirs des disparues, au milieu de ce wagon entourée de gens ordinaire mais qui ont chacun une histoire particulière comme ce jeune homme qui tentât de se suicider n'étant plus capable de supporter une vie trop imprégnée par la douleur de la guerre, ce passage du livre est très émouvant Kouri absorbe la souffrance de cet homme pour lui donner les clés de la survie, car accepter sa souffrance et vivre c'est devenir libre.

Le roman insère des réflexions tirées de la biographie de Germine Tillion qui apporte au personnage du roman (bien que non fictif) une dimension plus réelle, il n'y pas vraiment d'action car l'essentiel du roman se déroule dans un compartiment de train, on quitte seulement le wagon pour la terreur des camps; mais on y trouve beaucoup de réflexion, de gravité, il est question de justice face à la sauvagerie de l'homme.
Une lecture éprouvante pour cette période estivale car dans ce récit la légèreté n'est pas de mise, mais éprouvante aussi par sa construction qui alterne un peu trop passé/présent dans le même chapitre. Cela reste toutefois un roman que j'ai apprécié de par le thème de la seconde guerre mondiale que j'aime beaucoup.

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